"C'est une promesse non tenue" : la coriandre bio, de bon plan à fausse bonne idée : les agriculteurs floués par la baisse soudaine des aides

Un certain nombre de cultivateurs de la région ont choisi la culture de la coriandre bio dans le cadre des aides à la conversion à l'agriculture biologique (CAB). Après la récolte, c'est la douche froide puisque la préfecture d'Occitanie a décidé de baisser les plafonds des aides.

Près de 12 000 hectares de coriandre bio ont été semés en Occitanie en mars dans l’objectif, pour certains cultivateurs, de sauver des exploitations en obtenant l’aide à la conversion des terres en agriculture biologique. Annoncée à hauteur de 900 euros l’hectare, les agriculteurs misaient sur cette aide. La récolte a commencé fin août, mais les agriculteurs découvrent que la préfecture de région Occitanie a décidé de baisser les plafonds de cette aide.

L’agriculture traverse, depuis des années, de grosses difficultés. Certains exploitant avaient misé sur la culture de la coriandre bio pour essayer de sauver leur trésorerie et donc leur exploitation. Cette culture méditerranéenne est aujourd’hui adaptée à notre climat.

Dans le cadre de l’aide à la conversion en agriculture biologique (CAB), les montants à l’hectare varient en fonction de la production choisie (sources PAC 2023), par exemple :

  • 350 euros/hectare sur 5 ans pour les céréales, cultures annuelles
  • 900 euros/hectare sur 5 ans pour le maraîchage, arboriculture, plantes aromatiques et médicinales (inclus la coriandre)

Cette année, le choix pour la culture de la coriandre bio a quadruplé dans le Gers par rapport à l’an passé.

Le 6 juin, il y a eu une commission céréales en région, où la région s’est rendu-compte qu’il n’y avait pas assez d’argent pour payer la coriandre. L’administration a juste oublié de prévenir les agriculteurs le lendemain, parce que sinon les agriculteurs auraient ressemé quelque chose à la place de la coriandre.

Christope GARROUSSIA – membre de la commission bio de la Coordination Rurale du Gers


Itw FTV Marie Hollender

Enzo Theye, jeune agriculture de 22 ans, installé depuis janvier à Ladevèze-Ville (Gers) a semé 38 hectares en mars dans l’optique d’obtenir 34 000 euros d’aide et découvre que celle-ci sera plafonnée à 3 hectares, donc 2 700 euros au final.

« C’est une promesse non tenue. On est déjà engagé depuis 8 mois, savoir qu’aujourd’hui, sans l’aide, je commence avec un chiffre de – 31 000 euros. On demande que les aides soient maintenues au moins pour 2024, çà aurait pu être annoncé avant.»

Enzo THEYE - jeune agriculteur

Itw FTV Marie Hollender

Les terres ont été cultivées, la récolte se termine et la déconvenue est totale. Dans le Gers, ils sont 365 producteurs concernés par cette baisse de plafond, pour 470 hectares. Selon Bernard Malabirade  (président de la chambre d’agriculture 32), cela représente une perte de 4 200 000 euros rien que pour l’agriculture gersoise.

De son côté, la préfecture de la région Occitanie explique cette décision dans un communiqué, le 23 août 2024 :  "cette forte progression des surfaces de coriandre ne répond pas à un besoin actuel de la filière : une grande partie des parcelles est cultivée sans aucun débouché de valorisation sur le marché."

La préfecture de la région Nouvelle Aquitaine a pris la même mesure. Le ministère de l'Agriculture, contacté par Franceinfo, pointe "un détournement de l'aide à la conversion de l'agriculture biologique."

Cette aide à la culture de la coriandre biologique  sera désormais de 350 euros (contrat PAC 2025).

Selon Christophe Garroussia  – membre de la commission bio de la Coordination Rurale du Gers, il s'agit d'une culture : "faite par désespoir, on (les agriculteurs) préférerait faire du tournesol, du blé, du soja, le problème, c'est que les marchés du bio se sont effondrés (sauf quelques marchés de niche comme le soja alimentaire). Mais aujourd’hui on (les agriculteurs) cherche par tous les moyens du revenu, c’est çà avant le RSA (revenu de solidarité active), y a pas trop de solution.»

En plus de la catastrophe économique annoncée pour les agriculteurs concernés, 

 Ce procès fait aux agriculteurs est tout à fait scandaleux. 

Bernard MALABIRADE – président de la chambre d’agriculture du Gers

Itw FTV Virginie Beaulieu

Il tient à souligner que c'est la première fois en France que des terres converties en agriculture biologique sont sans accompagnement public. Les chambres d’agriculture de la Haute-Garonne, du Gers et du Tarn-et-Garonne devraient prochainement faire un recours auprès du tribunal administratif afin de "faire respecter le contrat de production passé entre les agriculteurs et l’État dans le cadre de cette aide".

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