En plus du meurtre de la petite Maëlys, Nordhal Lelandais est accusé d'avoir agressé sexuellement et filmé les agressions de deux petites filles du Gard dont celle de sa filleule. Les parents des fillettes, dévastés, ont été entendus à la barre de la cour d'assises à Grenoble.
Dans la matinée, et en fin de semaine dernières les parents de deux fillettes agressées sexuellement par Nordhal Lelandais, dont l’une dans le Gard ont été appelés à la barre. "Je suis là pour savoir ce qu’il s’est passé, pourquoi", a demandé le père d'une des fillettes la voix tremblante.
Interrogé par la présidente sur les circonstances des faits, le témoin a indiqué : "J’ai rencontré cette personne quatre ou cinq fois, surtout pour des regroupements familiaux. Je pensais que c’était une personne tout à fait normale", se rappelle-t-il, bouleversé. La famille était en vacances à Domessin, en Savoie, lorsque les faits se sont produits.
Il avait l’air attentionné. Il semblait parfaitement détendu (...) rien qui ne pouvait éveiller nos soupçons.
Le père d'une des fillettes agressées.
Dans son audition aux gendarmes, il décrivait un "beau gosse super sympa qui avait tout pour lui". Le témoin revient sur la chronologie des faits. Les attouchements se sont produits au dernier jour de leur séjour. "On a pris un dernier verre sur la terrasse avec sa mère et on est parti se coucher", se rappelle-t-il.
Selon lui, Nordahl Lelandais n'avait "aucune raison" de se trouver dans la chambre de ses filles ce soir-là. Le père de la fillette se rappelle des aveux de Nordahl Lelandais dans l'affaire Maëlys. "C’était un truc de dingue. On a coupé les ponts immédiatement avec sa famille. Depuis, ça a été de plus en plus difficile, jusqu’au moment où on a été convoqués par la gendarmerie."
L’enfer
Les enquêteurs leur annoncent que leur fille a été victime d'attouchements. Une vidéo est retrouvée sur le téléphone de Lelandais. "Depuis, c’est l’enfer", résume-t-il. La fillette, âgée de 6 ans à l'époque des faits, a été mise au courant par ses parents il y a quelques jours. "Elle s’est refermée tout de suite. Et depuis, elle ne veut pas en parler", relate son père.
On essaye de se reconstruire, mais ce n’est pas évident. On se bat tous les jours pour essayer de vivre normalement, pour protéger nos enfants.
Le père d'une fillette, victime de Lelandais
Traumatisés
"Ca a tout changé, je n’ai plus confiance en personne. Ma fille ne peut pas aller en colonie avec sa classe. On ne peut faire confiance à personne, je suis traumatisé. Pour moi, c’est un stress permanent ». L'avocate du témoin, Me Remond, l'interroge. Elle lui demande de parler de sa fille victime des attouchements. "C'est une petite fille tout à fait normale, intelligente. Elle est parmi les premières de sa classe, elle travaille très bien", dit son père, bien qu'elle se soit "renfermée" depuis que ses parents lui ont parlé des faits.
Mystère
"Il y a toujours cette part de mystère en nous", poursuit le témoin à propos des faits qui se sont produits à l'été 2017. "On ne sait pas si elle s’est rendue compte de quoi que ce soit, si elle était endormie, si elle s’est réveillée. On ne sait pas."
L'avocat général, Jacques Dallest, questionnant l'accusé a rappelé que la vidéo avait été tournée à 2h14 du matin. "A cette heure-là, on ne prend plus l’apéritif. A cette heure-là, on est couché ?", a demandé le magistrat, remettant en cause la version de Lelandais.
Le cousin fêtard
Le père de la petite fille a ensuite laissé la place à son épouse, la mère de la fillette abusée sexuellement. Cette cousine de l'accusé décrit des contacts réguliers avec lui. "C'était le cousin fêtard qui voit ses amis, qui est bien entouré", décrit la quadragénaire. "On n'a rien vu et il ne nous a parlé de rien non plus." "Jusqu’à ce qu’il avoue pour la petite Maëlys, on prenait sa défense", se rappelle la cousine de l'accusé.
