Vacances de la Toussaint : partez à la visite de l'étonnant phare de l’Espiguette

Le phare de l’Espiguette, sur la commune du Grau-du-Roi, aux limites entre la Provence et le Languedoc, est le premier phare électrifié de Méditerranée en 1869. Sa lumière guide pêcheurs et marins.

C'est un phare comme on ne s'y attend pas. Perdu à 800 mètres de la mer, planté au beau milieu du sable : voici le phare de l'Espiguette. 

Il est bien loin de l'imaginaire collectif du phare de pleine mer, celui perdu au milieu des flots, flanqué sur un rocher, secoué par la tempête, le vent, la mer déchaînée...

Construit en 1868 le phare de l’Espiguette est, avec le phare de la Garoupe d’Antibes, le premier phare électrifié en Méditerranée. Les phares plus anciens, comme le phare du Planier à Marseille au XIIeme siècle, guidaient les marins avec des ''feux'', en Camargue on les appelait les "farots". Francisé, ce mot est devenu le pharo, puis le phare.

Petite histoire des phares

Avec la navigation de nuit, les phares maritimes ont été le premier moyen pour les navires de repérer les zones dangereuses et les ports.
Dans l’antiquité il s'agissait de simples feux placés sur des hauteurs, et pour les alimenter, il fallait d’énormes quantités de bois.

« Cela demande de grande quantité de bois (jusqu’à 700 kg de bois par nuit sur le phare de Chassiron à Oléron) et une logistique compliquée. On ne les allume donc pas constamment, la plupart du temps lors d’approche d’un navire.»  - Source : Direction Interrégionale de la mer Sud-Atlantique (Ministère de la mer)

Ensuite sont apparues de vraies constructions, les phares, et une évolution, avec le temps, des différents combustibles pour alimenter les flammes placées à leur sommet : charbon, tourbe, huile, gaz, pétrole…

En Méditerranée, à Sète, vers 1770, est utilisée pour la première fois une lampe à huile munie d'un réflecteur en cuivre argenté. Ce nouveau procédé permettra ainsi, à l’époque, au phare du Planier à Marseille, d’atteindre 28 kilomètres de portée par beau temps. En 1773 une surélévation de la tour de ce même phare du Planier, et la mise en place d’un feu à réverbère composé de 14 lampes à huile avec réflecteurs, lui permettra d'être visible en mer à 19 milles nautiques, soit environ 35 kilomètres.

Peu après, c'est un mécanisme d'horlogerie entraînant le système optique pour réaliser un phare à éclat, qui sera utilisé au phare de Dieppe en 1787.
En 1791, le phare de Cordouan sera lui équipé de 12 miroirs paraboliques de 80 centimètres, en faisant alors le phare le plus puissant au monde.

Il y aura de nombreuses évolutions technologiques, mais la vraie révolution viendra au niveau de l’optique, avec l’invention de la lentille Fresnel en 1823.

Augustin Fresnel apporte aux phares un système d’éclairage optimal en remplaçant les réflecteurs par un système de lentilles à échelons, en quelque sorte des miroirs paraboliques.

Cette invention a révolutionné l’éclairage moderne des phares. La lentille de Fresnel équipe, aujourd'hui dans le monde,  la plupart des phares. En France, elle a permis de mettre en place tout un système de signalisation maritime sur le littoral avec la construction de nombreux phares sur les côtes.

Grâce à l'invention de Fresnel, il suffit aujourd'hui d’avoir une petite source lumineuse avec une optique, qui renvoie et concentre la lumière en un point précis, pour pouvoir se signaler jusque très loin. L’actuel phare du Planier de Marseille a une portée de 23 milles marins soit environ 42 kilomètres.

Le phare de l’Espiguette construit en 1868, est naturellement équipé d’une lentille de Fresnel et fonctionne à l’électricité (la première électrification d'un phare en France datait déjà de 1863). 

