En février dernier, Jérôme Bréant a entamé une reconversion professionnelle mais le coronavirus a freiné son élan, notamment pour trouver une entreprise dans laquelle effectuer la mise en application de la formation. Ce lundi 8 juin, il a couru 60 kms pour déposer des CV, entre Cazères et Toulouse.
Jérôme Bréant a 37 ans. Et pas de temps à perdre.
En février 2020, cet habitant de Cazères, en Haute-Garonne, entame une reconversion professionnelle et entame une formation de gestionnaire de paie à l’Ifocop (spécialiste de la formation tertiaire en alternance pour adultes) de Toulouse. Jusque-là, tout va bien.
Des formations perturbées, des diplômes en sursis
Mais la crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus vient sérieusement compliquer les choses. La formation ne peut plus se faire en "présentielle", elle se poursuit à distance, les étudiants s'adaptent. Mais là où les choses se corsent vraiment, c'est maintenant. La formation à proprement parler est terminée, il faut maintenant la valider par une mise en application de quatre mois en entreprise. Or celles-ci sont à l'arrêt, ou tout juste en reprise, certaines encore en télétravail. Après de nombreuses semaines de confinement, elles n'ont pas forcément la tête à l'accueil et à la prise en charge de stagiaires.
Fort de ce constat, Jérôme Bréant a décidé de prendre le taureau par les cornes. Et de se faire remarquer. Ce lundi 8 juin 2020, il a couru entre Cazères et la place du Capitole à Toulouse, pour déposer son CV dans diverses entreprises. "J'ai besoin d'un stage pour valider mon diplôme et trouver une entreprise à la suite", explique-t-il. "Pour me faire remarquer, j'ai décidé de courir pour déposer mes CV, pour sortir du lot et avoir un entretien. Cela met en avant des qualités de motivation, de détermination. C'est difficile de le retranscrire dans une lettre, moi je préfère le montrer directement par des actes".
J'espère qu'on va me remarquer et qu'on va me donner une chance d'avoir un entretien, c'est tout ce que j'espère
Faire la différence
Parti de Cazères à 3h30 du matin, Jérôme Bréant a frappé à la porte d'une entreprise de Muret, en Haute-Garonne. Et sa démarche n'est pas passée inperçue. "Je trouve ça très courageux", estime Sophie Ould'ali, responsable des ressources humaines à Cerfrance, à Muret. "Cela montre une certaine détermination et une motivation quant à sa recherche d'emploi de gestionnaire de paie. Et c'est ce qu'il nous faut, je dirais, parce que des profils un peu atypiques, c'est toujours intéressant, c'est une force de caractère et c'est ce qu'on recherche".
Oui, il a une chance de décrocher un stage sachant qu'on recherche justement des gestionnaires de paie donc ça peut être une solution pour nous, et une opportunité d'être embauché en CDI par la suite, si tout va bien
"Montrer sa différence, c'est important", renchérit Christophe Gasc, le directeur régional Cerfrance Gascogne Occitanie. "Aujourd'hui, il y a beaucoup de demandes et montrer en quoi on peut être différent, ça compte".
Jérôme Bréant a continué son marathon jusqu'à la place du Capitole à Toulouse. Comme lui, des milliers d'étudiants, en reconversion ou non, sont en attente d'un stage ou d'une alternance pour valider leurs diplômes. Le gouvernement a demandé aux entreprises de ne pas les oublier mais dans cette reprise progressive de l'activité en France, beaucoup d'incertitudes demeurent...
Voir le reportage de Karen Cassuto et Serge Djian, de France 3 Occitanie :