Mireille Ayala, une femme "extrêmement fragile" de 72 ans, a été condamnée mardi après-midi, à 10 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Gard à Nîmes. Elle a reconnu le meurtre de son mari, abattu d'un coup de carabine, en septembre 2014.
14 ans de réclusion requis par l'avocate générale
L'avocate générale Frédérique Rouchon Lemetter avait requis 14 ans de prison ferme pour le "geste d'une meurtrière", reconnaissant cependant la "pathologie ancienne" et la "souffrance réelle" de Mme Ayala, atteinte de dépression et plusieurs fois internée en hôpital psychiatrique.
L'une des avocates de la défense, Me Florence de Prato, avait dénoncé des "réquisitions extrêmement sévères", appelant à "une peine juste" et à "l'humanité" de la cour face à la "doyenne" de la maison d'arrêt de Nîmes.
Jugée pour homicide volontaire sur conjoint, Mireille Ayala était passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Mais la défense a mis en avant son "extrême fragilité" et ses trois tentatives de suicide depuis son incarcération il y a deux ans et deux mois.
Violences conjugales ou non ?
Le procès a tourné autour de l'existence ou non de violences physiques du mari sur son épouse. La défense et de nombreux témoins ont décrit l'accusée comme une femme "fragile et soumise" vivant dans la "peur" d'un mari "dominant", coutumier pour le moins de "violences verbales" voire "physiques".
Mireille Ayala a reconnu avoir tué son mari Bernard Fernandez, 71 ans, à bout portant avec une carabine dans leur maison de Rousson dans les Cévennes gardoises.
Elle a assuré qu'il lui avait auparavant annoncé qu'il allait la quitter après 49 ans de mariage.
Peu après le meurtre, elle avait tenté de se suicider, se causant une blessure "gravissime" qui aurait pu être mortelle, selon les experts. Reprenant conscience, elle avait ensuite appelé son fils vers 2H30 le 7 septembre 2014, en lui disant:
"Papa m'a tiré dessus, viens vite !".
Le procès a été marqué par le témoignage et la position extrêmement difficile du fils du couple, Franck Fernandez, 51 ans, qui s'est porté partie civile, écartelé entre le désir de rendre justice à un père "au grand coeur" et celui de ne pas
accabler une mère "qui a beaucoup souffert" et qu'il "ne veut pas abandonner".
Ils auraient dû divorcer depuis longtemps" mais "ça ne se faisait pas" dans ce milieu d'enfants de réfugiés espagnols ancrés dans les Cévennes, a-t-il expliqué à la barre.
Une femme "fragile" qui demande pardon à son fils unique
Sous antidépresseurs et anxiolytiques depuis le début des années 1980, l'accusée a semblé absente ou insensible pendant le procès qui a débuté vendredi.
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, elle a cependant lu un message adressé à son fils unique.
Franck, je n'oublierai jamais ce geste qui t'a rendu malheureux...C'est un déchirement pour moi aussi, une cicatrice indélébile. Je te demande mille fois pardon
Mère et fils qui se voient régulièrement au parloir, s'étaient fait face depuis vendredi, elle dans le box, lui sur le banc des parties civiles, en évitant de croiser le regard de l'autre.
Le verdict est susceptible d'appel.