Des scientifiques de Toulouse ont identifié une nouvelle molécule de la famille des alarmines qui serait responsable de la réaction allergique. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements pour lutter contre les allergies respiratoires, notamment celle du pollen.
C'est une découverte qui pourrait changer la vie des patients atteints d'asthme ou de rhinite allergique. Des scientifiques du CNRS, de l'Inserm et de l'université Toulouse III - Paul Sabatier, ont annoncé avoir identifié une molécule, jusqu'alors inconnue, responsable du déclenchement de l'inflammation de ces maladies.
#Communiqué 🗞️ L’une des molécules responsables du déclenchement de l’inflammation à l’origine des maladies allergiques respiratoires 🤧 vient d’être découverte par des scientifiques du @CNRS, de l’@Inserm et de l’@UT3PaulSabatier.
— CNRS 🌍 (@CNRS) April 10, 2024
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"C'est une grosse satisfaction pour les chercheurs et un espoir pour les patients atteints d'asthme sévère", s'enthousiasme Jean-Philippe Girard, codirigeant avec Corinne Cayrol de cette étude publiée le 10 avril dans la revue Journal of Experimental Medicine.
Directeur de recherche de l'Inserm, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, Jean-Philippe Girard rappelle que l'allergie est classée quatrième maladie chronique dans le monde d'après l'Organisation mondiale de la Santé. Elle touche 17 millions de Français, dont 4 millions d'asthmatiques.
Deuxième molécule déclencheuse de la réaction allergique
Les 14 signataires de cette étude ont travaillé sur les mécanismes de base de l'inflammation allergique en se concentrant sur les allergies respiratoires développées à partir de moisissures dans l'air. "On s'intéresse au champignon Alternaria alternata, une moisissure que l'on respire dans l'air. C'est la seule qui est impliquée dans le déclenchement de réaction allergique sévère, lié à l'asthme sévère", expose Jean-Philippe Girard.
Les chercheurs ont constaté que seulement 15 minutes après l'inhalation de ce champignon, les cellules qui constituent les poumons libèrent des alarmines, une sorte de "signaux d'alarme" pour l'organisme qui provoque la réaction allergique. Ils ont fait la découverte d'une toute nouvelle alarmine : la TL1A.
Ces nouvelles molécules sont les commandants en chef de l'inflammation des poumons. Ce sont les premières à réagir. Ce sont elles qui vont déclencher toute une cascade de réactions allergiques. Si nous réussissons à les bloquer, le traitement proposé aux patients sera bien plus efficace.
Jean-Philippe Girard, directeur de recherche à l'Inserm
La TL1A n'agit pas seule dans ce processus de réaction allergique. Elle coopère avec une autre alarmine : l'interleukine 33, révélée il y a 20 ans par les chercheurs de l'IPBS, l'institut de pharmacologie et de biologie structurale.
Vers de futurs essais cliniques ?
Vingt ans plus tard, six essais cliniques de phase 3 sont en cours sur l'interkeuline 33. Mais selon Jean-Philippe Girard, le processus devrait être accéléré pour développer des traitements contre la TL1A.
"Nous connaissions déjà la TL1A mais seulement dans le processus d'inflammation des intestins dans la maladie de Crohn. Les entreprises pharmaceutiques développent déjà des traitements contre cette molécule qui se trouvent en essai clinique de phase 3. Notre étude peut inciter les cliniciens à tester leurs anticorps pour les maladies inflammatoires chroniques du poumon."
Il n’est pas du tout déraisonnable de penser que dans cinq ans des patients atteints d’asthme sévère pourront recevoir des anticorps anti-TL1A.
Jean-Philippe Girard, directeur de recherche à l'Inserm
Les scientifiques n'arrêtent pas leurs recherches. Ils souhaitent désormais étudier le comportement de cette nouvelle molécule face à d'autres allergènes comme le pollen. Le mécanisme devrait être le même.