"C'est inexcusable" : virés en plein Covid, des ex-salariés d'Altran demandent réparation aux prud'hommes pour licenciement abusif

Au tout début de la pandémie de Covid-19, l'entreprise Altran avait mis fin à la période d'essai d'au moins 16 salariés sur son site de Toulouse (Haute-Garonne). Parfois même avant que leur contrat ne démarre. Une procédure abusive pour les responsables syndicaux et les anciens salariés. Une première audience se tient le 9 octobre devant les prud'hommes de Toulouse.

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"Ça fait trois ans que je compte les jours, j'ai envie de comprendre", admet A., une ancienne salariée d'Altran, qui souhaite rester anonyme. Pour elle comme pour ses anciens collègues, l'audience du 9 octobre devant les prud'hommes sera l'occasion d'obtenir la reconnaissance qu'elle n'a pas eu. 

Consultante et chef de projet, A était salariée depuis cinq mois lorsqu'elle a reçu un coup de fil de son manager, le lundi 16 mars 2020. "Il m'a expliqué qu'Altran mettait fin à ma période d'essai, qui venait pourtant d'être renouvelée pour quatre mois supplémentaires, se souvient la jeune femme. J'ai demandé si c'était un problème de compétence, il m'a avoué que non, c'était lié au Covid."

Le Covid comme "prétexte"

Une décision "inexcusable" pour Charles Boury, délégué syndical CGT chez Altran. "L'entreprise bénéficiait de l'activité partielle, utilisée à grande échelle à l'époque." Pour lui, l'explication du Covid ne tient pas, elle n'est qu'un prétexte. 

A. de poursuivre : "La mission que j'exerçais à ce moment là pouvait très bien se poursuivre en télétravail, sans rupture. C'est un licenciement abusif, déguisé en problème économique." Avec un crédit automobile et un enfant à charge, A. s'est retrouvée au chômage en pleine pandémie.

Elle n'est pas la seule. L'entreprise Altran, connue désormais sous le nom Capgemini Engineering, spécialisée dans la sous-traitance en ingénierie, a mis fin à la période d'essai d'au moins 16 salariés sur son site de Toulouse-Blagnac, et d'une dizaine d'autres à Paris. 

"Certains n'avaient même pas commencé leur premier jour de contrat que leur période d'essai a pris fin, rappelle Charles Boury. D'autres, n'ont pas pu toucher le chômage puisqu'ils avaient démissionné de leur ancien emploi pour venir travailler chez Altran. Ils se sont retrouvés sans rien, en pleine crise sanitaire."

Le reportage tourné à l'époque par France 3 Occitanie : 

Un pic de fin des périodes d'essai

Si A. a eu la confirmation orale qu'elle n'était pas remerciée pour un problème de compétences, d'autres ont reçu un courrier assurant le contraire.

En 2020, un ex-salarié d'Altran témoignait, après avoir reçu une lettre mettant fin à sa période d'essai car elle était "non-concluante" : "Sur quoi ils se basent ? Je ne sais pas. J'ai été embauché sur une mission, elle a été reportée d'un mois et demi. Je n'ai même pas été jugé sur mes compétences."

Charles Boury a fait partie de ceux qui ont mené une enquête interne, pour essayer de retrouver tous ces salariés remerciés. "On a pas eu accès aux dossiers par la direction, il a fallu retrouver les gens sur les réseaux sociaux. Mais on constate clairement un pic dans les ruptures de périodes d'essai en mars-avril 2020."

Après avoir envoyé un courrier d'alerte à la direction d'Altran sur le sujet, Charles Boury s'est vu adressé un "merci pour votre signalement" en guise de réponse. Il n'aura plus d'autres retours sur ce sujet. "Il y a un déni de la part de l'entreprise", assure-t-il. 

Pour A., comme pour les autres, le 9 octobre sera l'occasion de demander réparation. "On veut obtenir une compensation financière, au moins équivalente à celle d'un vrai licenciement économique", soutient le délégué syndical. Le dossier présenté devant le tribunal concerne 12 ex-salariés.

L'entreprise Altran n'a pas répondu à nos sollicitations. 

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