"La ferme de la désolation" à Eaunes, des associations de défense des animaux vent debout contre un éleveur de porc

"Tous les porcs sont atteints de gale, il y a un risque sanitaire réel". Des associations de défense des animaux ont porté plainte pour maltraitance animale contre un éleveur porcin à Eaunes, près de Toulouse. Révoltées, elles réclament la saisie de l'élevage par les services de l'Etat.
 

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Betty Loizeau, responsable de l’association "Agir pour les animaux" est la première à avoir déposé plainte contre un éleveur de porc dont la ferme est située sur la commune d’Eaunes près de Toulouse.
C’est une "vision d’horreur" qu’elle nous décrit : "j’ai trouvé une cinquantaine de cochons et sept chiens vivant dans des conditions sanitaires extrêmement alarmantes."
Les photographies et le constat sanitaire établi par une vétérinaire sont accablants.
La fondation Brigitte Bardot s’est constituée partie civile dans ce dossier. "Tout accable cet éleveur et le risque sanitaire est réel", car selon l'association ces animaux seraient destinés à la consommation humaine. Les associations demandent aujourd’hui la saisie de l’élevage, l’enquête est toujours en cours. 


"Des cadavres de cochons, des animaux malades qui se mangent entre eux"

C’est un voisin de l'éleveur qui a alerté Betty Loizeau, responsable de l’association "Agir pour les animaux". Le 8 avril dernier, elle  se rend sur le site et découvre avec effroi des animaux vivant dans des conditions sanitaires désastreuses.

ni eau, ni nourriture, l’hygiène est déplorable, la majorité des animaux sont sous-alimentés, présentant des traces de maladie.


Pour Betty Loizeau  les conditions de détention de ces animaux ne semblent pas être respectées. Dès le lendemain, le 9 avril, elle décide par le biais de l’association de déposer une plainte pour "sévices graves ou acte de cruauté envers un animal domestique, apprivoisé ou captif".
Suite à cette plainte, le 10 avril, dans le cadre d’une enquête préliminaire le substitut du procureur de la République dresse un procès-verbal de réquisition concernant l’élevage situé à Eaunes en Haute Garonne.
Ce procès verbal précise que "les animaux, cochons et chiens appartenant à l'éleveur seront pris en charge par l’association et que cette dernière en assurera les soins et le gardiennage".

La responsable de l’association récupère au refuge une petite partie seulement des animaux : les chiens et 5 cochons dans "un état catastrophique" :

ils étaient remplis de croûtes, l’un était rouge sang de gale, la colonne vertébrale saillante, certains avaient des traces de morsures et quand je les ai récupérés, ils se trouvaient au milieu de porcs affamés en train de se nourrir du cadavre d’un de leur congénère qui grouillait de vers!
 

La bénévole de la fondation Brigitte Bardot, Martine Fraisse, qui s'est portée partie civile dans ce dossier, ne mâche pas ses mots : "Vous savez j’étais présente lors du constat sanitaire mené par la vétérinaire, cela fait 7 ans que je défends la cause animale pour l’association, alors des cas désespérés j’en ai vu, mais là, il fallait vraiment avoir le coeur bien accroché!

Ce monsieur vend des cochons sous le manteau, les éléments du dossier sont accablants, il accumule les infractions, le risque sanitaire est grand, ces animaux sont destinés semble t-il  à la consommation humaine.


Des plaintes à répétition et des témoignages accablants

Une réquisition vécue aussi comme une délivrance pour le maire de la commune d’Eaunes, Daniel Espinosa, qui depuis trois ans tente de dénoncer ces pratiques d’élevage.

Cela fait deux ans et demi que je me bats contre cet élevage porcin. J’ai énormément de plaintes de voisinage pour vagabondages réguliers d’animaux, hurlement des chiens et cris incessants des porcs.
J’ai fait tout le nécessaire auprès de la sous préfète qui a fait remonter les informations au procureur, je travaille avec les gendarmes, j’ai envoyé les services de l’Etat et de l’urbanisme car ce monsieur est locataire, j’ai tout essayé. 

Il était présent le jour du constat établi par la vétérinaire :

je peux vous dire que j’ai vu des bêtes épuisées, maigres et trois cadavres de porcs au milieu. 
C’est un marginal qui vit là dans une caravane et qui loue le terrain, vous vous rendez compte qu’il était parti 15 jours en Corse pour travailler laissant ses animaux sans nourriture et sans eau pendant tout ce temps, ce n’est pas sérieux.

