En un an, la crise du Covid a eu de graves répercussions économiques sur les entreprises : beaucoup sont "sous perfusion" grâce à tout un arsenal d'aides pour les maintenir à flots ; mais un jour, il leur faudra faire face à une forte pression sur leur trésorerie. La solution : l'accompagnement.
La pandémie du Covid-19 a frappé la France de plein fouet il y a juste un an. De confinement en couvre-feu, elle a eu des impacts économiques, sociaux et psychologiques qui se prolongent, malgré le déploiement progressif de la campagne de vaccination.
Dans de nombreux secteurs, l'activité des entreprises a subi sinon un coup-d'arrêt (bars-restaurants, culture, loisirs, etc) du moins un fort ralentissement.
Pour éviter des faillites en rafale et leur cortège de suppressions d'emplois, un certain nombre de mesures d'accompagnement économique et social ont été prises :
- prêts garantis par l'Etat (PGE) pour maintenir à flot leur trésorerie
- chômage partiel indemnisé à 85% des salaires pour éviter les licenciements
- aides et subventions de toutes sortes de la part des Conseils régionaux et départementaux, des communutés d'agglomération et des municipalités
- report du paiement des charges fiscales et sociales, ainsi que des échéances d'emprunts déjà souscrits.
Anticipation
Mais un jour, dans un avenir plus ou moins proche, la plupart de ces aides il faudra les rembourser.
Des entreprises ont accumulé une "montagne de dettes" : les PGE, les charges fiscales et sociales, les échéances de crédit reportées, le problème c'est qu'il faudra les payer simultanément. La reprise d'activité risque de ne pas suffire à relâcher la situation tendue dans laquelle sera placée leur trésorerie. Leur capacité d'investissement sera obérée pour une période pouvant aller de 36 à 60 mois (3 à 5 ans). Une seule solution : l'anticpiation.
Au Tribunal de Commerce de Toulouse le nombre de "procédures collectives" (dépôt de bilan, cessation de paiements, redressement ou liquidation judiciaire) a diminué de 42% en 2020 par rapport à 2019, mais c'est une baisse en "trompe-l'oeil".
Maintenues "sous perfusion" par l'arsenal d'aides énumérées ci-dessus, les entreprises vont connaître les plus graves difficultés économiques à partir du second semestre de cette année.
Prévention
Le message qu'ont décidé de faire passer leur organisme tutélaire - la Chambre de Commerce et d'Industrie de Toulouse haute-Garonne - en partenariat avec le Tribunal de Commerce (lui aussi au statut "consulaire") est celui de la prévention : ne pas attendre de faire face au summum des difficultés financières pour ouvrir la porte de la prévention.
Nous avons créé une "cellule de crise" dès le 9 mars 2020 : les entreprises en difficulté peuvent y avoir un entretien avec un expert. Par ailleurs, il existe depuis des années un "club des pairs" : il compte une quinzaine de chefs d'entreprises qui ont traversé ces difficultés ; ils comprennent mieux, donc ils conseillent mieux.
L'un des premiers conseils, c'est d'aller pousser la porte du Tribunal de Commerce : ici aussi des magistrats assurent un rôle de conseil et de prévention ; c'est d'ailleurs également le cas dans les services des impôts, qui disposent d'une même commission.
Transparence
Ce vendredi matin 26 février, les présidents de la CCI et du Tribunal de Commerce ont signé une convention de partenariat pour mener des actions conjointes au service des entreprises en difficulté.
Signature d'une convention ce matin en faveur des entreprises en difficultés entre la @CCI31 et le Tribunal de Commerce de Toulouse. Sollicitez un rdv à la CCI avec un juge délégué à la prévention. #sensibilisation #prévention #difficultés pic.twitter.com/KqtMIJ2kF6
— CCI Toulouse Haute-Garonne (@CCI31) February 26, 2021
Outre l'anticipation, le maître-mot c'est la transparence : le dirigeant d'une entreprise en difficulté est incité à faire appel à tous ces "outils", que ce soit à la CCI, au tribunal ou aux impôts, pour exposer ses préoccupations le plus clairement et le plus concrètement possible.
Le règlement des dettes fiscales, par exemple, peut faire l'objet d'un étalement, voire d'une atténuation des redressements ou autres pénalités de retard ; les interlocuteurs sont nombreux : outre CCI et Tribunal de Commerce, les experts-comptables, les banquiers, et même la Banque de France avec sa "médiation du crédit" qui se tient tous les jeudis matins, sont à même d'apporter conseils et assistance.
"Cet accompagnement se fait dans la proximité et le bienveillance" pour Philippe Robardey ; "il existe un arsenal de solutions "amiables" pour éviter les procédures collectives" souligne Laurent Granel.