Après le barreau de Nîmes frappé d'interdit et les 400 avocats gardois réduits au silence la semaine dernière suite à des incidents très graves aux assises, une juge a pris la parole pour rappeler que les magistrats étaient les garants du respect des droits fondamentaux.
Après le barreau frappé d'interdit et des avocats réduits au silence la semaine dernière dans le Gard, c'est un autre événement, tout aussi rare, qui s'est déroulé dans l'enceinte du tribunal de Nîmes. A l'ouverture de l'audience correctionnelle qu'elle présidait, ce lundi 27 mars, la juge Marie-Lucie Godard est sortie de la réserve imposée à ces magistrats pour réagir aux incidents de la semaine dernière.
Les avocats interdits de plaider
Le bâtonnier de l'ordre avait frappé d'interdit la barre : aucun avocat n'a plus eu le droit de plaider la semaine dernière. Une mesure exceptionnelle prise par le bâtonnier suite à de très graves incidents survenus lors d'un procès d'assises.
Un avocat avait reçu des crachats et le président avait refusé de reporter l'audience, et ce malgré les demandes du bâtonnier qui avait estimé que ce refus portait atteinte aux droits fondamentaux de la défense.
La juge Godard qui présidait une des premières audiences après l'interdit de barre est revenue sur les événements qui ont marqué le monde judiciaire nîmois la semaine dernière.
"Je souhaite ouvrir cette audience en remerciant l'ensemble des avocats du barreau de Nîmes pour le combat mené la semaine dernière et porté par Madame le bâtonnier Aoudia dans la lutte pour les droits fondamentaux.
Merci d'avoir noblement rappelé que la robe que nous portons n'est pas un déguisement mais symbolise des institutions oeuvrant pour la justice et le procès équitable.
Marie-Lucie GodardJuge et présidente d'audience correctionnelle au tribunal judiciaire de Nîmes
"Merci d'avoir justement rappelé ces valeurs qui nous unissent chacun dans le rôle qui nous incombe", a poursuivi la magistrate dans un silence de cathédrale.
Citant Robert Badinter, elle a conclu : "Une société plus juste ne peut passer que par une dignité rendue à l'ensemble de l'Humanité, et ce sans exception".
Courage
Khadija Aoudia, bâtonnier de Ordre des avocats présente dans la salle au moment du discours et très émue a salué le courage de la magistrate. "C'était un moment fort. C'était très solennel. Cela nous a donné des frissons. Cela démontre que le magistrat dans son serment, est le gardien des droits fondamentaux de la défense", réagit la cheffe du barreau de Nîmes, interrogée par France 3 Occitanie. Un moment inédit. Un de plus dans les annales judiciaires du Gard.