L’ancienne compagne de l'éleveur qui a vécu sur le site avait déjà porté plainte pour maltraitance animale. Aujourd’hui son témoignage dans le dossier est accablant :
"J’ai été témoin pendant deux ans de cette malveillance sur les animaux, sur les chiens comme les cochons. Il n’a pas la conscience et le souci du bien être animal… il n’a pas de carnet de suivi médical, il n’est pas aux normes sur l’installation de clôtures."

Un autre voisin parle d’un élevage laissé à l’abandon : "Ce monsieur est rarement à son domicile, le 26 mars dernier il est parti pendant deux semaines, laissant son élevage… j’ai vu un cadavre de cochon qui gisait au milieu des autres congénères."


Un constat sanitaire affligeant

Le constat sanitaire de l’élevage porcin dressé par la vétérinaire toulousaine Isabelle Blaszczyk, le 16 avril dernier à la demande de l’association "Agir pour les animaux", est édifiant.
 
Lors de l’examen, le propriétaire était absent mais le constat a été effectué en présence du maire d’Eaunes, des agents de la police municipale et de l’association "Agir pour les animaux" de Castelginest.

La vétérinaire découvre une soixantaine de porcs charcutiers de race corse répartis dans deux grands parcs et un enclos fermé non attenants.
Selon ce rapport, "les porcs n’ont ni eau ni nourriture, ils vivent dans des conditions d’hygiènes déplorables et ne sont pas identifiés par boucle, ils sont tous atteint de la gale sarcoptique".
 

La vétérinaire conclut dans son rapport à un non respect du bien être animal :

j’ai trouvé des animaux apathiques, sans eau ni nourriture, malades présentant tous des croûtes blanchâtres qui rappellent une forme de gale, des animaux non traités couverts de parasites.


Pire, le compte rendu met en avant les conditions d’hygiène d’élevage alarmantes : "dans un silo en tôle est entreposé le cadavre d’un verrat recouvert de chaux vive dans un état de putréfaction avancée. Sa mort remonte à 15 jours."
 


Risque sanitaire et légalité de l’élevage

La vétérinaire toulousaine, Isabelle Blaszczyk pose aussi la question de la légalité de l’élevage.
Ce sont des porcs charcutiers destinés à la consommation humaine, aucun porc n’est identifié par boucle alors que cette identification par boucle et la prophylaxie sont obligatoires.
" Il a cessé  son activité en tant qu'éleveur le 30 novembre 2009, il a donc été radié du RCS en décembre 2019. Tout cela soulève beaucoup d’interrogations et de nombreuses questions sur le respect de la règlementation sanitaire," explique t-elle

 Comment mène t-il ses bêtes à l’abattoir ? qui achète ces porcs ? qui les mange avec quelles garanties de traçabilité ? L’éleveur étant absent le jour du constat je n’ai pas pu avoir tous ces documents mais j’ai beaucoup de doutes !


Tout transport à l’abattoir demande un document d’accompagnement qui reprend le lieu de chargement, les coordonnées du propriétaire avec l’indicatif du marquage de son élevage : "l’abattoir doit contrôler la traçabilité avec les boucles d’identification et le document d’accompagnement." 
Selon l’association et le maire de la commune, l'éleveur vendait ses porcs sur le bon coin.

La vétérinaire parle aussi d’un gros risque sanitaire représenté par des sangliers infectés qui pourraient transmettre des maladies contagieuses comme la peste porcine, la brucellose porcine ou la Maladie d’Aujeszky
Dans son rapport elle fait état : "de clôtures insuffisantes qui ne répondent pas aux caractéristiques définies par la circulaire. Le parc est clôturé par un grillage à mouton sans clôture électrique. Le site est à l’abandon, pas d’électricité ni d’eau courante."

Pourant le règlement est strict, la vétériniare  rappelle que :

les éleveurs de porcins en plein-air doivent par des installations permettre d’éviter tout contact physique avec des sangliers infectés et d’éviter l’introduction de sangliers infectés dans le parc de l’élevage qui pourraient contaminer des truies en chaleur par saillie.


La responsable de l'association "Agir pour les animaux", Betty Loizeau souhaite que les services de l'Etat procèdent à la saisie de l'élevage : "nous avons proposé toutes les solutions et tout pris en charge. Cet éleveur n’a rien fait pour élever dignement ces animaux dans le respect des obligations légales, ça fait peur quand on sait que ces porcs pourraient partir à la consommation, 6 étaient apparamment réservés à des consommateurs."


 
 
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