Le CHU de Nîmes devant le tribunal ce mardi pour répondre de sa responsabilité dans une affaire d'homicide involontaire. Une résidente de 94 ans a été frappée et tuée par un autre pensionnaire, le 25 septembre 2011. La justice pointe des manquements dans l'organisation du service.
L'avocate des parties civiles interpelle la cour. "Je veux comprendre comment cette vieille dame est morte massacrée à coups-de-poing".
Plus de 10 ans après les faits, ce n'est pas l'agresseur de la victime qui est jugé devant le tribunal de Nîmes mais le CHU. L'homme atteint de démence et âgé de 91 ans a été reconnu "irresponsable". Il ne peut donc être jugé pour ses actes.
L'établissement gérontologique du CHU de Nîmes a été mis en examen en 2017 pour homicide involontaire par négligence ou imprudence.
Des manquements et des erreurs ?
La très longue enquête révèle un manquement dans l'organisation du service et une absence d'analyse psychiatrique de l'agresseur. L'homme était en effet connu pour des agressions antérieures, notamment trois jours avant le drame, commises sur un autre patient du CHU mais aussi dans d'autres établissements.
Dans le dossier, il apparaît aussi que l'hôpital a tardé à prévenir la police, mise au courant 48 heures après les faits.
Les parties civiles n'ont pas souhaité s'exprimer sur ce douloureux dossier. La défense du CHU non plus, elle reste sur ses déclarations et explications de l'époque.
Le procureur de la République de Nîmes a demandé la relaxe de l'établissement hospitalier.
Le jugement a été mis en délibéré au 17 mars.
"Il y avait du sang plein les murs"
Le drame s'est produit le 25 septembre 2011 au centre gérontologique de Serre-Cavalier, annexe du CHU de Nîmes. La vieille dame de 94 ans a été frappée à mort. L'auteur de l'agression était également pensionnaire de l'établissement.
La victime, impotente, dans un fauteuil roulant et qui souffrait de troubles de la vision a été agressée un dimanche, à coups de poing, dans sa chambre. Les coups portés ont été nombreux et d'une rare violence. La nonagénaire est décédée le jeudi suivant, après une lutte de quatre jours.
Le drame s'est donc produit dans l'unité cognitivo-comportementale, un service destiné à des personnes en situation de fragilité psychique.
Le personnel du centre était sous le choc, notamment l'aide-soignant qui a découvert "l'horreur", selon ses propres termes en 2011. Il a déclaré : "Du sang, il y en avait partout sur les murs.".
Pourquoi la police n'a-t-elle pas été prévenue le jour même du drame ?
C'est effectivement le surlendemain, après une plainte déposée par la famille de la victime dans une gendarmerie des environs de Nîmes que les policiers se sont rendus sur la scène de crime. Mais les lieux de l'agression avaient été nettoyés.
"Signaler aurait été préférable et aurait évité toute polémique", expliquait le procureur Robert Gelli en 2011.
L'affaire n'a "pas été étouffée", affirmait à l'époque un porte-parole du CHU.
Si l'hôpital n'a pas avisé la police, c'est d'abord parce qu'il a répondu à "un réflexe de soignants" : prendre en charge la victime et son agresseur présumé, puis alerter les familles et l'Agence régionale de santé.