Parcoursup, la nouvelle plateforme d'orientation est en ligne depuis ce lundi matin. Elle remplace APB, un logiciel créé à l'INP (l'institut National Polytechnique) de Toulouse, fortement critiqué l'an dernier. C'est la même équipe qui gère l'accès des futurs bacheliers à l'université.
La nouvelle plateforme admissions post-bac, "Parcours sup" est officiellement en ligne depuis 11 heures ce lundi. Et c'est depuis l'Institut National Polytechnique (INP) de Toulouse qu'elle est lancée et qu’elle sera gérée.
Le logiciel mis en place dans le cadre du projet de loi voté fin décembre par les députés remplace APB (Admission Post Bac), un logiciel créé en 2009 et géré depuis l'INP jusqu'à la fin de l'année dernière.
Les nouveaux modes d'accès à l'université
C’est donc la même équipe qui reprend "Parcours sup", mais avec à sa tête une nouvelle responsable.Le logiciel promet d'être plus simple et plus performant. Et pour répondre aux attentes les algorithmes ont changés.
Les futurs étudiants ont jusqu’au 22 janvier pour se familiariser avec la nouvelle plateforme. A partir du 22 janvier, et jusqu'au 13 mars, ils pourront émettre des vœux.
Plus de tirage au sort
La principale différence entre les deux plateformes réside dans la disparition du tirage au sort. Il était autorisé par le système APB. Il a valu à des milliers de bacheliers d'être recalés à l'université faute de place. Notamment pour les filières en surcharge comme Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) ou psychologie.Autre différence importante : les futurs candidats auront droit à 10 vœux au lieu de 24 et ces vœux ne seront plus classés en termes de préférence.
Les réponses des établissements tomberont au fil de l'eau, à partir du 22 mai. Mais surtout, le candidat va devoir répondre aux "attendus" des universités : compétences et connaissances requises pour suivre une filière donnée.
Les établissements d'enseignement supérieur auront accès aux notes du lycéen en première et terminale, aux appréciations des professeurs et à l'avis du conseil de classe sur son projet d'orientation, des éléments rassemblés dans un document baptisé Fiche avenir. Le lycéen pourra aussi écrire quelques lignes expliquant les raisons de son choix, dans un espace dédié sur la plateforme.
S'il ne remplit pas les attendus, le candidat devra suivre un parcours d'accompagnement défini par la fac, sous peine d'être refusé.
Ce dispositif, compris dans la loi sur les nouvelles règles d'accès à l'université, vise à réduire le taux d'échec en première année de fac (quelque 60%) et éliminer le tirage au sort mis en place par le système APB lorsqu'une filière libre d'accès comptait plus de candidats que de places.
Parcoursup regroupe 13.000 formations, sélectives (classe prépas, BTS, IUT, écoles etc.) ou pas (licences générales). A noter que plusieurs formations ne sont pas sur Parcoursup (dont les Sciences-Po, les instituts de formations aux soins infirmiers etc.), une situation à laquelle le gouvernement veut mettre un terme d'ici 2020.
Le reportage de Stéphanie Bousquet et Thierry Villeger
D'APB à Parcoursup, les inquiétudes de Bernard Koehret le concepteur d'APB
Le Toulousain Bernard Koehret, concepteur d'APB a cédé sa place, et lui et son équipe ont durement vécu les reproches contre APB et la fin du logiciel. Pour lui, la nouvelle plateforme ne résoudra pas tous les problèmesLa disparition du tirage au sort, qui concernait le classement pour les licences (ce qui avait été reproché à APB) est un point positif. "Dénoncé par la CNIL, il a été abandonné. Une loi est en cours d'examen, et d'un autre côté on renforce l'orientation au lycée. Mais il faut que les moyens suivent".
Il pointe des aspects négatifs : et notamment le nombre de vœux, 10 au lieu de 24. Selon lui 20% des candidats, ceux qui faisaient plus de vœux vont être pénalisés en terme de possibilités de choix. Finalement ce sont les candidats eux-mêmes qui vont devoir être plus efficace dans leurs critères et renoncer à certaines formations. D'ailleurs le ministère s'en ait rendu compte, puisqu'il a introduit la notion de voeux groupés".
"La suppression de l'ordre des voeux est dramatique" : "les candidats pouvaient modifier l'ordre jusqu'au 31 mai, cela permettrait d'appliquer derrière un algorithme pour faire les affectations. cette année avec les résultats au fil de l'eau , ça va être très difficile. Au bout de combien de temps les candidats vont-ils obtenir les voeux qu'ils souhaitaient réellement ? "
"On a beaucoup critiqué le stress généré par APB, j'attends de voir ce que va donner Parcoursup avec les résultats au fil de l'eau"
Pour le concepteur d'Admission Post Bac, "Parcourssup est moins efficace en terme de fonctionnalités", "mais j'espère me tromper" rajoute t-il, " mon seul souci c'est les jeunes".
Et quand on lui parle de "fiasco" d'APB, il renvoie les chiffres. L’an dernier selon lui "71% des candidats avaient leur choix dès le premier affichage". Et ce n'est pas sûr que parcours sup apporte une solution à la filière STAPS, même si la ministre a promis d'ouvrir 22000 places supplémentaires dans certains établissements.
Pour lui "le responsable du bug, c'est l'Etat" qui ne prend pas de décision sur la sélection à l'université. "60% des jeunes échouent en première année".