Budget 2025. "C'est l'éleveur qui va payer", mobilisation historique de la filière hippique, "journée morte" sur tous les hippodromes

Le monde des courses hippique est en grève ce jeudi 7 novembre 2024, une première dans le milieu. Une journée "filière morte" contre une nouvelle taxation qui la priverait d'une somme de 80 millions d'euros. Chez les éleveurs comme dans les hippodromes, c'est l'inquiétude.

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La filière hippique proteste contre une hausse de la fiscalité prévue dans un amendement au projet de budget de la Sécurité sociale. Si l'amendement a bien été rejeté, il pourrait revenir sous une autre forme ou via le 49.3. Cette mesure pourrait faire disparaître de nombreux élevages.

Inquiétude chez les éleveurs

Le cheval, c'est la passion de Mehdi Benmessaoud. Il élève près de Bessières (Haute-Garonne) des équidés depuis une quarantaine d'années, essentiellement des pur-sang arabes. Cette année, il y en a 16 mais si demain ce projet de taxer de 6% les gains hippiques s'appliquait...

"Lorsqu’un cheval prend des gains, on nous donne 20 %, c’est très bien", explique Mehdi. "Si on nous taxe de 6 % ce sera compliqué de continuer. On a les mêmes problèmes que les autres filières agricoles avec l'augmentation du prix de la nourriture, du maréchal-ferrant, du vétérinaire. Ça devient catastrophique au point de presque mettre la clé sous la porte."

Dans son pré, il regarde les chevaux avec son ami Alain Benarrous. Le projet de hausse de fiscalité sur les paris hippiques l'inquiète beaucoup. "La taxe va impacter le montant total des enjeux. France galop, qui organise les courses devra trouver de l’argent ailleurs. Le seul endroit où ils peuvent en trouver c’est de baisser le montant des gains en courses. Le propriétaire qui va gagner touchera moins d’argent, il mettra moins de chevaux à l’entraînement, l’entraîneur perdra une partie de son salaire, les jockeys auront moins de courses à faire et à la fin, c’est l’agriculteur-éleveur de base qui va payer. Il se retrouvera avec des chevaux difficiles à vendre ou qui pourront plus courir."

Pas de courses à la Cépière ce jeudi

L'hippodrome de La Cépière à Toulouse emploie une quinzaine de personnes. Ce jeudi 7 novembre, il n'y avait pas de courses prévues. Du jamais vu depuis la crise du Covid.

L'hippodrome se prépare pour les courses du lundi 11 novembre, avec un quinté +. Un jour de courses, c'est une centaine de personnes au travail. Alors, cet amendement, qui pour l'heure a été rejeté a de quoi inquiéter. Il prévoyait d'augmenter la taxe sur les produits bruts des jeux de paris hippiques de 6,9% à 7,5%, cela concernerait le PMU et les hippodromes. Pour les paris en ligne, elle passerait de 6,9% à 15%.

Toute la filière hippique serait donc impactée. "Elle représente 40 à 60 000 emplois, reconnaît Marc Pozza directeur technique de l’hippodrome de Toulouse. C’est l’éleveur, le propriétaire, le jockey et tous les emplois indirects comme les vétérinaires, les maréchaux-ferrants et les hippodromes car nous vivons de subventions, qui sont prises sur les enjeux des PMU. Nous ne sommes pas allés à la manifestation de Paris car nous avons des courses lundi mais il y a des Toulousains : des éleveurs, des administrateurs et des entraîneurs qui étaient dans le cortège de cet après-midi."

Cette journée sans courses et cette manifestation sont inédites. À l'issue de la manifestation, une délégation a rencontré plusieurs députés pour signifier leur mécontentement. Les professionnels espèrent une réponse rapide du gouvernement. Le ministre du Budget s’est dit opposé à cette réforme mais la filière craint que ce projet revienne.

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