Génération Identitaire : des Alpes aux Pyrénées, des actions choc pour relayer des idées d'extrême droite

Le ministre de l'Intérieur a engagé une procédure de dissolution de l'association d'extrême droite Génération Identitaire après sa dernière action médiatique dans les Pyrénées. Un groupuscule dans le collimateur des différents gouvernements depuis sa naissance en 2012.

Le 19 janvier dans les Pyrénées, une action de militants de Génération Identitaire faisait rapidement le tour des réseaux sociaux et des médias. Une action pour s’opposer, selon la porte-parole toulousaine, Thaïs D’Escufon, "à cette immigration massive contre laquelle les différents gouvernements n’ont jamais lutté véritablement".

Une trentaine de personnes dans des voitures sérigraphiées "Défend Europe" s'étaient installées au Col du Portillon, sur la route entre la France et l'Espagne, près de Bagnères-de-Luchon. Certains étaient "partis en randonnée" avec un drone pour "surveiller la frontière".

Une semaine plus tard le ministre de l'Intérieur annonçait le lancement d'une procédure pour la dissolution de Génération Identitaire.

Ce mode d’action destiné à être médiatisé avait déjà été utilisé par d'autres mouvements d’extrême droite. En 2010, des militants de Rebeyne avait envahi un restaurant Quick de Villeurbanne qui testait une gamme halal ; ils s’étaient présentés avec des masques de cochon.

Avec Génération Identitaire, née en 2012, cela s’est professionnalisé, selon Marion Jacquet-Vaillant. "Ils contactent les médias, les emmènent parfois avec eux", explique cette chercheuse parisienne, docteure en science politique qui vient de réaliser sa thèse sur le groupuscule d'extrême droite. 

"L’idée, c’est de provoquer un choc moral comme quand ils sont montés sur le toit d’un immeuble avec une banderole "White Lives Matter" en pleine manifestation de soutien à la famille d’Adama Traoré. Cela avait choqué et provoqué la foule. La sauce avait bien pris au niveau médiatique, avec une forme de confrontation à distance."

En avril 2018, le mouvement avait déjà mené une opération anti-migrants, dans les Alpes, à la frontière franco-italienne, sur un col proche de Briançon (Hautes-Alpes). Des dizaines de militants vêtus de doudounes bleues formaient une chaîne humaine sous la bannière "Defend Europe". Trois cadres du groupe ont été condamnés par le tribunal de Gap mais la cour d'appel de Grenoble les a relaxés en 2020.

"Pour les Pyrénées, j’étais un peu surprise, dit Marion Jacquet-Vaillant, car cela venait dupliquer l’action réalisée dans les Alpes au col de l’Echelle. Je pense qu’ils ont voulu en profiter car ils ont, en quelque sorte, été blanchis et ils se sont dits "puisqu’il n’y a rien d’illégal on va le refaire". Ils sont toujours à la limite mais ils font très attention de rester dans la légalité. Ils discutent même de leurs slogans avec des avocats pour que tout soit aussi carré que possible."

La dissolution annoncée déjà depuis 2012

Pour la chercheuse, la dissolution c’est un serpent de mer. "Déjà, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, en octobre 2012, avait dit qu’il souhaitait dissoudre et d’autres ont émis aussi ce souhait. Je pense qu’il y a aujourd'hui pour l’exécutif une volonté de faire dans le juste milieu avec des dissolutions à la fois chez les séparatistes islamiques et chez les identitaires."

D'après elle, c’est l’association qui est visée. "Certes, dit-elle, Génération Identitaire perdrait sa marque avec la dissolution, ce serait un coup dur mais ce ne serait pas une désorganisation complète du réseau. Ils ont aussi des bars, des cercles de conférence ou l'association Paris fierté à Paris qui organise la marche en hommage à Sainte Geneviève".

Sur Facebook Paris Fierté se présente comme "une association culturelle de promotion de l’identité parisienne".

Le relai de l'extrême droite

"Leur objectif, c’est de trouver des relais pour leurs idées dans le champ politique. Ils se considèrent comme des super lobbyistes," explique Marion Jacquet-Vaillant. "Ils disent que peu leur importe la droite ou la gauche mais, de fait, ils savent que leur vrai relai, c’est l’extrême droite et notamment le Rassemblement National". Interrogée sur l'éventuelle dissolution du mouvement, Marine Le Pen a défendu la liberté d'expression.

Génération Identitaire en France, si l’on compte les militants les plus actifs cela représente 200 personnes selon la chercheuse. Concernant les adhérents, le mouvement revendique environ 3 000 personnes mais elle estime qu’en réalité ils sont au maximum 1 500 répartis essentiellement dans les grandes villes de France.

Alors, s’ils sont si peu nombreux, l’une des solutions pour mettre fin aux messages racistes, plutôt que la dissolution serait d’arrêter de relayer leur actions coup de poing.

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