Au coeur du blocage de Val Tolosa : "Si on n'était pas là, ils seraient déjà en train de travailler"

Ils se sont installés lundi matin, après un nouvel arrêté du préfet. Les opposants au projet de Val Tolosa bloquent les accès au chantier pour empêcher le lancement des travaux. Ils sont réunis jour et nuit et comptent y rester jusqu'à ce que la justice tranche.

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Hubert lève les mains. En retour, une voiture klaxonne. Ce mardi, Hubert bloque avec plusieurs autres opposants une entrée du chantier du projet de centre commercial Val Tolosa. Depuis ce lundi, ils sont plusieurs dizaines à se mobiliser pour empêcher les engins de chantier de pénétrer. Jour et nuit.

Hubert habite Toulouse. Il ne pourra rester ici éternellement, "il y a le travail". À côté, Elodie est prête à rester jusqu'à samedi. Elle ne pourra pas au-delà. "Je participe, j'aurais fait ma part", sourit-elle. Comme eux, ils sont plusieurs à se mobiliser. Après le dernier arrêté préfectoral de dérogation relatif aux espèces protégées, les opposants redoutent la reprise des travaux.

Les engins des ouvriers interdits d'accès


Un peu plus loin, à un autre accès, Hélène et Alexandra discutent. Hélène habite à Fontenilles, à une dizaine kilomètres de là. "Le centre commercial, quand il s'est installé, il a tout tué dans ma ville, explique-t-elle. Il n'y a plus de pharmacie. Il n'y a plus de lien social entre les gens." Sont-elles utiles ? "Si on n'était pas là, les ouvriers seraient déjà en train de travailler." Sur le chantier, les ouvriers bricolent. Ils n'ont pas pu faire entrer leurs engins.


Philippe habite à Plaisance-du-Touch, là où s'installerait Val Tolosa, depuis 1994. Il est un témoin de la disparition des commerces locaux au bénéfice des grandes surfaces. "Il y avait trois magasins de bricolage, deux magasins de vélo... Maintenant, il n'y a plus rien !", déplore-t-il. Pour lui, et les autres opposants, Val Tolosa signerait la fin du commerce de proximité.

Des militants mobilisés, même la nuit


Une voiture de police passe devant les opposants. Un peu plus tard, c'est une patrouille de gendarmerie qui jette un oeil sur le barrage. "Quand un pin pousse, les aiguilles acides qui en tombe empêchent toute autre végétation de pousser, métaphore Hubert. Un centre commercial, c'est pareil. Ça détruit tout ce qu'il y a autour."



Devant le troisième point de blocage, le principal, les véhicules des ouvriers prennent une large place. Ils n'ont pu, ce mardi matin, rentrer qu'à pieds. Pour y veiller, plusieurs y ont passé la nuit. Trois camionnettes bloquent l'entrée. C'est dans l'une d'elles que Patrick Jimena, conseiller communautaire et municipal à Colomiers, militant à la France insoumise, a passé la nuit et s'apprête à y passer une seconde. "J'appelle à ce que tout le monde vienne nous rejoindre, ici", dit-il à France 3. "On n'a pas besoin, aujourd'hui, d'un temple de consommation comme le serait ce centre commercial", explique-t-il.

"Pour dire non à un projet inutile"


Un peu plus loin, un petit groupe de personnes discutent. Viriginie lutte depuis dix ans contre le projet, même si "je n'ai participé qu'à quatre actions". Christiane, elle, habite à quelques centaines de mètres. "Je suis ici pour dire non à un projet inutile, explique-t-elle. On dit que l'on va créer des emplois pour convaincre les gens, mais, en réalité, on va en supprimer sur le long terme !" "Le but de ces promoteurs n'est que financier", tranche Claude, lunettes de soleil sur le nez, seul homme de ce petit groupe. 

Les ouvriers quittent le chantier, escortés par un agent de sécurité. L'ambiance est bonne. "Demain, vous venez manger avec nous !", lance une opposante. "Vous amenez les saucisses !", ajoute un autre. Les salariés sourient. Demain, ils seront de retour. Mais comme aujourd'hui, les opposants bloqueront l'accès à leurs engins. Jusqu'à quand ? Personne ne semble encore savoir...
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