La seule clinique du Gers est placée en redressement judiciaire depuis le mois de juillet. Un temps envisagé et encouragé par l'ARS d'Occitanie, le salut de la clinique de Gascogne ne passera pas par un rapprochement avec l'hôpital d'Auch. L'établissement risque bien de fermer ses portes d'ici la fin de l'année.
Plusieurs repreneurs depuis sa création, des dettes qui monteraient à 8 M€, un déficit chronique d'1 M€ chaque année, la clinique de Gascogne d'Auch est en mauvaise posture.
Rien ne se fera avec l'hôpital
Vendredi dernier 7 octobre, les syndicats avaient une nouvelle fois rendez-vous avec la direction de l'hôpital d'Auch. Selon Justine Boyer du syndicat FO : "c'est fini, rien ne se fera avec l'hôpital. Sa directrice Sylvie Lacarrière a été formelle. Il n'y a plus rien à attendre."
Le même jour, FO a aussi rencontré le député de la 2e circonscription du Gers David Taupiac, un proche de Carole Delga, ainsi que des représentants du conseil départemental qui gère aussi certains soins sur le territoire. "Nous avons demandé et nous allons provoquer une réunion avec ces acteurs (hôpital, clinique Gascogne, département et député) pour que tout le monde se parle. Je n'ai jamais senti un clivage aussi important entre public et privé que dans ce dossier."
L'ARS d'Occitanie avait envisagé de mettre en place un GCS (Groupement de Coopération Sanitaire), un outil de coopération privilégié dans le cadre des coopérations entre le secteur public et privé, mais également entre la ville et l’hôpital. Un projet dont l'hôpital public ne veut pas, tant les dettes et le déficit chronique sont importants.
La clinique en redressement judiciaire
Face à une situation financière catastrophique, la clinique a été placée en redressement judiciaire en juillet dernier. Les moyens commencent cruellement à manquer, la clinique ayant des dépenses contrôlées. Elle assure tout de même 60% de l'activité chirurgicale du département qui ne compte qu'une seule clinique et un seul hôpital à Auch, avec des antennes à Mirande et Vic-Fezensac. La clinique a même l'exclusivité de certains secteurs de santé comme l'urologie qui représente 200 consultations hebdomadaires environ.
L'hôpital ayant dit non, la survie de la clinique qui appartient au groupe Clinavenir passe désormais par le rachat par un groupe privé. La "clinique Carlier" comme l'appellent encore les anciens (du nom de son médecin fondateur) est déjà passée entre les mains des groupes Vitalia, puis Elsan. Y en aura-t-il encore un autre ? Le dépôt des offres sera clos le 25 octobre. L'audience de suivi du redressement se tiendra le 4 novembre.
L'activité de la clinique a permis d'obtenir un sursis financier jusqu'à la fin de l'année. Mais si personne ne se présente pour le rachat, les licenciements commenceront dès janvier. Laissant les Gersois déjà sinistrés en termes d'accès aux soins en plein désarroi. "S'il n'y a que l'hôpital pour assurer les soins ce sera compliqué. On va devoir monter sur Toulouse", reconnaît une passante. Un peu plus loin, une dame dresse le même constat : "je suis une habituée de cette clinique et ça me fait mal au cœur qu'elle ferme. Je serai malheureuse."
Une pétition en ligne pour sauver la clinique a recueilli plus de 30 000 soutiens à ce jour.
Aujourd'hui la clinique est menacée de fermeture définitive dans un avenir très très proche. En effet le prochain rendez-vous, qui risque d'être le dernier sans mobilisation, est prévu le 4 novembre au tribunal. Nous voulons faire passer un message FORT aux politiques et leur montrer que la population a un véritable rôle.
Sauvons la clinique de Gascogne, sauvons le soin gersoisSite change.org
Le Gers fait partie des départements ruraux confrontés à la problématique des déserts médicaux. Ce n'est pas un hasard si l'ancien Premier ministre né à Vic-Fezensac, Jean Castex, avait volé au secours des soins dans le Gers en annonçant une enveloppe de 150 M€ pour construire un nouveau bâtiment commun public privé. Une enveloppe conséquente annoncée lors du Ségur de la santé mais qui se situe dans un horizon très lointain, pas avant 2030. "Il faut que ce milieu médical arrive à s'entendre, à se coordonner pour le bien-être des citoyens locaux", clame le maire du village Christian Laprébende.