Léon Blum fut arrêté par la milice à Colomiers dans le château de l'Armurier. Aujourd'hui, l'appétit des promoteurs pour ce haut lieu de mémoire suscite l'opposition d'un "collectif citoyen". Le groupe immobilier Pitch, qui a racheté le site à la mairie, entend y construire 48 appartements de luxe
C'est un feuilleton vieux de 10 ans, mais le début de l'opération commerciale de vente sur catalogue par la société Pitch immobilier de 48 appartements de luxe dans le château de l'Armurier, dont seule la facade et deux tours seraient conservées, relance la polémique. Pitch immobilier, à qui la mairie de Colomiers a cédé le château via la société d'économie mixte Opidéa, annonce les travaux pour cet été et la livraison des appartements pour le deuxième trimestre 2018.
Du coup, les oppositions se réveillent et se fédèrent. Une inscription sur un panneau aggloméré du château accuse même, crime suprême, les socialistes locaux, qui tiennent la mairie de Colomiers, de "tuer la mémoire de Léon Blum".
Depuis 2009, une association de riverains, l'Apeqa (L'association de préservation de l'environnement du quartier de l'Armurier), militait déjà pour que le château, ayant abrité léon Blum, devienne un élément du patrimoine columérin. « Nous avons toujours réclamé que le corps de ce château, attesté dès le XVIIè siècle, ne soit pas défiguré et noyé dans un ensemble quatre fois plus grand », explique un membre de l'association. Lequel s'indigne de l'attitude de la mairie de Colomiers :
"Ils veulent de l'argent, ils veulent rentabiliser, ils s'en foutent du passé!"
Aujourd'hui, c'est un collectif de citoyens "Château de l'Armurier, le défendre", à l'initiative du militant de la section socialiste locale Jean-Médéric Delcros, qui relance la mobilisation. Regroupant essentiellement des étudiants et de jeunes salariés, le collectif entend lancer une grande campagne de sensibilisation à la valeur patrimoniale du château. Il annonce également sa volonté de bloquer pacifiquement le site pour s'opposer aux travaux.
Cette nouvelle mobilisation a été relayée sur la page facebook du conseiller municipal écologiste (EELV) Patrick Jimena, qui avait manqué de prendre la mairie de Colomiers à 198 voix près en 2014.
Patrick Jimena avait, lorsqu'il était conseiller général émis le voeu de "sauver cette demeure de l'appétit des promoteurs immobiliers", et de "préserver, au sein de notre collectivité territoriale, un pan de notre histoire". Mais sa proposition d'achat "pour sauvegerder ce remarquable patrimoine en le transformant en un lieu de mémoire articulé avec un lieu de sensibilisation au respect de l'environnement" n'avait pas trouvé d'écho dans l'assemblée départementale.
Sollicités par nos soins, ni la mairie de Colomiers, ni le groupe immobilier Pitch n'ont souhaité s'exprimer sur ce château de la discorde.