15 milliards d'aide pour la filière aéronautique frappée de plein fouet par la crise sanitaire

Le gouvernement présentait ce mardi son plan de soutien à la filière aéronautique. Le secteur, qui emploie 200.000 personnes en France a été fortement impacté par la crise du Coronavirus. 15 milliards vont être débloqués pour accompagner l'évolution technologique et le maintien des emplois.

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Après avoir débloqué 8 milliards d’euro pour soutenir le secteur automobile, le gouvernement dévoile un plan d’aide à la filière aéronautique elle aussi durement touchée par la crise du Coronavirus.

Un plan ambitieux et des contreparties

Face à l’urgence, 15 milliards d’euro seront mis sur la table, dont 7 milliards déjà accordés à Air France - KLM.

Pour le gouvernement, la priorité est de faire repartir au plus vite le trafic aérien et de relancer l’activité en encourageant notamment la production d’avions « plus verts » Un enjeu de taille pour les 15 ans à venir.

En clair, le gouvernement impose aux grands groupes aéronautiques d’être en capacité de produire un appareil vert d’ici à 2035.

 

Dimanche dernier, le secrétaire d’État aux transports Jean-Baptiste Djebbari, a précisé que ces contreparties environnementales ne seront pas les seules demandées aux groupes aéronautiques. Il leur faudra également apporter des garanties sur l’emploi. Pas question que l’État français et que l’Union Européenne mettent la main à la poche sans que les activités nouvelles soient localisées en France et que celles qui ont été délocalisées soient relocalisées quand cela est possible.

Une enveloppe de 15 milliards

"Nous devons sauver notre industrie aéronautique. Nous devons à tout prix éviter un décrochage de notre industrie face à la Chine et aux Etats-Unis. Il en va de notre capacité à construire une industrie aéronautique décarbonée" c'est par cette phrase que Bruno le Maire a débuté son discours de présentation du plan d'aide à la filière aéronautique. Un plan de 15 milliards d'euro. 

Nous décrétons ce matin l'Etat d'urgence pour sauver notre industrie aéronautique

Bruno le Maire - Ministre de l'Economie et des Finances

Des aides à la décarbonisation

Le principal enjeu a précisé le Ministre de l’Économie et des Finances est d’être en capacité de produire l’avion du XXIème siècle dans un délai raisonnable afin de conserver une avance technologique sur les groupes étrangers. Pour cela, une enveloppe d’1,5 milliards d’euros sur 3 ans sera apportée au CORAC (Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile) pour le développement d’un avion neutre en carbone dès 2035 au lieu de 2050.

Des aides pour les compagnies aériennes

Pour aider les compagnies aériennes à redémarrer après presque 3 mois d’inactivité, l’État propose un moratoire sur le remboursement des crédits à l’export. Celles-ci pourront bénéficier d’un report de 12 mois du remboursement de ces crédits. Bruno le Maire a également proposé un assouplissement des modalités de remboursement pour tous les nouveaux achats d’avions Airbus. Les compagnies disposeront de 18 mois avant de commencer à rembourser contre 6 actuellement. L’objectif est d’encourager les compagnies à passer commande pour relancer les chaines de production Airbus dont l’activité a été réduite de 35% depuis le début de la crise.

Des aides au maintien de l’emploi

Sauver l’emploi, éviter tout licenciement, c’est le crédo du gouvernement qui envisage la mise en place d’un dispositif d’activité partielle de longue durée dont les modalités seront précisées dans les prochains jours par la ministre du Travail Murielle Pénicaud. Mais Bruno le Maire a déjà précisé que le soutien massif de l’État est d’éviter autant que faire se peut les départs contraints, et que le gouvernement sera très attentif au respect des engagements pris en ce sens par les industriels de la filière. 

Des aides aux entreprises

Des aides aux entreprises

Deux fonds vont être créés pour accompagner les entreprises les plus en difficulté. Le premier, doté de 500 millions d’euro dès sa création, pour atteindre 1 milliard à terme, permettra de renforcer les fonds propres des PME les plus fragilisées par la crise sanitaire. Il sera opérationnel espère Bruno le Maire dès le mois de juillet.

