Crise de la coriandre en Occitanie : les discussions entre agriculteurs et préfecture dans l'impasse

Pour la PAC 2024, tout agriculteur faisant une conversion en agriculture biologique pour cultiver la coriandre devait toucher 900 € par hectare. Une aubaine pour des agriculteurs en difficulté. Seulement voilà, devant un tel engouement, le préfet d'Occitanie a décidé de plafonner ces aides à 2 700 €. Malgré une réunion cette semaine avec les syndicats, la situation est toujours bloquée.

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Mardi, certains syndicats comme les Jeunes Agriculteurs (JA) ou la FDSEA avaient rendez-vous à la préfecture de Haute-Garonne et d'Occitanie à Toulouse pour tenter de sortir du conflit. Ça n'a pas été le cas.

Des aides promises qu'il faut revoir

Lors de la déclaration pour la PAC 2024, bon nombre d'agriculteurs d'Occitanie ont mentionné la culture de coriandre. En effet, la conversion à l'agriculture biologique (CAB) qui permet d'aider certains agriculteurs pour produire certaines cultures promettait une subvention de 900 €/ha, plafonnée à 20 hectares par producteur, soit 18 000 € maxi. Autant dire qu'en temps de crise agricole, certains agriculteurs ont fait ce choix pour améliorer leur situation.

Devant un tel engouement soudain, certaines préfectures comme celles d'Occitanie ou de Nouvelle Aquitaine ont dû plafonner ces aides. Par arrêté préfectoral du mois d'août 2024, les aides sont plafonnées à 3 hectares et donc 2 700 €. Les agriculteurs ayant planté ce condiment sont vent debout car ils comptaient sur ces aides promises. Selon un communiqué publié aujourd'hui, la préfecture d'Occitanie indique que si le montant prévu était versé, ces aides "consommeraient plus de crédits que l'enveloppe allouée au territoire régional toutes productions confondues."

Le préfet propose une avancée : augmenter le plafond à 9ha au lieu des 3 initialement prévues dans l'arrêté préfectoral du 19 août 2024. Une proposition qui ne concernerait que les jeunes agriculteurs et qui resterait inchangée pour les autres. "C'est parfaitement insuffisant, répond Jean-Baptiste Gibert, responsable pour les JA de la filière bio en Occitanie. Nous avons quitté la réunion car cette proposition ne toucherait que 80 dossiers environ alors qu'il y en a plus de 500."

Les syndicats JA et FDSEA appellent les agriculteurs à ne pas se conformer à l’arrêté préfectoral et ne pas répondre aux Directions Départementales des Territoires qui vont les solliciter dans les prochains jours selon le communiqué de la préfecture d'Occitanie. 

Yann Casarin agriculteur dans le Gers a semé 27 hectares. Il explique à une équipe de France 2 son choix contraint : "ça fait 3 ans qu'on galère un petit peu. Il y avait cette possibilité avec la coriandre qui aurait permis de faire du bien à l'exploitation". "J'ai ensemencé de la coriandre pour dégager un revenu sans aléa du marché ou du climat", reconnaît un autre agriculteur gersois Xavier Duffau à Franceinfo.

Occitanie reine de la coriandre

L'Occitanie c'est 11 000 hectares de surface de coriandre en 2024 et plus de 50M€ d'aides.

  • 1/ Gers (environ 7 500 hectares)
  • 2/ Haute-Garonne (2 500 ha)
  • 3/ Tarn-et-Garonne (près de 1 700)

Dans le Gers, plus de 450 exploitations seraient concernées, et pour 170 d'entre elles, le bio ne concerne que la coriandre. Or, cette soudaine hausse de la culture de coriandre ne répond pas à une hausse de la consommation. D'ailleurs certains champs de coriandre plutôt que d'être moissonnés ont été directement broyés. On peut donc parler d'opportunité, d'effet d'aubaine "déconnecté des réalités du marché" comme le souligne la préfecture d'Occitanie mais c'est aussi le reflet d'une agriculture en crise qui cherche des solutions.

Est-ce aux agriculteurs de payer la facture de ce retournement de situation ? "C'est l'Etat qui faillit à sa parole, qui remet la règle en cause en cours de campagne, c'est inadmissible", déclare le président de la chambre d'agriculture du Gers Bernard Malabirade. "J'ai semé ma coriandre le 19 avril", explique Xavier Duffau à Franceinfo. "Décider cela le 19 août, ce n'est pas possible. On ne peut plus changer de culture maintenant. On n'est pas des voyous. On a rempli notre part du contrat. À eux de remplir la leur."

Si les JA, la FDSEA et la Coordination rurale soutiennent les agriculteurs tentés par cette nouvelle culture, ils reconnaissent que cette mesure ne doit pas être poursuivie l'an prochain.

En attendant, il va falloir trouver une solution. "Certes, nous avons d'autres préoccupations, reconnaît Jean-Philippe Gibert des JA du Tarn-et-Garonne. Mais cette situation est loin d'être anecdotique."

Au moment où l'on reparle de barrages, le dossier coriandre n'est qu'un élément de plus de la colère du monde paysan.

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