Entre légendes et figure féministe, voici Lilith, le nouveau personnage du spectacle de la Machine, tant décrié par l'Eglise

Vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27 octobre, Toulouse accueille le 2e opus de son opéra urbain : Le gardien du temple - La porte des ténèbres. Un spectacle de la compagnie la Machine mettant en scène le Minotaure, l’araignée et un nouveau personnage : Lilith dont la venue provoque la polémique.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Il est devenu le gardien de la ville rose. Asterion, le Minotaure, sera de retour dans les rues toulousaines vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27 octobre. À ses côtés, Ariane l'araignée et une nouvelle venue : Lilith la femme scorpion. Libérée des enfers, elle ère désormais de ville en ville à la recherche d’âmes damnées et donne le ton du nouvel opus de cet opéra urbain, Le gardien du temple - La porte des enfers.

Mythes mésopotamiens et légendes juives

Les premières références à Lilith remontent à la mythologie mésopotamienne, où elle apparaît comme un démon femelle lié au vent et hantant les ruines aux côtés d'autres démons. Dans les légendes juives, elle est présentée un démon, séduisant les hommes et entraînant la mort des nouveau-nés. Dans la Kabbale (la tradition juive ésotérique), elle est la première femme d'Adam, créé à partir de la même argile que lui. Il refuse de la traiter comme son égal et elle se refuse à lui.

Les représentations de Lilith dans la religion catholique sont en revanche plus rares. "Peu de démons femelles sont représentés dans la Bible mais Lilith est l'un d'entre eux", précise l'abbé Georges Passerat, auteur et professeur émérite de l'institut catholique de Toulouse. "Il y a très peu de références à Lilith dans la Bible." 

Appropriation culturelle et figure féministe

Aujourd’hui, la figure de Lilith fait partie de l’imaginaire collectif. Littérature, peinture, sculpture, mais aussi cinéma, télévision, jeux vidéo ou musique, les arts reprennent régulièrement la figure de Lilith, notamment pour ses personnages maléfiques féminins. 

Mi-femme, mi-scorpion, une croix inversée comme boucle d'oreille et portant des cornes de bélier, la machine Lilith arrive d'ailleurs du Hellfest, le festival de métal de Clisson, près de Nantes. "Il faut la voir comme une comédienne", précise François Delaroziere, le directeur artistique de la Cie La Machine et de la Halle de la Machine.

Lilith l'ensorceleuse

"Elle est la gardienne des portes des ténèbres, une cerbère. Elle appartient au Hellfest. Elle a été imaginée pour eux, avec une esthétique qui correspond au festival comme ses cornes de bouc ou son corps de scorpion. Et elle vient jouer à Toulouse le rôle de Lilith." Un personnage choisit notamment pour sa force. "Lilith est l'égale d'Adam, c'est une indépendante qui a refusé de se soumettre." Au cours de cet opéra urbain monumental, Lilith ensorcellera Asterion (le gardien de Toulouse) et tentera d'ouvrir les portes des ténèbres.

Sa représentation est aussi régulièrement reprise par des mouvements féministes. Elle est alors symbole de l’indépendance des femmes : elle est l’égale d'Adam et donc des hommes, la première à en défier l’autorité, vivant sa sexualité sans but reproductif.

Polémiques religieuses

Une figure sombre, source de polémique à Toulouse depuis l’annonce du spectacle. Des internautes, mais aussi des religieux ont multiplié les oppositions depuis la sortie de l’affiche.

Églises en feu, créature mi-homme mi-animal, squelettes et un minotaure : les complotistes s'enflamment contre un spectacle urbain jugé satanique

L’archevêque de Kerimel organisait ce mercredi 16 janvier, une “consécration de la ville rose et du diocèse” à l’église du Sacré-Coeur, “le meilleur moyen de repousser les ténèbres”. En cause, l’utilisation de “symboles sataniques et ésotériques” ainsi que l’intervention de Lilith comme l’un des personnages principaux. 

Les Églises protestantes se sont elles aussi positionnées contre l’opéra urbain, le qualifiant “d’étrange idée” et appelant “les autorités locales à faire preuve de discernement dans le choix des événements culturels financés et soutenus par la collectivité.".

Une polémique inattendue pour François Delaroziere. "Je respecte toutes les croyances et je souhaite que l'on respecte mon théâtre", déclare-t-il. "Je suis dans la tolérance, et nous sommes dans une société laïque. Cette polémique ne sert pas l'église qui doit vivre avec son temps."

Lilith, Astérion et Ariane mèneront leur lutte du 25 au 27 octobre prochain dans les rues de Toulouse. 3 jours de représentations gratuites et ouvertes à tous.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information