Après la fée électricité qui équipera nos phares dès 1863, viendra, durant la deuxième moitié du XXeme siècle, l’électronique qui permettra quant à elle l’automatisation des phares.

Pour référence, l'un des phares le plus puissant au monde est situé sur l’île d’Ouessant : le phare du Créac’h. La disposition de ses 4 lentilles sur 2 niveaux est unique en son genre ; sa portée est de 32 milles. Une lentille de Fresnel est exposée au musée des phares et balises d’Ouessant.

L'avenir des phares

Une alimentation LED, des panneaux solaires, sont des sources qui nous viennent naturellement à l'esprit pour la future alimentation de nos phares, mais ceux-ci ont-ils toujours leur place sur nos côtes ? En effet, ils sont aujourd’hui concurrencés par des appareils de plus en plus petits et performants, comme les systèmes GPS dont l'exactitude est toujours plus grande.

Même si les gens de la mer continuent à avoir recours aux repères côtiers : les phares, ces bâtisses imposantes, solides, résistantes, en lesquelles ils confient contre vents et marées, il n'en demeure pas moins que l'entretien de ces bâtiments est très coûteux.

Aujourd'hui, une grosse partie de ce patrimoine maritime, nécessite de gros travaux de rénovation et donc d'énormes financements.

Une source de financement pourrait venir de l’ouverture des phares au public avec des visites payantes. Un intérêt financier certain pour le bureau des phares et balises (Ministère de la Mer) qui gère le patrimoine maritime français, mais aussi un intérêt culturel pour les visiteurs.

Le phare de l’Espiguette a pris les devants : aujourd’hui, toujours en activité, il se visite aussi comme un monument et un musée qui raconte un bout d’histoire de la mer et des hommes.

Le phare de l’Espiguette, un monument à visiter, une vue panoramique

Automatisé en 1980, le phare de l’Espiguette est resté occupé jusqu’en 2005. Classé aux monuments historiques en 2012. Toujours en activité, mais vide de tout occupant, il a fait place à un musée qui a ouvert en juin 2023. L’idée en est venue de la valorisation de ce patrimoine en permettant au public de le visiter.

Aujourd'hui, une partie jardin expose des représentations des épaves au large du phare. Les bâtiments de logement ont été remplacés par tout un espace muséographique. A Grau-du-Roi, le phare de l'Espiguette raconte à présent son histoire pour les touristes et les curieux.

Le clou de la visite se trouve au sommet du phare : avec 111 marches à monter pour une vue exceptionnelle entre ciel, terre et mer.

Le Phare de l’Espiguette se trouve au cœur d’un espace naturel, espace remarquable et protégé, il fait partie intégrante du paysage dunaire du littoral gardois. Il offre une vue exceptionnelle sur une nature vierge et la mer, depuis sa terrasse, à 27 mètres de hauteur.

La mer, on le constate, se trouve étrangement bien loin... bien loin de cet imaginaire de phare affrontant la tempête, battu par des vagues déchaînées s'écrasant sur ses flancs.

Mathieu Castel du service Phares et Balises Méditerranée, explique : « Quand ils ont construit le phare, il était à 150 mètres de la mer. Et maintenant il est à 700-800 mètres à peu près parce que le sable vient s’accumuler sur le littoral. Vous savez que le sable est mouvant en Camargue, donc c’est le sable qui vient s’accumuler et qui éloigne le phare du littoral ».

Une visite du phare de l'Espiguette et son espace musée, compléteront et éclaireront bien au-delà, les explications de cet article. 

Pendant les vacances de la Toussaint, le phare de l’Espiguette est ouvert tous les jours de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h00.

Billetterie : https://www.phare-espiguette.fr

Les photos de cet article sont tirées du magazine en langue occitane : Viure al País. Si vous souhaitez voir l'émission consacrée au Phare de l'Espiguette, elle est diffusée dimanche 27 octobre 2024 vers 10h 30 sur France 3 Occitanie.
Tous les Viure al País sont en replay sur la plateforme france.tv.