230 bateaux sont bloqués à quai depuis plus d’un an dans le port de Beaucaire, dans le Gard. En cause : la lente rénovation d'une écluse. Les plaisanciers prisonniers dans le port sont démunis.
En plein mois d’août, ce sont des quais silencieux que l’on découvre à Beaucaire. Habituellement, ce port de plaisance est un des joyaux de la ville. Mais depuis de nombreux mois, les allées et venues des bateaux ne sont plus qu’un lointain souvenir. Plus aucune vague, plus aucun courant ne vient troubler les eaux stagnantes du port de Beaucaire.
Au bout d’un an et demi, on a réalisé qu’on luttait contre des moulins à vent ; petit à petit on a abandonné.
Résultat les algues prolifèrent, et s’attaquent aux coques des bateaux. Dans cet univers marécageux, le président de la capitainerie, Didier Martorell, passe avec sa barge pour arracher les algues et tenter d’entretenir le site.
230 bateaux abandonnés
Parmi les 230 bateaux prisonniers dans le port, la plupart ont été abandonnés par leurs propriétaires. Seule une dizaine de plaisanciers belges sont encore à bord. On les appelle les «prisonniers » de Beaucaire.
Car ces plaisanciers ne sont pas là en vacances, mais habitent sur leurs bateaux à l’année. Privés de leur liberté et laissés sans solutions, ils ont peu à peu perdu espoir. « Au bout d’un an et demi, on a réalisé qu’on luttait contre des moulins à vent ; petit à petit on a abandonné » reconnait Jean-Pierre Tobback avec amertume.
La très lente restauration d’une écluse
Impossible pour eux de s’échapper du port Beaucaire. Situé sur une branche secondaire du canal du Rhône à Sète, il se termine en un cul de sac. Et pour comprendre pourquoi ce joli port s’est transformé en prison, il faut chercher un peu plus loin, à 7 km en amont. À mi-chemin entre Beaucaire et Bellegrade se trouve une écluse vieille d’une centaine d’années, l’écluse de Nourriguier, qui permet de maintenir les 4 mètres au-dessus du niveau de la mer nécessaire pour permettre la navigation jusqu’au port et garantir les prélèvements d’eau pour l’agriculture.
Défectueuse, des travaux avaient été engagés en 2012 pour la restaurer. Mais une fois de plus, le covid 19 est passé par là, stoppant subitement les travaux. En avarie depuis l’été 2019, le chantier a repris doucement cet automne, pour assurer une mise à sec, avant d’intervenir sur les portes.
Des indemnisations en attente
Un chantier d’envergure selon le maître d’œuvre qui plaide la complexité du chantier : « On comprend tout à fait l’impatience des plaisanciers qui sont bloqués dans le port de Beaucaire, et on fait tout ce qui est possible pour accélérer le chantier et pour rouvrir le plus tôt possible. Nous sommes en lien avec notre assureur pour permettre à tous les plaisanciers qui ont déposé une demande d’indemnisation d’être entendus » affirme-t-il.
Pour le moment, une vingtaine de demandes d’indemnisations ont été déposées mais sont encore à l’étude. Seule la vignette 2020, qui fait office de péage fluvial a été remboursée par les Voies navigables de France (VNF). Les plaisanciers devraient pourtant être privés du réseau navigable au moins jusqu’au printemps 2022.