Plus de 1 000 moutons et brebis ont remonté les villages des Cévennes pour trouver de l'herbe fraiche où pâturer ce 13 juin. L'an dernier, les bergers paradaient seuls dans le village de l'Esperou. Cette année, malgré le covid, plusieurs milliers de personnes sont venues admirer les ovins.
750 moutons et presque autant de brebis ! Et plusieurs milliers de visiteurs pour cette transhumance dans le village de l'Espérou, au pied du Mont Aigoual, dans les Cévennes gardoises. Les troupeaux arrivent de Valleraugue et s'apprêtent à monter dans les estives. Les transhumances ont lieu deux fois par an. Au printemps, au départ des animaux vers les pâturages de haute-montagne et au retour des animaux en automne, après qu'ils aient profité pendant les mois d'été des prairies herbeuses.
Cette pratique agricole traditionnelle de migration saisonnière du bétail est souvent l'occasion de faire une balade au rythme des animaux encadrés par les bergers pour les ovins et les métayers pour les bovins. Mais aussi de participer à des animations généralement organisées dans les villages de départ.
L'occasion pour les citadins curieux d'admirer les bêtes.
" J'essaie de prendre en photo les brebis avec le beau chien blanc, il est superbe ! " s'enthousiasme ce grand-père.
Habituellement, ici, on peine à croiser des gens et aujourd'hui, il y a du monde ! Ce n'est pas désagréable de temps en temps et c'est bon aussi pour l'économie.
Des retrouvailles post-confinement
La fête est populaire dans le village, avec des animations pour les enfants et des stands de produits du terroir des Cévennes. Les bergers sont heureux de revivre une transhumance presque comme les autres, après la période de crise sanitaire.
" C'est toujours valorisant de voir le monde qui nous accueille quand on arrive, d'autant plus que l'an dernier il n'y a pas eu cette fête là. Cette année, nous sommes contents d'être là et les gens aussi ! " confie Vincent Garmath, éleveur et agriculteur.
De moins en moins de pâturages
Autour des bêtes, plusieurs générations d'éleveurs se retrouvent. Les plus anciens expriment leurs inquiétudes face au changement climatique du Mont Aigoual. Chaque année, il faut monter de plus en plus haut pour trouver des pâturages.
Sur les alpages ou des les Pyrénées, ils ont encore la chance d'avoir de bons herbages. Alors qu'ici, vu le réchauffement de la nature, il y a de moins en moins d'herbe ! Et s'il ne pleut pas, ça va être dur pour que les bêtes mangent !
Cela fait maintenant de nombreuses années que l'Entente Interdépartementale des Causses et des Cévennes, se bat pour la reconnaissance des transhumances. C'est aujourd'hui chose faite, la transhumance vient d'intégrer la liste des traditions protégées par le patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.
Cette reconnaissance de la transhumance devrait permettre la mise en place d'un plan de sauvegarde de cette pratique. Prochaine étape désormais pour renforcer la protection de cette tradition : le dépôt d’une candidature internationale.