"Un monstre"
Dans une audition aux gendarmes, elle décrivait quelqu'un de "bienveillant", un "proche" en qui elle avait une "confiance absolue". Il lui est arrivé de lui confier ses filles. "C’est pas possible d’avoir une personne comme ça autour de nous, un monstre. C’est impossible. Une autre personne, peut-être, mais lui non", dit-elle aujourd'hui à la barre. La mère de la fillette se rappelle d'une autre audition chez les gendarmes, lorsqu'ils lui annoncent que sa fille a été victime d'attouchements.
Vidéo sur le téléphone de l'accusé
Elle visionne partiellement la vidéo retrouvée sur le téléphone de l'accusé.
Ce sont des images qui vont me hanter. J’aurais tellement voulu la protéger, qu’il ne leur arrive jamais ça. On était là, à deux mètres. Même avec des gens avec qui on pensait qu’il ne pouvait rien arriver, c’est arrivé.
Mère d'une victime de Lelandais
Essayer de surmonter
Le témoin explique que sa fille qui a été abusée, ne montre "aucune émotion" concernant les faits qu'elle a appris il y a quelques jours. "Dès qu’il se passe un événement assez grave, elle ne montre pas ses sentiments. On va faire en sorte de voir si, à l’adolescence, des sentiments ressortent", dit-elle. La mère de la fillette se dit personnellement affectée par ces faits, notamment dans son couple. Elle se décrit désormais comme "maman avant tout, et voilà". "On va faire le nécessaire pour surmonter tout ça mais je n’y crois pas trop." La mère de famille continue de se questionner sur les faits. Elle se demande les motivations de Lelandais et souhaite qu'il se livre, sans trop y croire. "La réponse, il ne la donnera pas."
55 secondes insoutenables
La témoin quitte la salle. La présidente Valérie Blain demande alors que soit diffusée la vidéo des attouchements. Une video insoutenable . Comme celle diffusée la semaine dernière. 55 secondes où l’accusé s’était filmé en touchant le sexe de la petite fille.
Dans un silence de plomb, plusieurs personnes dans le public sortent de la cour d’assises. Nordahl Lelandais ne regarde pas l'écran. La présidente l’interroge. Elle cherche d'abord à comprendre pourquoi l'accusé a transféré cette vidéo, tournée avec son premier téléphone, vers son second. La présidente note des similitudes entre les trois vidéos pédopornographiques enregistrées par l'accusé et des sextape dans lesquelles il se met en scène. "Elle est où la frontière entre vos partenaires féminines et les enfants ?", demande-t-elle. "A ce moment là, il n’y a pas de frontière", reconnait l'accusé.
Sa filleule agressée
Vendredi dernier la mère d’une autre petite cousine agressée sexuellement par Nordahl Lelandais lors de son sommeil avait été appelée à la barre. Nordahl Lelandais était le parrain de sa fille : "Elle n'avait d'yeux que pour lui, il s'occupait d'elle." Sa mère de la petite victime l’a décrite comme "une petite fille pleine de vie, souriante". Elle a été mise au courant de l'affaire il y a quelques jours : "
On lui a annoncé les faits, il y a trois semaines. C'était impossible d'en parler avant car elle était trop petite.
La mère d'une victime de Lelandais
Cela a été dit-elle un moment très compliqué, car elle a beaucoup pleuré. Elle ne comprend pas non plus". La famille a entamé des démarches pour changer de parrain : "On avait réussi à l'oublier, petit à petit."
Dépression
Après avoir été mise au courant, sa fille ne "voulait plus aller dans son lit" et "elle ne voulait plus être toute nue pour prendre son bain, elle disait que quelqu'un la regardait". Elle a dormi un temps avec ses parents à la suite de cela.
Son autre fille fait encore des cauchemars et n'a pas souhaité aller au collège, les premiers jours du procès. Son mari "a fait une énorme dépression" suite à cela. Il s'est senti "trahi" et "trompé" par son cousin, dont il était très proche.
Dans le box des accusés, Nordhal Lelandais n'a que peu ou pas réagi ni livré d'explications face aux familles éprises de vérité. " Pourquoi je le fais ? je suis incapable de le dire", s'était borné à répondre l'accusé.
Aujourd'hui, une nouvelle fois aculé et pressé de questions de toutes parts, il a fini par admettre "des penchants pédophiles".