Procès pour harcèlement moral : "je me sentais comme une serpillière" déclare la lanceuse d'alerte Céline Boussié

Céline Boussié, une nouvelle fois devant le tribunal. Ce 8 septembre 2022, un dirigeant et trois salariés de l'ex-IME Moussaron dans le Gers ont été jugés pour harcèlement moral envers la lanceuse d'alerte. Des peines de prison avec sursis ont été requises.

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Devant le tribunal correctionnel d'Auch, Céline Boussié s'est retrouvée face à quatre de ces anciens collègues, hier jeudi 8 septembre. Elle avait porté plainte pour des faits présumés d'harcèlement moral entre 2013 et 2014, date à laquelle elle avait dénoncé les maltraitances infligées aux enfants résidents dans l'IME Moussaron de Condom dans le Gers. 

Harcèlement moral

Les larmes aux yeux, Céline Boussié prend la parole à la barre et déclare avoir "pensé au suicide" quand elle a découvert l'existence d'une page sur le réseau social Facebook, baptisée "Vérité Moussaron", dans laquelle des documents personnels y étaient diffusés, ainsi que des messages injurieux. "Ma vie a été détruite, mais aussi celle de mes enfants qui sont des victimes collatérales de cette affaire, raconte Céline Boussié, aujourd'hui je ne peux plus travailler dans aucune structure". 

Propos agressifs, agissements punitifs, favoritisme à ses dépens. Devant le tribunal correctionnel d'Auch, la lanceuse d'alerte et son avocate ont détaillé comment elle a été harcelée moralement de 2013 à 2014, après avoir dénoncé des "maltraitances institutionnelles" au sein de la structure. "Je me sentais comme une serpillière. J'étais privée de vacances par ma direction, on m'a dit que si je continuais à la ramener, et à poser des questions, on allait me licencier", a affirmé la femme de 45 ans au tribunal. 

Le procureur a requis contre le directeur adjoint de l'établissement six mois de prison avec sursis, des peines de deux mois de prison avec sursis contre deux employés et une amende avec sursis pour le quatrième prévenu. "Ce sont des propos inappropriés et Madame Boussié a fait face à un raid numérique. Les prévenus se sont servis de Facebook comme un défouloir", a estimé le magistrat. Céline Boussié, elle, se dit "marquée par les mots du procureur, car c'est la première fois qu'un homme de justice reconnait pleinement la maltraitance et le harcèlement dans cette affaire". 

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, la décision du tribunal correctionnel d'Auch a été mise en délibéré au 10 novembre.

L'affaire Moussaron

C’est en 2013 que Céline Boussié décide de dénoncer les maltraitances subies par les 80 enfants polyhandicapés de l'IME Moussaron à Condom dans le Gers. Peu de temps après, ces propos ont été confirmés par une enquête de l'agence régionale de santé (ARS). Le rapport rendu confirme ses dires, constatant des "maltraitances institutionnelles". L'établissement est ensuite placé sous tutelle judiciaire en novembre 2013. 

En 2014, la Lot-et-Garonnaise est licenciée par ses employeurs pour "inaptitude à tout poste" à la suite d'un arrêt maladie de plus d'un an. Enfin, en 2017, elle est poursuivie en diffamation par ses anciens employeurs. Elle obtient la relaxe lors de ce procès.

En 2022, près de dix ans après les premières révélations, ce procès pour harcèlement moral sonne comme le dernier volet d'une longue bataille judicaire. La plaignante assure d'ailleurs "avoir pleinement confiance dans la justice de son pays" et souhaite enfin, pouvoir se reconstruire.

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