Coronavirus : le chef étoilé de Toulouse Michel Sarran en appelle à Emmanuel Macron

Les annonces d'Emmanuel Macron sur le prolongement du confinement et l'impossibilité d'accueillir du public avant mi-juillet pour le secteur du tourisme ont renforcé les inquiétudes du secteur de la restauration. Le chef étoilé Michel Sarran lance un appel à l'aide au président de la République.

Il a choisi de s'adresser directement à Emmanuel Macron. Le chef toulousain et doublement étoilé, Michel Sarran, l'interpelle en vidéo sur les réseaux sociaux, au lendemain de ses annonces sur le prolongement du confinement. Il lui demande des aides et des engagements pour un secteur qui emploie plus d'un million de personnes en France. "Monsieur le Président, nous aimerions quelques garanties, quand même, parce que sinon, de nombreuses maisons ne rouvriront pas, de nombreuses personnes se retrouveront au chômage et ça, nous ne le voulons pas" lui dit-il dans un message publié sur Instagram et sur twitter :

Un très large écho

Son message a trouvé un large écho médiatique mais a aussi suscité énormément de réactions au sein de la profession. "Je ne pensais pas que ça ferait un tel effet" témoigne ce jeudi Michel Sarran. "J'ai eu des centaines de messages de chefs, de restaurateurs, qui me remercient d'avoir été le porte-parole d'une profession. Il faut bien savoir que je suis indépendant, je ne suis pas membre d'un syndicat. Je parle au nom d'une profession qui se pose plein de questions. Aujourd'hui, je me fais l'écho de nos angoisses, de nos craintes. On veut des engagements réels. On ne veut pas des promesses."

Le Président nous a dit : le tourisme, l'évenementiel, vous allez attendre un peu. Je ne suis pas habilité à parler de la pandémie, je ne suis pas scientifique, je ne me prononce pas sur l'aspect sanitaire. Je veux juste savoir comment on va faire pour tenir et comment on va faire pour donner de l'oxygène à nos entreprises. 

poursuit Michel Sarran.
 

Quatre mois de fermeture à l'horizon

Dans ses deux restaurants toulousains, Michel Sarran emploie "une petite centaine de personnes" et s'inquiète aujourd'hui de l'avenir. "Si on rouvre mi-juillet, c'est quand même 4 mois de fermeture" dit-il "et pendant ce temps-là, on doit continuer à payer notre personnel. Certes 84% du brut est pris en charge par l'Etat, mais sur la base de 35 heures alors que nous sommes sur 39 heures. La différence, c'est nous qui la payons et on paie les cotisations sociales sur cette différence. Aujourd'hui, on a besoin d'éclaircissements sur la réouverture. Pourra-t-on rouvrir totalement nos établissements ou devrons nous les ouvrir à moitié pour des raisons sanitaires ? Si c'est le cas, le chômage partiel sera-t-il encore pris en charge par l'Etat ? Et compte-tenu de la fragilité de nos structures, on a besoin d'aides et d'un engagement des assurances." 

L'appel à l'aide des restaurateurs

Un engagement des assurances, c'est ce que demande depuis plusieurs semaines déjà l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH). En Occitanie, elle représente 30 000 établissements et plus de 100 000 salariés à temps plein. Des établissements aujourd'hui "en grand danger" selon Philippe Belot, le vide-président général de L'UMIH de Haute-Garonne. "On essaie d'alerter tout le monde depuis le début de la crise. Les cafés, les hôtels, les restaurants, les discothèques, ce sont tous les acteurs de nos métiers qui vont être les plus touchés."

On a été le premier et le seul secteur à faire l'objet d'une fermeture totale et d'après ce que nous a dit Emmanuel Macron lundi, nous serons les derniers à rouvrir mi-juillet. Cela va être un drame économique pour beaucoup d'établissements.

dit encore Philippe Belot.

Si les restaurateurs ont déjà fait appel au chômage partiel, sur la base de 35 heures, la situation reste cependant compliquée selon lui, dans un secteur où les salariés travaillent en moyenne jusqu'à 41 heures. "Pour les salariés, c'est déjà une perte de 25 à 30 % en moyenne par mois. C'est très difficile et ça va durer 4 mois." Et il reste le problème des charges : "le premier problème, ce sont les loyers. On ne peut pas légalement cesser de les payer. Il y a aussi les intérêts des crédits, le matériel en leasing... Il y a beaucoup de choses qu'on continue à payer. On nous parle de report de charges mais ce n'est pas une solution : si on les reporte, il faudra bien les payer après. Avec quel Argent ?"
 

Les assurances dans le collimateur des restaurateurs

Si c'est vraiment la guerre, comme l'a dit Emmanuel Macron, alors on demande au monde de l'assurance de faire un effort de guerre et de redistribuer ses dividendes." Philippe Belot

Outre l'Etat, la profession en appelle aux assureurs. Les pertes d'exploitation pour raison sanitaire ne sont pas comprises dans les contrats et la catastrophe sanitaire n'a pas été reconnue comme une catastrophe naturelle mais l'UMIH aimerait que les compagnies d'assurances se montrent plus solidaires. "Ce qu'on demande, c'est que les assurances redistribuent leurs bénéfices. Ils étaient estimés à 12 milliards d'euros en 2018. 12 milliards d'euros ! Et les assurances proposent de donner seulement 200 millions d'euros au fonds de solidarité. C'est d'un cynisme inacceptable. On ne veut en aucun cas ruiner les assurances mais on leur demande de donner une partie de leurs dividendes, de faire une année blanche pour sauver des entreprises."
Un appel relayé dans toute la France et sur tous les réseaux sociaux : des chefs se prennent en photo dans leur restaurant avec un seul message : "assurez-nous ou vous nous perdrez".
Tous ces restaurateurs, comme Michel Sarran, demandent aux assureurs d'agir. Et au besoin, à l'Etat de faire pression sur eux. "L'Allemagne l'a bien fait" dit le chef toulousain, "pourquoi pas la France ?"
 
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