Deux organisateurs de la Course de côte de Laas-Tillac sont renvoyés devant le tribunal correctionnel d'Auch (Gers) pour homicides involontaires. En août 2014, trois personnes ont perdu la vie lors d'une sortie de route d'un véhicule durant l'évènement automobile.
Le président de l’association du Club automobile Mirande Astarac (CAMA), Guillaume Bardot, organisateur technique de la Course de côte de Laas-Tillac dans le Gers, et Philippe Poitevin, directeur de course de l'évènement automobile, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel d'Auch pour homicides involontaires.
Le 24 août 2014, un véhicule fait une sortie de route lors d'une course de côte à Tillac dans le Gers. Sur son passage il fauche mortellement trois personnes : deux commissaires de course, Josette Baldran, 63 ans et André Kerdudo, 60 ans et un photographe, Bertrand Malinowski, 40 ans. Ces trois personnes se trouvaient derrière le rail de sécurité.
Six années de bras de fer judiciaire
"Il y aura fallu plus de six années au cours desquelles les parties civiles que je représente ont oeuvré contre la volonté du parquet, représenté par plusieurs procureurs successifs, qui souhaitait que personne ne soit poursuivi" déplore l'avocat des parties civiles de ce dossier Pierre-Jean Lagaillarde.
Le rôle des bottes pailles, qui ont joué un rôle déterminant dans la survenance de l’accident en faisant office de tremplin, et les départs toutes les 30 secondes des participants, à l'encontre de l'arrêté préfectoral autorisant la tenue de cette course, ont été pointés du doigt. Mais ce sont d'autres éléments qui ont été retenus dans cette affaire.
Lieu dangereux et absence de plan détaillé
La vice-présidente chargée de l'instruction au tribunal judiciaire d'Auch, Laëtitia Ducourtieux estime que Guillaume Bardot a commis deux fautes d'imprudence : "en laissant se maintenir un spectateur dans un lieu interdit au public et dangereux", exposant le photographe Bertrand Malinowski à "un risque d’une particulière gravité", et "en ne fournissant pas un plan détaillé faisant apparaître précisément les emplacements des commissaires et en ne matérialisant pas distinctement ces emplacements sur les lieux de la course".
Il est reproché à Philippe Poitevin, le directeur de course de l'évènement automobile, d'avoir procédé à la vérification de l'emplacement des commissaires de piste "sans être en possession des documents soumis à l’autorisation préfectorale (notamment le plan) et en laissant les commissaires de piste postés à un endroit dangereux ne correspondant pas à l’emplacement prévu aux termes desdits documents".
"Que les gens sachent"
Le pilote qui conduisait la voiture à l'origine de l'accident a lui obtenu un non-lieu. Pour l'instruction, "ni l'enquête, ni l'information judiciaire n'ont permis de démontrer l'existence d'une faute qui pourrait lui être imputée en sa qualité de conducteur".
Virginie Marchand, la fille de Josette Baldran, se dit "satisfaite" de cette décision : "Nous nous sommes battus. Cela a été un combat terrible". Mais elle ne cache pas son regret qu'aucun membre de l'administration n'ait été également renvoyé devant un tribunal. "Au moins il y aura un procès. Il faut plus de prudence sur ces courses et il faut aussi que les gens sachent".