Gers : le procès de l'accident qui a fait 3 morts lors d'une course de côte en 2014 a lieu ce jeudi au tribunal d'Auch

Presque 7 ans après le drame, le procès de l'accident qui a fait 3 morts, lors d'une course automobile de Laas-Tillac dans le Gers, s'ouvre ce jeudi au tribunal correctionnel d'Auch. 2 organisateurs seront jugés pour homicides involontaires par négligence et manquement à une obligation de sécurité.

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Les familles des trois victimes auront attendu presque sept ans : ce jeudi 10 juin 2021 se tient, devant le tribunal correctionnel d'Auch, le procès de 2 organisateurs de la course de côte de Laas-Tillac.

Le 24 août 2014, la sortie de route d'un des concurrents, au cours des essais chronométrés avant la course, avait fait trois morts, tous trois originaires du Gers : deux commissaires de course, Josette Baldran, âgée de 63 ans et André Kerdudo, 60 ans, ainsi qu'un photographe, Bertrand Malinowski, âgé de 40 ans.

Les deux prévenus sont le président de l’association du Club automobile Mirande Astarac (CAMA) Guillaume Bardot, organisateur technique de la Course et Philippe Poitevin, son directeur de course.

Après 4 ans et demi d'enquête, tous deux ont été mis en examen le 28 janvier 2019 par le juge d'instruction ; le 16 janvier 2021, leur renvoi devant le tribunal correctionnel a été prononcé.

L'attente des familles des victimes

L'audience se tiendra ce jeudi 10 juin à partir de 13h30 devant la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire d'Auch : ce ne sera qu'une parmi plusieurs affaires qui seront entendues par les juges au cours de l'après-midi.

Je ressens un certain soulagement qu'on puisse en parler, que les projecteurs soient braqués sur les coupables. C'est également de la tristesse : on m'a pris ma maman. De la fatigue aussi, après 7 ans de bataille judiciaire, 6 ou 7 refus d'actes par 5 juges d'instruction différents. Un regret : que la sous-préfète de Mirande ou les gendarmes, membres de la commission de sécurité qui ont validé la course sur la foi d'un simple croquis et non d'un véritable plan, ne soient pas poursuivis également : ce sont les même gendarmes qui ont été chargés de l'enquête.

Virginie Marchand, fille de Josette Baldran, partie civile

Les 2 mis en examen devront répondre d'homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité : ils risquent jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45.000 € d'amende.

De plus, si cette violation manifeste est considérée comme délibérée par les juges, les peines encourues sont portées à 5 ans de prison et 75.000 € d'amende.

Le pilote a bénéficié d'un non-lieu

Le pilote de la "Simca 1000 Rallye 2" (un petit bolide du début des années 1970) Florian Patacconi, a bénéficié d'un non-lieu : sa sortie de route dans ce virage n'a pas été considérée comme une faute par le magistrat instructeur.

Les courses de côte ressemblent à des "spéciales" de rallye automobile : un parcours relativement court, sinueux et en montée (comme son nom l'indique) qui met en valeur autant la qualité de pilotage que la puissance et la tenue de route des concurrents.

Ce type de compétition attire les bolides les plus variés : des voitures de rallye, y compris de très anciennes comme la Simca 1000 Rallye, qui ne sont plus conformes pour disputer les épreuves classiques telles qu'organisées de nos jours ; et des monoplaces, comme des "barquettes", qui ressemblent plus à ce qu'on rencontre sur des circuits automobiles, mais qui ne sont pas homologués pour rouler sur route "ouverte".

Entre Tillac et Laas, la portion de route qu'emprunte l'épreuve est longue d'1,5km : un an avant le drame, le vainqueur de la course avait parcouru la distance en 41 secondes, soit à une vitesse de 131km/h.

A cette allure, les sorties de route ne pardonnent pas : certains secteurs - notamment aux abords des virages les plus serrés - sont interdits au public ; des commissaires de course sont chargés de faire respecter ces mesures de sécurité.

Ce 24 août 2014 se disputait la 13ème édition de cette course de côte, inscrite au calendrier de la "Coupe de France de la montagne".

Des départs toutes les 30 secondes... et non toutes les minutes

Chaque concurrent devait effectuer trois montées, entre 14h et 17h : ses deux meilleurs temps étaient retenus pour le classement final.

Les essais chronométrés - pour établir l'ordre des départs - se déroulaient le matin, mais à la cadence d'un pilote partant toutes les 30 secondes, au lieu du délai règlementaire de un par minute.

L'accident mortel s'est produit vers 11 heures : aussitôt d'importants moyens avaient été déployés, pompiers, gendarmes et ambulances et la course annulée.

Certaines règles mal suivies ?

Cette entorse au règlement a été relevée à l'instruction, parmi plusieurs autres : la plus grave infraction qui a été retenue, c'est l'emplacement de bottes de pailles, qui n'étaient pas fixées au rail de sécurité dans le virage où s'est produit l'accident, et qui ont littéralement servi de tremplin pour aggraver la sortie de route.

De plus, les deux commissaires de course, et a fortiori le photographe, n'étaient pas correctement placés par rapport à la trajectoire des concurrents à cet endroit ; pourtant, ils se tenaient derrière le rail de sécurité, avec un extincteur à leurs pieds, signe que ce virage était considéré comme particulièrement dangereux.

Ces trois morts seront évoqués au cours d'une audience qui devrait durer moins de deux heures.

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