La justice soupçonne six matchs de Nîmes d'avoir été truqués en 2014. Le club gardois était alors menacé de relégation. Parmi les personnes accusées de corruption Jean-Marc Conrad, l'ancien président du club.
C’est du 6 au 14 juin 2018 qu’aura lieu à Paris le procès des soupçons de matchs arrangés en L2 en 2014. Neuf protagonistes passeront devant la justice, dont le président du club de Caen et d'anciens dirigeants de Nîmes.
Le tribunal correctionnel devra se pencher sur une possible entente autour de six matchs de Nîmes, alors menacé de relégation, en fin de saison 2013-2014 de la Ligue 2 de football : ceux joués contre Bastia (1-1), Dijon (défaite 5-1), Brest (1-1), Laval (victoire 2-1), Caen (1-1) et Créteil (1-1).
Les protagonistes visés ont tous nié avoir pris part à une entreprise de corruption.
Le juge d'instruction Serge Tournaire a renvoyé devant la 32e chambre correctionnelle Jean-François Fortin, actuel président de Caen (L1), pour des soupçons de corruption passive dans le cadre de la rencontre Caen-Nîmes du 13 mai 2014, qui s'était soldée par un match nul. Sur le banc des prévenus, il retrouvera son homologue nîmois de l'époque, Jean-Marc Conrad, poursuivi pour corruption active et association de malfaiteurs.
"Partage de points"
Le scénario d'un "partage de points" était apparu en amont de la rencontre dans des écoutes téléphoniques qui dévoilaient la préférence des deux dirigeants pour un match nul satisfaisant leurs intérêts sportifs.
Le score final avait en effet permis au club normand de monter en Ligue 1, et aux Gardois d'éviter une relégation en National. Mais "aucun élément" ne permet d'affirmer que le patron des Caennais a "effectivement demandé à (...) ses joueurs de jouer le match nul", a souligné le juge dans son ordonnance du 21 septembre dont a eu connaissance l'AFP.
Pour le magistrat cependant, "l'intention" des dirigeants nîmois de l'époque (...) d'arranger les derniers matches de la saison était "manifeste", peu importe que l'entente n'ait pas permis d'influencer le cours des matchs comme en témoigne la sévère défaite 5-1 contre Dijon.
Ecoutes téléphoniques
C’est au hasard d'écoutes visant Serge Kasparian, alors actionnaire principal de Nîmes dans une enquête sur son cercle de jeux à Paris, qu’est née l’affaire. Ces écoutes révélaient sa volonté d'arranger les dernières rencontres pour sauver le club de la relégation.
Kasparian est poursuivi pour association de malfaiteurs, comme Franck Toutoundjian, ancien président d'un club soupçonné d'avoir fait jouer ses contacts.
Sont également appelés à comparaître Mohamed Regragui, "coach mental" de Nîmes, pour corruption active autour du match contre Créteil, et Kaddour Mokkedel, responsable sécurité du club de Caen, pour complicité de corruption. Plusieurs intermédiaires devront répondre du délit d'association de malfaiteurs, pour des tentatives d'approches en amont de certaines rencontres.