Ce mardi va débuter l'expérimentation de deux candidats vaccins pour les palmipèdes. Un espoir pour les éleveurs même s'il faudra attendre au mieux 2023 pour la commercialisation d'un vaccin.
La France, qui traverse un quatrième épisode de grippe aviaire particulièrement meurtrier, débute mardi l'expérimentation de deux candidats vaccins pour les palmipèdes avec une enveloppe d'environ 2,3 millions d'euros, a annoncé le ministère de l'Agriculture lors d'une conférence de presse ce lundi 10 mai.
"Une expérimentation pour analyser l'intérêt de mettre en place un vaccin sur ces espèces va démarrer le 10 mai pour deux lots de palmipèdes, d'autres lots seront mis en place les semaines suivantes avec des essais vaccinaux en plusieurs phases", a expliqué le ministère.
En France et en Europe
Les deux-candidats vaccins sélectionnés sont ceux des laboratoires Ceva Santé Animale et Boehringer Ingelheim. L'expérimentation sera financée par l'État, des conseils régionaux, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses), l'école vétérinaire de Toulouse et le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog).
D'autres expérimentations sont prévues en Europe : "en Bulgarie sur des oies et aux Pays-Bas sur des poulets", avait expliqué fin avril à l'AFP la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Il faudra cependant attendre au mieux "début 2023" pour aboutir à un vaccin, selon le Cifog, l'expérimentation nécessitant "deux cycles de production, donc deux fois 5 mois".
Perte de débouchés à l'export ?
L'enjeu est de déployer cet outil complémentaire sur "l'ensemble du territoire" souligne le ministère, mais vacciner c'est aussi voir des débouchés se fermer. De nombreux pays (Arabie saoudite, Corée du Sud, Grande-Bretagne, États-Unis...) refusent en effet de se fournir en volailles dans des pays pratiquant la vaccination contre la grippe aviaire, craignant qu'un animal vacciné importe le virus sur leur territoire.
Mais "si on doit aller vers la vaccination, il faut que l'export soit possible ", a dit le ministère sans développer davantage sur les négociations avec les pays hors Europe.
"La stratégie de vaccination sera actée pour les pays européens, pour les pays tiers, qui représentent des enjeux commerciaux importants, il faudra que, collectivement, on défende l'intérêt de cette vaccination et l'absence de risque pour eux", a expliqué le ministère.
16 millions de volailles abattues
"C'est bien joli mais on a cinq ans de retard, réagit Nicolas Nadal, éleveur à Endoufielle dans le Gers. Et même sept ans. Si on avait commencé les expérimentations en 2015, on n'en serait pas là. Cette année, mon élevage n'a pas été touché, mais vu qu'on est en claustration, il faut baisser les densités".
"Pour moi, c'est 5.000 canards de moins donc un manque à gagner de 10.000€ et comme je ne suis pas dans une zone contaminée, je ne touche aucune aide de l'Etat. Sans compter qu'ils parlent sans cesse de mise aux normes", conclut l'éleveur désabusé.
De novembre à mai, plus de 1.300 foyers de grippe aviaire se sont déclarés dans les élevages français, provoquant l'abattage de 16 millions de volailles dans le pays, dont 11 millions dans le grand ouest, contre 3,5 millions au total l'an dernier.