Tarentino, Lucasfilm, Ubisoft ou encore Arte. L'audiovisuel mondial s'intéresse à Audiogaming, une entreprise de la French Tech Toulouse. Portrait.
Ils étaient trois. Puis deux. L'un est parti. L'autre s'est fait recruter par Google. Il reste le Toulousain Amaury La Burthe. Le président directeur général. Un fou de son. Obsédé des vibrations. Dans les jeux vidéos, petit. Dans la musique, ado. Et dans les films, adulte.
Audiogaming, c'est le projet de sa vie. Pas pour l'aspect entrepreunarial mais parce qu'il peut "enfin" créer. Créer des sons de toute pièce. Vous voulez du vent ? Il vous demandera lequel. "Plutôt chaud, froid, doux, violent, agité, des tropiques ou de la banquise ? Notre banque de donnée de son est illimitée. Quasi inépuisable" explique Amaury La Burthe.
Grace à un logiciel, l'équipe d'Audiogaming reproduit les phénomènes acoustiques qui sont à l'origine de la création du son. Dans un premier temps ils enregistrent le "vrai" son. Ensuite, ils étudient son modèle sonore via un logiciel et le recréent de toutes pièces avant de le décliner sous de nombreuses formes. Ce sont finalement ces formes qui sont proposées à la vente.
Depuis son lancement en 2009, Audiogaming a développé 4 logiciels :
- Audiowind (vent)
- Audiorain (pluie)
- Audiomotors (moteurs)
- Audiosteps (pas)
- Audiofire (feu)
- Audioélec
- Audiospace (espace)
- Audioblender (mixeur)
Quentin Tarentino est déjà un adepte. La plupart des fonds sonores de Django Unchained ont été réalisés avec Audiowind. "Le plus difficile, c'est de les entendre" plaisante le PDG. Il s'explique : "Notre but est de recréer la réalité. Si vous distinguez qu'un son de vent est artificiel, c'est qu'on a échoué".Le plus difficile, c'est d'entendre nos sons"
Essayez de retrouver les sons Audiowind :
Si vous n'avez pas trouvé, voici l'explication :
Démocratisation du son
L'avantage (ou l'inconvénient, c'est selon), c'est qu'avec Audiogaming, tout le monde peut faire du - bon - son. Pas besoin d'être un bruiteur professionnel, ni d'avoir 30 ans d'expérience. Le logiciel est d'une facilité d'utilisation déconcertante. Exit tous les ingé sons qui travaillent dans l'audiovisuel ? Amaury La Burthe se défend : "Ca va dans le sens de l'histoire. Aujourd'hui on peut créer tout plein de choses tout seul". Audiogaming peut servir au cinéma, au spectacle vivant, ou aux jeux vidéos. Dans Type:rider, développé par Arte, les sons permettent d'améliorer l'expérience auditive des joueurs. C'est d'ailleurs via les jeux vidéos que tout a commencé, pour Amaury La Burthe.
RT @Type_Rider •• La bande originale de Type:Rider (crée par @AudioGaming) est en écoute sur Soundcloud http://t.co/YoY6h361OG
— M-Hélène Branciard (@mhb_numerik) 8 Octobre 2013
La France, c'est le meilleur endroit pour créer"
Qui est Amaury La Burthe ?
Le Toulousain a étudié à l'Université Paul Sabatier. Après un master à l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique à Paris, il travaille chez Airbus. Puis s'envole vers Montréal pour travailler chez Ubisoft. Là, il gère toute la partie Design Audio des jeux vidéos. Pendant 4 ans, il apprend, développe son intérêt et précise ses ambitions. "Il me manquait la partie recherche scientifique. J'avais besoin d'ajouter cette branche à mon arc".En 2008, il revient à Toulouse, rejoint la FrenchTech Toulouse et se lance ainsi dans la deuxième région française (après l'Île-de-France) pour les TIC, Technologies de l'information et de la communication. Pour lui, la France est le meilleur endroit où créer.
"Bien sûr, cela aurait été plus simple de développer ma boite aux Etats-Unis, mais je n'aurais pas eu l'environnement qui me donne envie d'innover. La sécurité sociale pour commencer, mais pas seulement. Il y a aussi l'offre culturelle, la qualité de vie... On peut faire des choses géniales en France, sauf que tout le monde part à l'étranger".
Avec AudioGaming, Amaury La Burthe réussira peut-être à faire retenir cet air aux entrepreneurs français...