L'affaire du mystérieux groupe AZF est jugée ce mardi 13 février au tribunal correctionnel de Paris. En 2003 et 2004, ce groupe avait menacé de faire sauter des bombes sous des voies ferrées en France pour obtenir une rançon de l'Etat.
C'est une histoire qui avait secoué la France il y a vingt ans. Décembre 2003 : un mystérieux "groupe AZF" affirmait dans des courriers avoir posé des bombes sur les voies ferrées et menaçait de les faire exploser si l'Etat ne lui versait pas de rançon de 4 à 8 millions d'euros. Le dénouement de cette affaire doit avoir lieu ce mardi 13 février, puisque deux des membres de ce groupe seront jugés.
Michel D., 76 ans, chef d'entreprise à la retraite, et une de ses anciennes employées, Perrine R., 61 ans, formatrice en bâtiment, devront répondre devant le tribunal correctionnel de Paris d'association de malfaiteurs et fabrication et détention sans autorisation d'engins explosifs. Pendant un temps, la qualification terroriste avait été retenue. Elle a finalement été abandonnée, évitant aux deux suspects la cour d'assises.
Deux bombes retrouvées sur les rails
Ce groupe signait son courrier du sigle AZF et se présentait comme "groupe de pression à caractère terroriste secrètement créé au sein d'une confrérie laïque à spécificité éthique et politique".
Au total, il aurait envoyé neuf lettres à l'Elysée et au ministère de l'Intérieur entre décembre 2003 et mars 2004. L'Etat avait alors pris très au sérieux ces menaces. Des contrôles sur les voies ferrées avaient alors été entrepris. Sur les indications du groupe, les autorités deux bombes : une première sur la ligne Paris-Toulouse à hauteur de Folles (Haute-Vienne) et une seconde sur la voie Paris-Bâle, dans l'Aude.
Sans rancune et à bientôt.
Groupe AZF, par courrier aux autorités
Le lendemain de cette dernière découverte, le groupe annonce par courrier l'abandon de son action.
C'est un proche de Michel D. et Perrine R qui les a dénoncés en septembre 2017. Interpellés en 2018, ils avaient immédiatement reconnu les faits. Ils avaient cependant démenti avoir cherché à instaurer "la terreur" dans le pays.
"Michel D. reconnaît avoir été pris d'un coup de folie qu'il regrette aujourd'hui. Néanmoins, les engins explosifs n'ont jamais eu vocation à exploser et la rançon demandée devait servir à financer un projet humaniste", a confié à l'AFP son avocate, Me Lucile Collot, avant la réouverture du procès.
Une résonnance particulière à Toulouse
L'affaire avait été marquée par la correspondance, via la rubrique "Messages personnels" du quotidien Libération, entre "Mon gros loup" (AZF) et "Suzy" (police) afin d'organiser comme un jeu de piste le largage de la rançon par hélicoptère.
Cette affaire avait eu une résonnance particulière à Toulouse puisqu'elle avait éclaté deux ans après l'explosion de l'usine. Les courriers de menace avaient également été envoyés de Toulouse.
Les deux prévenus, sous contrôle judiciaire, comparaissent libres. Leur procès est prévu jusqu'à vendredi.