Plusieurs cas de virus de l'influenza aviaire faiblement pathogènes se sont déclarés dans le Gers depuis le mois de janvier. De quoi faire douter les éleveurs de l'efficacité des coûteuses mises aux normes de sécurité qu'ils ont dû mettre en place.
Mardi, 2000 canards seront abattus dans une exploitation de Viella, dans le Gers. Les analyses ont montré qu'ils étaient atteints par une souche faiblement pathogène de la grippe aviaire (H5N3). Un autre élevage situé à Sauviac est également touché par le virus. 7 700 canards vont y être abattus. Ces deux nouveaux cas suscitent beaucoup de questions pour les éleveurs du département.Une coûteuse mise aux normes
Les éleveurs ont beaucoup investi pour mettre leurs exploitations aux normes de biosécurité fixées par l'Etat. Mais ça ne suffit pas, comme l'explique Lionel Candelon, éleveur et président de l'association Les Canards en colère qui souligne que "sur les deux derniers cas, dans le Gers, à Sauviac et Viella, on a des exploitations qui ont respecté à la lettre la biosécurité". Et de souligner que les mesures mises en place à grand frais ne peuvent rien contre les contaminations extérieures : "on a une exploitation sur Sauviac qui a quatre bâtiments avec quatre sas. Il n'y a que deux bâtiments qui sont touchés par le virus sur les quatre. Les deux autres ne sont pas infectés. Ils ont été analysés, les canards sont sains, ce qui veut dire que la personne qui travaillait dessus n'a pas contaminé ses quatre bâtiments. Donc il y a un autre aspect du virus qui arrive sur les exploitations, qu'on n'a pas voulu prendre en compte, c'est l'aspect environnement naturel et les oiseaux migrateurs".
Et de pointer le coût pour des exploitations déjà exsangues après deux crises aviaires successives avant d'en appeler à l'aide de l'Etat.
L'abattage obligatoire, malgré le faible degré pathogène de ce virus
L'abattage des canards représente également une nouvelle perte pour les éleveurs concernés. Pourquoi les abattre systématiquement si le virus est faiblement pathogène ? Pour Jean-Luc Guérin, professeur à l'école vétérinaire de Toulouse, l'abattage systématique des canards atteints de ces virus est un mal nécessaire : "les mesures d'abattage peuvent paraître très sévères quand on regarde vraiment la virulence de ces virus-là mais le risque c'est de laisser diffuser ces virus dans l'environnement et plus on les laisse diffuser, plus on court le risque que ponctuellement un virus deviennent hautement pathogène".
Voir ici le reportage de Luc Truffert et Eric Coorevits :