Le second fonds, doté de 300 millions d’euro, sera un fond d’accompagnement pour la numérisation et la robotisation des PME et des entreprises de taille intermédiaire.

Le ministère des armées en soutien à l'industrie aéronautique militaire

Florence Parly, ministre des Armées a présenté 5 mesures visant à venir en aide au secteur militaire de la filière aéronautique :

  • Anticiper la commande de 3 avions ravitailleurs multi-rôles A330-MRTT Phénix
  • Anticiper la commande d'un avion léger de surveillance et de renseignement ALSR
  • Anticiper la commande de 8 hélicoptères H225M-Caracal de l'armée de l'air
  • Anticiper la commande de drones de surveillance navals
  • Doubler le fonds d'investissement Definvest pour passer de 50 à 100 millions d'euro sur 5 ans

Ces mesures, a précisé Florence Parly représentent un investissement anticipé de 600 millions d'euro et permettront de préserver 1200 emplois dans l'industrie aéronautique militaire.

L’A 321-XLR en production à Toulouse

En janvier dernier, l’avionneur européen annonçait la construction d’une chaine d’assemblage du futur A 321-XLR sur le site toulousain où était jusque-là produit l’A380. Un projet mis en standby après l’épidémie de Covid-19.

Depuis, la question qui se posait était de savoir si ce projet verrait bien le jour dans la ville rose. Bruno le Maire a affirmé que ce serait bien le cas.

Il n’y a pas de raison de remettre en cause le principe de l’ouverture de cette ligne de production à Toulouse. Je connais les inquiétudes du maire de Toulouse et de la présidente de Région. Je le redis, nous avons eu l’occasion d’échanger avec le président d’Airbus à ce sujet, il n’y a pas de raison de remettre en cause la construction de cette nouvelle ligne de production sur le site de Toulouse. 

Interrogé sur l’échéance à laquelle cette ligne de production pourrait voir le jour, il a précisé que ce sera à Airbus d’en décider en fonction de son carnet de commandes.

"Pardon d’être très pragmatique, mais pour construire une ligne, il faut qu’il y ait un carnet de commandes. Quels seront les délais ? Quel sera le calendrier ?  Ce sera à Airbus de le définir. Ce qui compte pour nous, c’est que le principe ne soit remis en cause. Pour que la ligne soit réalisée, il faut qu’il y ait un carnet de commandes et je pense avoir été précis sur la réalité des carnets de commande d’Airbus actuellement" a conclu le ministre de l’Économie.

Un plan salué par les élus

Georges Méric, président du Conseil Départemental de Haute-Garonne a été le premier à réagir au plan gouvernemental de relance de l’industrie aéronautique. Dans un communiqué de presse, il salue un effort conséquent en faveur d’un secteur économique majeur et prépondérant pour la région Occitanie et le département de la Haute-Garonne et précise 

Nous serons attentifs à ce que le plan annoncé par le Ministre de l’Économie soit pleinement effectif dans les meilleurs délais afin de sauver les emplois et d’éviter une hausse massive du chômage

De son côté, Antoine Maurice, candidat aux élections municipales avec la liste « Archipel citoyen » s’est félicité de l’importance du volet recherche du plan gouvernemental.

 

Nous serons vigilants à ce que cette aide soit conditionnée à la fois à une conservation des emplois et à une réorientation de la filière respectant les Accords de Paris sur le climat.

Antoine Maurice – Candidat à la mairie de Toulouse (EELV-Alliés)

 

C’est également par communiqué de presse que le Préfet de région, préfet de Haute-Garonne, Étienne Guyot a fait part de sa satisfaction. Le plan gouvernemental a-t-il précisé fait suite à un long travail de concertation mené depuis plusieurs mois avec les entreprises du territoire, en lien étroit avec les collectivités territoriales et les chambres consulaires, pour identifier leurs enjeux et proposer des mesures adaptées répondant à leur besoin immédiat.

