Agressé lors de la mobilisation à Toulouse de catholiques traditionalistes pour la messe, un photographe dépose plainte

Le photographe Ulrich Lebeuf a déposé plainte après avoir été frappé au visage lors de la manifestation pour la messe organisée le 15 novembre à Toulouse. Le journaliste couvrait pour le quotidien Libération cet évènement encadré par plusieurs groupes de catholiques traditionnalistes.

Après avoir reçu un coup de poing en plein visage, Ulrich Lebeuf n'a pas eu le temps de tendre l'autre joue. Vu le contexte "catholique" de cette agression, la scène pourrait presque paraitre ironique si elle n'était si grave. Dimanche 15 novembre, le photoreporter est sur le point de prendre un cliché d'un catholique faisant sa prière à genoux, un chapelet entre les mains, lors de la manifestation organisée par des catholiques devant la cathédrale Saint Etienne de Toulouse afin de réclamer la reprise des messes.

Aussitôt, "l'homme se lève violement et vient dans ma direction, raconte le photographe présent ce jour là pour le quotidien Libération, et me frappe en pleine tête". Son masque est arraché et son matériel photo endommagé. L'agresseur quitte aussitôt le parvis de la cathédrale. Lundi matin, le photographe toulousain est allé déposer plainte au commissariat. "les policiers ont retrouvé la scène sur les images de vidéosurveillance. Pour ma part j'ai une photo de l'individu".
 

"Défiance vis à vis des médias totalement assumée, où l'on n'a pas honte de nous insulter"

A son arrivée sur place dimanche après-midi, le journaliste avait très rapidement ressentit l'ambiance pesante "les regards" et "les petites remarques" à son passage. "Ce n'est pas totalement étonnant. Ce n'étaient pas véritablement des lecteurs de Libé, ironise Ulrich Lebeuf. Dans tous les cas, nous sommes de plus en plus habitués à ce type de situation".
Caillasé par des Gilets jaunes, pris à parti par des forces de l'ordre, insulté et victime de crachats lors de la Manif pour tous, le photoreporter, appartenant à l'agence de photographes MYOP, ne manque pas d'exemples à citer au cours des derniers mois.
 
"Je constate deux choses dans ce type de rassemblement, explique-t-il, la présence de gens proches de groupuscules d'extrême-droite et le discours de défiance vis à vis des médias totalement assumé, où l'on n'a pas honte de nous insulter. Là nous sommes avec des personnes qui ont un peu le profil de trumpistes. Nous ne sommes plus dans la nuance et l'on passe à l'acte ".
 

Action française et Fraternité Saint-Pie-X

Quelques minutes plus tôt, c'est le photoreporter de l'agence Hans Lucas, bien connu des milieux antifa, Ben Art Core qui s'est vu interdire de faire la moindre photo lors du rassemblement : "Trois personnes ont traversé la foule et se sont plantées devant, explique celui qui se désigne comme journaliste militant. J'avais même pas sorti mon appareil photo qu'ils m'ont dit : "Ben, pas de photos pour toi aujourd'hui"". Sitôt arrivé, sitôt parti. Le photojournaliste n'a pas trainé dans les parages :" Cette manifestation c'était un mélange de Civitas et de l'Action française, explique-t-il. Cela donne l'occasion à des groupuscules locaux de sortir et de s'occuper du service d'ordre".
 
Sur place, plusieurs membres de l'Action française, groupe royaliste ayant multiplié les actions coup de poing à Toulouse depuis deux ans, se présentaient membres de l'organisation ou assuraient la sécurité. Selon la préfecture l'évènement a été déclaré par le collectif "Objectif messe", sans dévoiler le nom de l'un de ses membres.
Quelques jours plus tôt, une pétition avait été lancée par l'association "Pour la messe". Parmi les représentants de cette dernière, Geneviève Chotard, 22 ans, présentée dans l'hebdomadaire Valeurs Actuelles comme "une étudiante en droit et fidèle de Notre-Dame du Férétra, à Toulouse". Cette chapelle n'est pas répertoriée sur le site du diocèse car elle dépend de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, une société de prêtres traditionalistes, sans statut canonique au sein de l'Église catholique. 
 
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