Après six années de campagne de fouilles, des dizaines de tombes de bébés et fœtus ont été découvertes près des vestiges du rempart romain de Nîmes. Les fouilles ont été réalisées sur la colline de Montaury.
"On a trouvé une soixantaine de tombes, dont une cinquantaine de tombes de bébés de moins de six mois et de foetus au pied du rempart romain", indique Richard Pellé, responsable de la campagne de fouilles. Six ans de fouilles auront été nécessaires pour arriver à cette constatation qui va à l’encontre des textes antiques selon lesquels l’enfant ne mériterait pas de rites funéraires. Mais en réalité, les ossements d’enfants ont été retrouvés dans des coffrages en pierre ou des amphores, ce qui prouve le soin accordé par les parents :
Ces sépultures nous montrent que la réalité est toute autre, quand on perd un enfant cela implique des rites funéraires, explique, Gaëlle Granier Archéo-anthropologue au CNRS.
Richard Pellé ajoute, "à une époque où la mortalité infantile était très élevée, on a pu observer queles parents accordaient un grand soin aux tombes de leurs enfants même si l'enfant n'avait aucun statut juridique, aucune existence avant l'âge de trois ans dans la société romaine".
Découverte du corps mytérieux d'une femme
Sur la zone, d’autres sépultures ont été retrouvées dont les ossements d’une femme portant bijoux et chaussures et qui reste un mystère pour les archéologues. Elle a été découverte dans "une position très particulière et rare: la main appuyée sur la joue, les jambes sur le côté, elle portait une parure, notamment deux bagues et un bracelet et des chaussures", relève l'archéologue.
Selon lui, cette femme enterrée dans une zone publique était probablement de passage dans la cité antique de Nîmes dans la mesure où "ce n’était pas une personne de trop basse condition".
Depuis 1989, l'enceinte romaine du Haut-Empire de la cité de Nîmes est inscrite aux monuments historiques. Depuis 2014, Richard Pellé et son équipe ont mené six campagnes de fouilles qui ont permis d'enrichir les connaissances sur l'histoire de Nîmes. L’analyse du matériel archéologique collecté devrait permettre d’en apprendre plus sur cette nécropole du 1er et 2ème siècle après J.C.
En 2019, pour cette ultime campagne, les archéologues ont localisé leurs travaux près de la tour inférieure, accolée à la route de Sauve. Reste désormais à savoir ce que deviendra ce site. Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes, présent mercredi sur le chantier de fouilles, a déclaré qu'il "réfléchissait" avec l'équipe municipale aux aménagements possibles.