La commune de La Capelle-et-Masmolène dans le Gard prend grands soin de ses crapauds. Elle les aide même à traverser la route en évitant les voitures. Un trajet qu'une dizaine d'espèces d'amphibiens réalise deux fois par an au péril de leur vie.
Chaque printemps, les amphibiens sortent de leur cachette dans les sous-bois pour rejoindre les zones humides. C'est la période de reproduction. Mais dans leur périple, les crapauds épineux, reinettes et salamandres doivent traverser les routes. Une épreuve qui s'avère mortelle pour près de 40% d'entre eux.
Pour éviter les accidents mortels, la commune de La Capelle-et-Masmolène dans le Gard a mis en place un système ingénieux : les crapauducs. Sur les bords des routes, ces caniveaux sont spécialement conçus pour guider les amphibiens vers leur zone de reproduction en toute sécurité.
Le procédé est simple. Les amphibiens qui veulent traverser la route sont dirigés dans un petit canal et guidés vers l'autre côté. "Ils vont être arrêtés par le mur et ils ne pourront plus remonter", explique Juliette Jay qui travaille au conservatoire d'espaces naturels d'Occitanie. "Ils n'auront pas d'autres choix que de partir à droite ou à gauche jusqu'à ce qu'ils arrivent au niveau d'une buse qui leur permet de passer sous la route et de traverser en toute sécurité."
L'idée c'est de sauver la vie des amphibiens
Juliette JayConservatoire d'Espaces Naturels
Les routes fragmentent l'habitat des amphibiens
Les crapauducs permettent donc aux amphibiens de retrouver l'unité de leur territoire. En effet, comme l'explique Juliette Jay, " les amphibiens passent généralement l'hiver et l'automne dans les sous-bois et se rendent dans les zones humides au printemps pour se reproduire. Les routes ont fragmenté leur habitat."
Ce dispositif aurait déjà fait ses preuves dans d'autres départements. Dans le Gard, son efficacité doit être étudiée grâce à des caméras qui surveillent la zone.
Des aménagements utiles aussi à l'homme
Mais ces aménagements utiles à la faune le sont aussi pour les habitants de La Capelle-et-Masmolène. Car si les crapauducs aident les amphibiens, ils permettent aussi de contenir et diriger l'eau lors des épisodes pluvieux. "C'est un endroit où on était souvent inondés", explique Xavier Gayte, le maire de la commune. "On devait de toute façon refaire la buse et donc ça nous permet, à travers la fabrication du crapauduc de refaire la buse qui va permettre à l'eau de passer sans inonder la route."
Le coût de l’ouvrage s’élève à 130 000 € mais ne coûtera rien à la commune si ce n'est l'entretien des caniveaux. Les travaux sont gérés par une maîtrise d'ouvrage du conservatoire d'espaces naturels d'Occitanie et financés par un programme européen.
La France compte trente-cinq espèces d'amphibiens qui sont toutes des espèces protégées. À La Capelle-et-Masmolène, une dizaine d'espèces vivent dans cette zone entre sous-bois et zones humides. D'où l'importance de la création de ce crapauduc, unique dans le département.
"C'est le premier aménagement dans le Gard où on fait attention aux amphibiens", souligne Xavier Gayte, le maire de la Capelle-et-Masmolène. Une première qui peut donner des idées et permettre de faciliter la vie des crapauds épineux, salamandres et autres tritons.