Cet engagement fort va permettre de pérenniser cette filière et les 86 000 emplois directs qu’elle représente sur le territoire occitan

Étienne Guyot, préfet de la région Occitanie, préfet de la Haute-Garonne

Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie a elle aussi salué un plan qui selon elle ne peut pourtant être qu’une première étape. Elle a rappelé que l’Occitanie qui accueille le siège mondial d’Airbus concentre 30% des emplois nationaux de la filière aéronautique et que préserver ces emplois et les compétences qui permettront de devenir leader mondial de l’avion vert, il faudra l’étoffer.

En dépit des apparences, ce plan n’est pas suffisamment dimensionné financièrement et par rapport aux enjeux de la filière. Sur les 15 milliards d’euro annoncés, 7 sont déjà fléchés pour soutenir Air-France. Donc, le plan de soutien en tant que tel, c’est 8 milliards d’euro

Carole Delga – Présidente de la Région Occitanie

Ce mardi, Carole Delga a rencontré Guillaume Faury, PDG d’Airbus pour évoquer ce plan de soutien. Elle lui a également rappelé à cette occasion son attachement à voir se réaliser le projet de nouvelle chaine d’assemblage de l’A 321-XLR à Toulouse.

Pour le maire de Toulouse, en confirmant l'implantation de la ligne de production de l'A 321-XLR à Toulouse, Bruno le Maire rassure les élus locaux mais également l'ensemble des acteurs économiques toulousains.

Collectivement, nous avions demandé solennellement cette confirmation, dont l'enjeu est fondamental pour l'emploi local

a-t-il déclaré.

Les syndicats attentifs au maintien de l'emploi

Ce mardi, impossible de joindre les représentants syndicaux du site toulousain d’Airbus. Les organisations syndicales, pour celles qui se sont exprimées, l’ont fait via les réseaux sociaux. 

La CFE-CGC- Aéronautique-Espace-Défense considère que le plan gouvernemental coche beaucoup de cases mais que l’essai se doit désormais d’être transformé. Cela passera par des négociations difficiles qui mêleront emplois, accords de performance collective, formation et compétences.

L’État a été à la hauteur. Aux entreprises de l’être à leur tour. Elles doivent désormais s’interdire d’annoncer des PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi) […] La véritable interrogation concerne les garanties que l’État demandera pour s’assurer que l’argent public ait bien un retour sur l’emploi en France

Communiqué CFE-CGC Aéronautique-Espace-Défense du 9 juin 2020

FO, le syndicat majoritaire chez l’avionneur européen, note avec satisfaction que le plan gouvernemental pour une industrie verte et compétitive répond en grande partie aux demandes formulées par le syndicat. FO précise que l’objectif est d’éviter au maximum les licenciements pour préserver les emplois et les compétences nécessaires et vitales à cette industrie de haute technologie.

FO Métaux est favorable à ce plan, sous réserve que les engagements pris bénéficient à l’ensemble de l’industrie aéronautique française et au maintien des emplois sur notre territoire

Communiqué FO Métaux du 9 juin 2020

Même inquiétude sur l’emploi pour la CGT qui elle aussi se félicite du plan gouvernemental tout en rappelant que des milliers d’intérimaires ont perdu leur emploi et que des salariés sous-traitants sont directement menacés par des licenciements. Pour le syndicat, les aides doivent être prioritairement consacrées à préserver les emplois.  

« Il nous faut aujourd’hui empêcher les restructurations qui pourraient sacrifier salariés et sites de production. Il en va du maintien de l’activité dans de nombreux bassins de vie, notamment dans des départements peu industrialisés. L’argent public ne peut pas servir à payer les suppressions d’emplois et les fermetures de sites. Cela nécessite un contrôle de ces aides par les pouvoirs publics et les représentants des salariés » écrit le syndicat dans son communiqué

Les pouvoirs publics doivent conditionner le soutien au fait que les grands groupes (Airbus, Safran, Thales, Dassault) donnent aussi des gages en termes d’investissements. Depuis de nombreuses années, les budgets de R&D autofinancés sont en berne pour consacrer toujours plus d’argent à la rémunération des actionnaires. Les investissements prévus avant la crise, pour l’instant suspendus, doivent être très vite relancés

Communiqué de la CGT du 9 juin 2020

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