Dans une vidéo, une candidate au 1er tour des élections municipales de Vauvert (Gard) accuse Jean Denat, maire (PS) sortant de lui avoir promis un "poste d'Etat" contre son soutien au second tour. Lui nie et affirme qu'elle est téléguidée par le RN, qui de son côté porte plainte pour achat de voix.
A quelques jours du second tour de ces élections municipales 2020, le climat se tend encore un peu plus à Vauvert (Gard), commune de petite Camargue où, le 15 mars dernier, le maire sortant (PS) Jean Denat n'a devancé que de 85 voix son adversaire du Rassemblement National Jean-Louis Meizonnet, dans un contexte de forte abstention (50,15%).
Le RN vient de porter plainte pour "achat de voix" après la vidéo mise en ligne par Fouzia Rachidi, candidate au premier tour sur la liste de l'écologiste Bruno Lebeau (qui, lui, a choisi de soutenir Jean-Louis Meizonnet au second tour). Elle accuse Jean Denat de lui avoir promis de l'aider à obtenir un "poste d'Etat" en échange d'un soutien écrit d'elle et de plusieurs de ses co-listiers.
Nous avons décidé de saisir la justice des faits d’achat de voix qui pourraient être reprochés à Jean Denat au vu des documents sonores et écrits publiés à charge de preuve sur les pages Facebook de Fouzia Rachidi et de Jean Denat.
— Rassemblés pour Vauvert (@MEIZONNET2020) June 22, 2020
La vidéo ici https://t.co/VcWGQU7v5w pic.twitter.com/g2u4RjL3Pm
Une vidéo postée le 20 juin met en cause le maire
Dans l'enregistrement audio et vidéo posté sur Facebook par Fouzia Rachidi sous le pseudonyme Lina Casablanca, on peut entendre la voix d'un homme présenté comme étant Jean Denat, s'entretenant avec l'ancienne candidate.
Cette dernière lui demande des garanties en échange des "21 signatures" déjà acquises selon elle et son interlocuteur lui explique qu'il appuyera sa candidature auprès des services de l'Etat si un poste en lien avec la Politique de la Ville se présente.
Jean Denat réplique par constat d'huissier
Joint par téléphone, Jean Denat dit avoir fait constater leurs échanges par huissier et se "tenir à la disposition de la justice". Car d'autres échanges ont eu lieu entre les deux protagonistes, toujours sur les réseaux sociaux, via la messagerie Messenger.
Dans les extraits de conversation mis en ligne par Jean Denat, on peut lire que Fouzia Rachidi réclame aussi des garanties pour les autres signataires du communiqué de soutien, citant l'une qui réclamerait "un refuge et un suivi médical pour les chats" errants de la commune, un autre désireux de travailler en mairie et un troisième souhaitant devenir "placier de marché".
Les réseaux sociaux, théâtre des accusations et des ripostes
Ce à quoi le maire, prudent, répond :
Tu sais bien que je ne fais pas de promesse individuelle, nous en avons parlé. [...] Je ne ferai de promesse individuelle à personne, mais avec moi, chacun aura sa chance.
Sur le réseau social Facebook, Jean Denat évoque par ailleurs une "conversation téléphonique enregistrée à [son] insu et des "méthodes de voyous". Selon lui, Fouzia Rachidi serait téléguidée par son adversaire :
Où et avec qui cette vidéo a-t-elle été faite ? Quand elle part à 15 heures 15 en voiture avec Jean-Louis Meizonnet, elle a été vue [par Bruno Pascal, co-listier de Jean Denat, NDLR] : elle part enregistrer cette vidéo ! Les choses sont simples : Jean-Louis Meizonnet refuse de débattre et a décidé de pourrir la campagne. La plainte du RN n'a aucune chance d'aboutir.
Le maire laisse-t-il sous-entendre que l'ancienne candidate (4ème de la liste "La voix des Vauverdois" qui avait totalisé 2,90% des suffrages, soit 125 voix au premier tour des élections municipales le 15 mars dernier) aurait elle-même sollicité des emplois pour le piéger ? En tout cas, Fouzia Rachidi n'apprécie pas cette riposte.
Plainte en diffamation
Toujours par message sur Facebook, elle annonce porter plainte en diffamation, affirmant qu'elle ne "roule pour personne".
Quant au candidat du Rassemblement National, il dit ne pas connaître les motivations de Fouzia Rachidi. Il ironise et se défend :
Croyez-vous que pour 125 voix, nous allions faire un montage digne des films d'Hitchcock ? Jean Denat dit les choses de façon orale et très claire : pour nous, ce contenu suffit à caractériser l'infraction au code électoral. De plus, le communiqué de soutien qui devait être signé par Fouzia Rachidi lui a été remis en mains propres, à la mairie, tapée sur place par une employée municipale, le tout en période électorale !
Jean-Louis Meizonnet concède toutefois avoir été mis au courant par Fouzia Rachidi avant la publication des enregistrements, tout comme, selon lui, Bruno Lebeau et Joëlle Cachia-Moreno (tête d'une liste Divers Droite ayant totalisé 8,96% des suffrages au premier tour).
Une campagne jalonnée de plaintes en série
Cette nouvelle polémique déplace un peu plus la campagne électorale vers le terrain judiciaire, le maire ayant déposé plainte pour diffamation de son côté dans deux autres affaires distinctes ces dernières semaines : l'une pour des propos tenus en ligne par son rival, l'autre pour une lettre anonyme envoyée à la presse, au procureur, au ministère de l'Intérieur et au Parlement, faisant état de rumeurs d'ordre privé.