Un neurologue du CHU de Toulouse (Haute-Garonne) est le co-auteur d'une étude qui suggère qu'un médicament contre le diabète pourrait ralentir les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson. Une découverte importante, pour les 25 000 nouveaux patients diagnostiqués chaque année.
Deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente en France (après Alzeihmer), Parkison touche aujourd'hui plus de 167 000 personnes dans notre pays. À ce jour, il n'existe pas de traitement pouvant guérir la maladie, mais une étude, publiée mercredi 3 avril 2024, pourrait faire bouger les lignes. Un traitement, à l'origine contre le diabète, a ralenti les symptômes moteurs de Parkinson chez des patients, à un stade précoce de la maladie. Une première, même si ces résultats restent à confirmer avec d'autres essais cliniques.
La maladie de Parkinson provoque des troubles de la motricité, comme des tremblements et une lenteur des mouvements. Elle résulte de la disparition progressive dans le cerveau des neurones fabriquant la dopamine. Les médicaments qui existent aujourd'hui corrigent ce manque de dopamine, mais n'empêchent pas l'aggravation des symptômes au fil des ans, car ils ne s'attaquent pas à leur cause.
Ralentir l'évolution de la maladie
C'est dans la revue scientifique américaine New England Journal of Medicine (NEJM) qu’Olivier Rascol, neuro-pharmacologue au CHU de Toulouse, a co-publié cette étude. Il cherchait à répondre à "une question sur laquelle on se casse les dents depuis 30 ans", à savoir identifier un traitement capable de ralentir l'évolution de la maladie, a-t-il déclaré. "Les industriels ont dépensé des centaines de millions de dollars depuis 30 ans, à faire des essais cliniques avec le même objectif, et jamais ils ne sont arrivés à obtenir un résultat comme le nôtre", a-t-il affirmé.
Le médicament testé s'appelle le lixisénatide. Développé par le laboratoire français Sanofi, il est déjà utilisé contre le diabète de type 2 et appartient à une classe de médicaments dont des indices ont fait penser aux scientifiques qu'ils pourraient être bénéfiques contre Parkinson.
Conserver la dopamine
En faisant cet essai clinique, les scientifiques cherchaient à identifier un traitement qui aurait un effet neuroprotecteur, c'est-à-dire qui améliorerait la survie des neurones producteurs de dopamine. Concrètement : 156 personnes âgées de 40 et 75 ans, en début d'évolution de la maladie ont été sélectionnés. La moitié a reçu un placebo et l'autre moitié le traitement. Au bout d'un an, le groupe ayant reçu le placebo présentait une aggravation des symptômes moteurs, tandis que le groupe traité par le lixisénatide conservait des symptômes inchangés.
Un résultat "modeste", selon l'étude, mais qui aurait pu être plus grand si les patients avaient été suivis plus longtemps, la maladie de Parkinson progressant lentement. Néanmoins, des effets secondaires, notamment gastro-intestinaux, ont été observés. La perte de poids pouvant être entraînée par cette classe de médicament doit aussi être prise en compte. Les chercheurs espèrent maintenant conduire un essai de plus grande ampleur.