Par une circulaire en date du 15 janvier, l'Etat permet aux départements de déroger à la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires, sous certaines conditions. En Haute-Garonne, le président du Conseil départemental s'y oppose.
Après avoir fait passer à 80 km/h toutes les routes secondaires à deux sens et sans séparateur central en 2018, l'Etat assouplit le dispositif en permettant aux élus locaux de déroger à la règle.
Les présidents des Conseils départementaux devront motiver leur décision et respecter certaines conditions.
Selon l'AFP, à chaque fois qu'un département souhaite passer une portion de voie à 90 km/h, il doit solliciter le CDSR (Commission Départementale de Sécurité Routière) composée de représentants de l'Etat, d'élus locaux, d'associations et présidée par le préfet.
Les élus devront également présenter au préfet leur "projet d'arrêté motivé" et "basé sur une étude d'accidentalité" (fréquence des accidents).
Une règlementation contraignante
La circulaire demande au préfet de donner "un avis systématiquement défavorable" lorsque le tronçon (qui doit faire au moins 10 km) présente certains éléments comme :- la circulation d'engins agricoles ou de riverains
- les arrêts de transports en commun
- la traversée de chemins de grande randonnée ou de véloroutes (pistes cyclables)
Des recommandations reçues comme des contraintes juridiques que les élus ne souhaitent pas endosser.
Lors d'une conférence de presse à Toulouse ce mercredi, le président du Conseil départemental de Haute-Garonne, Georges Méric, considère que la possibilité de retour aux 90 km/h est un jeu de dupes et s'en explique.
"Le retour aux 90 km/h est un jeu de dupe en 3 actes"
"D'abord le premier ministre prend une décision autoritaire sur les routes départementales qui ne lui appartiennent pas, considérant qu'en province il faut rouler à 80 km à l'heure. Bronca de la province, du monde rural et péri-urbain et de montagne.La bronca arrive aux oreilles du premier ministre qui après quelques mois revient sur sa décision mais donne la patate chaude aux présidents des Conseils départementaux et comme il associe cela à une règlementation cela rend impossible le passage aux 90 km/h.
100 km de routes à 90 km/h
"Le département de Haute-Garonne compte 6.200 km de routes secondaires. Si la règlementation est appliquée à la lettre, seulement 100 km pourraient passer à 90 km/h", précise Georges Méric."Il y a des routes hors réglementation qui peuvent repasser à 90, mais là nous sommes muselés, nous ne le ferons pas", ajoute t-il.
Une session spéciale sera organisée au Conseil départemental en avril pour débattre de ce sujet.
Un reportage de Régis Guillon, Quentin Monaton et Robin Doreau :