Mineurs isolés : Eric Zemmour condamné à 10 000 euros d'amende pour provocation à la haine, quatre départements d'Occitanie étaient parties civiles

Lundi 17 janvier 2022, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Eric Zemmour à 10 000 euros d'amende pour provocation à la haine raciale, après ses propos sur les mineurs isolés qu'il avait qualifié de "voleurs, assassins et violeurs". Des associations anti-racistes mais également des départements, en charge de l'aide sociale à l'enfance qui accompagne ces mineurs, s'étaient constitués parties civiles.

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Les faits remontent au 29 septembre 2020. Eric Zemmour, le polémiste d'extrême-droite, participe en tant que chroniqueur à un débat sur les mineurs isolés sur CNews après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo. Il déclare alors : "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent". 

Quatre départements d'Occitanie parties civiles

Une trentaine d'associations s'étaient constituées parties civiles, dont SOS Racisme, la LDH (Ligue des droits de l'homme) et la Licra, ainsi qu'une vingtaine de conseils départementaux - les mineurs non accompagnés étant pris en charge par l'aide sociale à l'enfance, gérée par les départements. Parmi ces derniers, quatre départements d'Occitanie : le Gers, la Haute-Garonne, les Pyrénées-Orientales et l'Hérault.

Celui qui était encore président du conseil départemental du Gers, Philippe Martin, avait été à l'initiative de cette plainte avec son homologue de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel et avait déclaré à l'époque : "Il ne faut pas laisser accréditer la thèse selon laquelle ces jeunes que nous accueillons sont des délinquants, avec d’autres Départements, nous rappelons nos missions d’accueil et de solidarité, et ne laisserons pas la haine l’emporter".

"Les mécanismes de la haine"

La procureure de la République, qui avait requis 10 000 euros d'amende contre le polémiste le 17 novembre 2021, avait justement évoqué les "mécanismes de la haine", employés par Eric Zemmour et estimé que ses propos n'étaient pas un accident de langage et visaient la population immigrée.

Le tribunal correctionnel de Paris a suivi ses réquisitions, condamnant Eric Zemmour à 10 000 euros d'amende, avec possibilité d'emprisonnement en cas de non-paiement. Il a également condamné le directeur de publication de CNews, jugé au côté d'Eric Zemmour comme c'est l'usage dans les procès de presse, à 3 000 euros d'amende.

Dans un communiqué commun publié cet après-midi, 15 départements, dont le Gers, le Tarn-et-Garonne, le Tarn, la Haute-Garonne, les Pyrénées-Orientales, la Haute-Garonne et l'Aude, disent accueillir "avec satisfaction la condamnation prononcée", et considèrent même qu'il s'agit "d'une victoire pour la démocratie".

Cette condamnation prouve qu'on ne peut pas dire n'importe quoi impunément. Que la justice est là pour protéger des paroles les plus abjectes.

Communiqué commun de 15 conseils départementaux

Le président du conseil départemental de Haute-Garonne, Georges Méric, a lui aussi salué cette décision de justice : "Cette condamnation par la justice confirme la teneur antirépublicaine des propos d'Eric Zemmour. Il faut arrêter de penser que l’on peut dire tout et n’importe quoi, sous prétexte de faire le buzz dans les médias et sur les réseaux sociaux", a-t-il déclaré.

Nous devons combattre toutes les formes de dérives qui vont à l'encontre du vivre-ensemble. Les personnes qui attisent la haine et la division sont un danger pour notre République.

Georges Méric, président du conseil départemental de Haute-Garonne

Quant à Christophe Ramond, le président du conseil départemental du Tarn, il s'est félicité de la condamnation d'Eric Zemmour, tout en faisant le lien avec les récents propos polémistes du candidat sur les enfants souffrant de handicap et leur scolarisation. "Ne pas scolariser les enfants handicapés avec les autres enfants est profondément discriminant et contraire à ce que nous devons défendre : une société offensive dans la solidarité et dans le soutien aux personnes les plus fragiles", écrit-il ce lundi soir.

A quelques mois de l’élection présidentielle, cette condamnation nous rappelle que la solidarité et le respect de la différence doivent être placés au cœur de notre société, riche de ses diversités.

Christophe Ramond, président du conseil départemental du Tarn

Eric Zemmour fera appel

Le désormais candidat à l'élection présidentielle, qui n'avait pas assisté à son procès, a immédiatement fait savoir qu'il faisait appel de cette décision qu'il qualifie d'"idéologique et stupide". 

Le candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle a déjà été condamné à deux reprises pour provocation à la haine.
Il doit être jugé en appel jeudi pour contestation de crime contre l'humanité après avoir soutenu en octobre 2019 sur CNews que le maréchal Philippe Pétain avait "sauvé" les juifs français.

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