Les pêcheurs de Méditerranée estiment avoir fait "assez d'efforts" pour préserver les espèces ces dernières années. Au Grau-du Roi dans le Gard, les chalutiers ont bloqué l'accès au port pendant une heure ce samedi 11 décembre, à la veille d'un Conseil de l'Europe sur la gestion des ressources.
Pendant plus d’une heure ce samedi 11 décembre, les chalutiers du Grau-du-Roi ont bloqué tous les accès du port de la commune gardoise. Une action menée simultanément avec les pêcheurs de Sète dans l'Hérault et de Port-la-Nouvelle dans l'Aude, pour faire entendre leur mécontentement à la veille du Conseil des ministres de l'Union Européenne sur la gestion des ressources en Méditerranée. Les professionnels craignent une nouvelle diminution de leur quota et de leurs jours de pêche.
Depuis 2019, l'Union Européenne souhaite protéger des espèces marines considérées comme surexploitées en Méditerranée, tout particulièrement le rouget et le merlu. Mais les chalutiers estiment, eux, avoir fait assez de compromis ces dernières années : les quotas de pêche ont déjà été réduits de 10% en 2020, puis de 7,5% en 2021, abaissant le nombre de jours en mer autorisés par navire et par an à 201, puis à 183 jours.
Le plan de gestion West Med envisagé par l'Union Européenne, devrait être voté dimanche 12 décembre lors du Conseil des Ministres à Bruxelles. Il prévoit une nouvelle réduction de 7,5% des quotas de pêche en 2022, ce qui signifie que les chalutiers ne pourront sortir en mer que 167 jours par an, en-deça du seuil de rentabilité des bateaux selon les pêcheurs.
Tous les ans, on nous retire des jours de pêche: 183 cette année, 163 l'année prochaine puis 140 l'année suivante. Ce n'est plus possible. Le seuil de rentabilité d'un chalutier, c'est 183 jours.
Les professionnels de la pêche demandent aujourd'hui un statu quo. Car, comme l'explique Bertrand Wendling, directeur général de la coopérative SaThoAn (sardine, thon, anchois) à Sète, une nouvelle réduction des jours de pêche mettrait en péril la viabilité de l'ensemble de la filière.
Nous avons déjà réduit de 55% les captures juvéniles de ces espèces, il faut maintenant refaire des études, mais ne pas abattre comme ça toute une filière par principe.
Le plan West Med est entré en vigueur en 2019. L'objectif pour l'Union Européenne est d'atteindre le "rendement maximum durable" (RMD), avec quotas de pêche, et extension des zones interdites à la pêche. Dans le golfe du Lion, 6000 km² sont déjà fermés six à huit mois de l'année, pour permettre le renouvellement des stocks.
Vers un blocus longue durée?
S’ils ne s’estiment pas entendus, les pêcheurs ont d'ores et déjà annoncé la poursuite de leurs actions tout au long du mois de décembre. Ce qui pourrait perturber les distributeurs pour les fêtes de fin d’année. "On ne lâchera rien", répète Arnaud Dufourcq pêcheur au Grau-du-Roi, "Et s'il le faut, en début d'année, le blocage sera pire." Les chalutiers comptent mener un blocus illimité à partir du mois de janvier.
A Port-la-Nouvelle, au Grau-du-Roi, à Agde et à Sète, les pêcheurs promettent un blocage total. "L’ensemble des 57 chalutiers sera mobilisé, et d'autres collègues pourraient nous soutenir", avance Bernard Pérez, président du Comité Régional des Pêches d'Occitanie, joint hier par téléphone.
La présidente de la Région Occitanie a apporté son soutien ce samedi midi aux pêcheurs "L'heure est grave", estime Carole Delga, dans un communiqué adressé à la presse, "au-delà de tous les projets que nous pourrons mettre en œuvre pour accompagner la filière, c'est vraiment de leur survie dont il est question. (...) Il en va de la pérennité de plus de 2 000 emplois, dont 1 300 emplois directs sur notre littoral. Il s’agit également de sauvegarder la chaine de production pour l'alimentation des habitants d'Occitanie."
L’an dernier, le blocus maritime a permis de revenir à la hausse sur le quota initialement imposé. Les pêcheurs espagnols et italiens également concernés par le plan européen prévoient eux-aussi de passer à l’action dans les jours à venir.Les négociations s'annoncent serrées : le plan West Med prévoit des restrictions jusqu'en 2025.