Le frère de Merah dans la dernière ligne droite de son périple contre l'intégrisme

Cinq ans après les sept assassinats perpétrés en France par son frère au nom d'Al Qaïda, Abdelghani Merah continue sa longue marche contre la montée de l'intégrisme religieux, avant son arrivée prévue dimanche à Paris.

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Je milite par la marche car je ne veux pas répondre par la violence


"Je suis claqué... s'il n'y avait pas toute cette ferveur derrière, tout ce soutien sur les réseaux sociaux, j'aurais lâché l'affaire", glisse Abdelghani Merah, assis sur le lit d'une petite chambre d'hôtel de Vitry-le-François (Marne).

Eprouvé par une semaine "très dure", l'aîné de la fratrie Merah est hanté par les actes de son plus jeune frère qui avait abattu trois militaires puis trois enfants et un enseignant juifs à Montauban et Toulouse entre le 11 et le 19 mars 2012. Un autre frère, Abdelkader, sera jugé en octobre dans cette même affaire.

Jean noir et T-shirt Star Wars, Abdelghani se prépare jeudi matin à une nouvelle journée de marche, soit une trentaine de kilomètres supplémentaires à son compteur qui en affiche déjà 962.

"Mes pieds se sont habitués mais les premiers jours c'était horrible", confie celui qui est parti de Marseille le 8 février, deux jours après ses 40 ans, "avec 150 euros dans les poches" et "le sentiment d'être révolutionnaire".

Une carte de France et un téléphone portable pour seules boussoles, il suit le parcours de "la marche pour l'égalité et contre le racisme", organisée en 1983 après le meurtre raciste d'un enfant de 13 ans. La vingtaine de marcheurs avait été rejoint par 100.000 personnes à son arrivée à Paris.

Sa longue marche est soutenue par des associations comme la Brigade des mères, relayée par des médias et émaillée de rencontres, même si dans les rues de Vitry-le-François ce jour-là aucun passant n'est venu l'interpeller.
"En général les gens me disent "Bravo pour ce que tu fais et merci pour la France", sourit Abdelghani qui se définit comme "un laïc" qui marche pour "éveiller les consciences".

Une jeunesse perdue

Avant d'enfiler ses chaussures aux semelles usées par le bitume il ne déroge pas à son "rituel quotidien", enroulant des pansements sur ses doigts de pied endoloris.
Gros sac à dos sur sa frêle stature, Abdelghani transporte environ 20 kg de matériel et de vivres, et un drapeau tricolore acheté la veille.
"J'ai des arguments pour cette jeunesse qui est un peu perdue, pour leur dire que la France n'est pas parfaite, il y a du racisme et de l'antisémitisme, ça c'est sûr, mais qu'elle n'est pas si chaotique que les prédicateurs peuvent le prétendre", assure-t-il d'une voix calme à l'accent toulousain.

Un selfie à côté du panneau de sortie de ville, puis il s'éloigne sur le bas côté de la N4 livrée aux poids lourds. Le 18 au soir, il prendra le train pour se rapprocher de la capitale.

Cette étape finale est toutefois mal perçue par certaines familles endeuillées par les actes de son frère. "Son arrivée dimanche à Paris, en ce jour de souvenir, est un acte indécent et obscène", a estimé Samuel Sandler, le père d'une victime, lors d'un hommage mercredi à Sarcelles (Val-d'Oise).

De son côté, Abdelghani Merah aimerait être reçu au ministère de la Justice pour parler de la lutte contre les discriminations, un message qu'il
veut continuer de porter ensuite "dans l'anonymat", même s'il a choisi de garder un patronyme qui a, reconnaît-il, "traumatisé la France."
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