"Ca fait partie des traditions culturelles françaises" : le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a jugé mardi "pas opportune" la proposition de loi du député LFI Aymeric Caron d'interdiction de la corrida, attendue dans l'hémicycle fin novembre.
Mardi 8 novembre, le ministre de l'Agriculture, a souligné sur Public Sénat que la corrida "fait partie des traditions culturelles françaises. La question n'est pas d'être aficionados, d'aimer ou de ne pas aimer la corrida. Ca fait partie des traditions". "Il y a derrière une filière d'élevage qui entretient, je pense à la Camargue en particulier, un paysage et une biodiversité exceptionnelle", estime Marc Fesneau.
Proposition de loi
"C'est un rendez-vous pour beaucoup de gens très populaire et empreint de beaucoup de cultures locales. Dans le moment qu'on traverse, essayons d'écouter les uns et les autres. On ne peut pas à la fois dire, il faut respecter les cultures, la diversité de chacun, et sur un sujet comme ça, ne pas les respecter. Je trouve que ce texte n'est pas opportun", a martelé Marc Fesneau, par ailleurs amateur de chasse.
La proposition de loi d'Aymeric Caron pour interdire la corrida sera examinée en commission des Lois de l'Assemblée le 16 novembre. Elle figure au programme de la niche parlementaire LFI - journée réservée à un groupe d'opposition dans l'hémicycle - du 24 novembre.
L'ex-journaliste Aymeric Caron, engagé pour la cause animale, veut modifier le Code pénal qui punit déjà la maltraitance animale, mais dont les dispositions de l'article 521-1 "ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée". Le député Insoumis de Paris n'a pas souhaité intégrer à son texte l'interdiction des combats de coq, pour centrer le débat sur la corrida, "la torture et la mort" du taureau, dénonce-t-il.
Une proposition embarrassante ?
Sa proposition risque d'embarrasser la majorité présidentielle, divisée sur le sujet. En juillet 2021, quand elle n'était pas encore présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, la députée Aurore Bergé avait signé une tribune pour interdire la corrida, une pratique jugée "barbare".
Présent à la réunion "d'intergroupe" de la majorité mardi, le président du MoDem François Bayrou a appelé les députés à ne pas voter le texte. "Je n'aime pas la corrida, mais si le texte passe, il n'y a plus d'élevage", a dit le maire de Pau (Pyrénées-Atlantiques).
La proposition de loi a peu de chances d'aboutir mais vise à relancer le débat récurrent sur la corrida en France. "Arrêtons cette stigmatisation, de vouloir culpabiliser les gens qui vont à des corridas, qui mangent de la viande, les sujets ne sont pas là", avait déjà réagi Carole Delga, la présidente PS de la région Occitanie, où la corrida est pratiquée.
D'autres voix s'élèvent pour défendre la corrida, notamment celle de l'acteur Denis Podalydès, auditionné par l'Assemblée nationale.
Dimanche en politique
Faut-il abolir la corrida ? La question est abordée dans l'émission Dimanche en Politique diffusée sur France 3 Occitanie ce 13 novembre à 11h30. Alexandre Rozga en débattra avec ses invités : Didier Bonnet, président du CRAC (Comité radicalement contre la corrida Europe), Corentin Carpentier, président de l’Association des Jeunes Aficionados, Claire Starozinski président de l’Alliance contre la corrida et Frédéric Pastor, adjoint à la culture et à la tauromachie de la ville de Nîmes. Avec la participation d'André Viard, fondateur de l'Observatoire national des cultures taurines et représentant de l’Union de villes taurines françaises et de Laurent Burgoa, sénateur LR du Gard.
Ecrit avec AFP