Du gel hydroalcoolique fabriqué par le groupe de luxe LVMH, a été retrouvé dans les rayons d'un commerce de Toulouse. Ce produit destiné gratuitement aux hôpitaux français est pourtant interdit à la vente. Une erreur selon l'enseigne qui explique qu'il était réservé à ses collaborateurs.
Sur la photo, diffusée largement sur les réseaux sociaux, la mention "gel hydroalcoolique sans rinçage pour les mains - LVMH" apparaît très distinctement sur les flacons d'un rayon de supermarché. Depuis mardi soir, cette image provoque l'indignation car ce produit fabriqué gratuitement par le leader mondial du luxe est normalement destiné uniquement aux hôpitaux et interdit à la vente.
Du gel hydroalcoolique fabriqué par @LVMH qui en a fait don aux hopitaux (ne peut être vendu précisé sur l’etiquette) et qui se retrouve dans les rayons d'un @CarrefourFrance City à un prix non réglementaire ! cc @bompard @dgccrf pic.twitter.com/16Lo9Xycfx
— François-Loïc Pichard (@flpichard) May 26, 2020
Vente et prix illégaux
Laurent Filoche, pharmacien et président de L'Union des Groupements de Pharmaciens d'Officine (UDGPO), ne cache pas sa colère : "La communication de LVMH indiquait clairement que ce gel était destiné exclusivement aux hôpitaux et qu'il était hors de question de le vendre à des groupes commerciaux."Une situation d'autant plus difficile à accepter pour ce pharmacien que le prix de vente ne respectait pas le montant maximum fixé par décret pour ce produit. Vendu 9,50 euros le flacon de 500 ml, le tarif n'aurait pas dû dépasser les 6,50 euros...
Face à la pression provoquée par cette polémique, Carrefour, propriétaire de l'enseigne de ce magasin, a rapidement plaidé l'erreur et annoncé le retrait de la marchandise des rayons. "Le gel a été retiré ce matin du rayon. Il était destiné à nos collaborateurs et n'aurait pas du se retrouver à la vente. Il s'agissait d'une erreur du magasin, c'est corrigé." a expliqué la grande surface dans un tweet.
LVMH fournit aussi du gel hydroalcoolique au Groupe Carrefour. Ensuite nous le distribuons gratuitement à nos magasins pour leurs collaborateurs. (2/2)
— Carrefour (@CarrefourFrance) May 27, 2020
Du gel fourni à toute la grande distribution
Il suffit de se rendre dans un Carrefour City pour constater qu'à l'entrée de ces magasins du gel LVMH est mis à disposition de la clientèle. Contactée par France 3 Occitanie, la communication de Carrefour précise que "LVMH a fourni du gel à l'ensemble de la grande distribution".Une information confirmée par la direction de LVMH : "Les gels ont été fabriqués et distribués à l’AP-HP ainsi qu’à d’autres structures de santé, certaines autorités comme la préfecture de police de Paris ainsi qu’à certaines entreprises en première ligne pour leurs collaborateurs. C’était par exemple le cas d’Air France qui assurait les vols de rapatriement mais aussi de certains acteurs de la grande distribution." Le groupe de luxe ne précise pas pour le moment, si, au même titre que les hôpitaux, ce gel hydroalcoolique a été offert ou vendu à ces enseignes.
L'une ou l'autre de ces deux hypothèses ne conviennent pas à Laurent Filoche : "Pourquoi leur fournir gratuitement ? Carrefour a les moyens d'acheter du gel pour ses employés et pour sa clientèle. Ils ne sont pas prioritaires. Il y a encore pas mal aujourd'hui de structures de santé ou d'Ehpad qui manquent de gel hydroalcoolique. Il faut être cohérent : soit c'est un véritable don soit ce n'est que de la communication et du business pour LVMH. Tout cela brouille leur communication."
Deux poids, deux mesures ?
Une réaction d'autant plus virulente que depuis le début de la crise sanitaire, les pharmaciens ont engagé un bras de fer avec la grande distribution au sujet par exemple du gel mais aussi des masques."Nous avons l'impression qu'il y a deux poids deux mesures dans la situation actuelle. Nous, pharmaciens, sommes particulièrement contrôlés et nous avons l'impression que les grandes surfaces se permettent de ne pas respecter les règles où les prix."Un magasin de Montauban a ainsi vendu 29,90 euros le lot de masques pourtant réservés aux salariés du groupe, comme le montrent ces photos ci-dessus. De simples "ratés durant une crise sanitaire exceptionnelle" selon les représentants de la grande distribution.