Qui de Donald Trump et de Kamala Harris va remporter les élections présidentielles américaines qui ont lieu aujourd'hui, 5 novembre 2024 ? Pour l'association "Republicans overseas", qui regroupe des sympathisants américains du candidat, la victoire de leur champion ne fait pas de doute. Entretien avec Vanessa Biard-Schaeffer, installée à Toulouse et vice-présidente de l'association.
Vanessa Biard-Schaeffer est franco-américaine. Âgée de 48 ans, elle est née à Paris d'un père américain et d'une mère française. Elle a voté par correspondance. Cette experte en immobilier aujourd'hui installée à Toulouse est la vice-présidente de l'association "Republicans overseas", la branche des Républicains à l'étranger, qui regroupe une centaine de personnes (une trentaine d'adhérents et près de 70 sympathisants). En ce jour d'élection présidentielle américaine, elle croit aux chances de victoire du candidat républicain. Entretien.
France 3 : Dans quel état d'esprit êtes-vous en ce jour d'élection présidentielle américaine ?
Vanessa Biard-Schaeffer : Je suis particulièrement calme. J'ai décidé pour la première fois depuis les deux dernières élections de dormir cette nuit, c'est-à-dire de ne pas faire une nuit blanche et d'être fraîche et dispo le lendemain pour voir les résultats, parce que je ne pense pas qu'on les aura tout de suite. J'espère que Trump, effectivement, sera élu. Mais si Kamala Harris est élue, pour moi de toute façon, le combat se fera au niveau local, dans les États américains. Cela permettra aux Américains de rester autonomes et de ne pas rentrer dans cette technocratie que nous prépare le clan actuel démocrate.
France 3 : Pourquoi vous avez décidé de voter pour Donald Trump ?
Vanessa Biard-Schaeffer : La première chose, c'est que c'est un homme d'affaires qui connaît le business et l'économie. La deuxième chose, c'est qu'il a ouvert la porte à des profils très différents et divers de la société, notamment Robert Kennedy. Et troisièmement, j'espère qu'il mettra rapidement fin au conflit en Ukraine. Donc voilà ces trois piliers-là, pour moi, sont essentiels. Ils me font penser que Trump est le meilleur candidat, le meilleur président qu'on pourrait avoir.
France 3 : Est-ce que la proximité assumée de Trump vis-à-vis de Poutine vous inquiète ?
Vanessa Biard-Schaeffer : La propagande en face veut faire passer Trump pour un agent de Poutine, c'est risible. Que Trump connaisse Poutine, c'est normal puisqu'il a déjà été président des États-Unis et donc il l'a rencontré. Et quand on voit le profil familial et l'éducation de Trump, qui a notamment fait une école militaire, on ne peut pas sérieusement penser que Trump fasse copain copain avec Poutine. Trump discutera avec Poutine d'égal à égal, c'est tout. Ça, c'est normal, ça se fait normalement au niveau diplomatique.
France 3 : Le droit à l'avortement est l'un des enjeux de cette campagne. Un thème qui attire à Donald Trump de nombreuses critiques de la part de certaines femmes, car elles estiment qu'il a fait reculer ce droit. Qu'en pensez-vous ?
Vanessa Biard-Schaeffer : Ce n'est pas le sujet de préoccupation principale de la population américaine, et notamment des femmes américaines. C'est le sujet principal de préoccupation des propagandistes, démocrates pour certains, et de la gauche française. Je pense d'abord à la peine que ces femmes doivent avoir. Après, il y a une constitution qui dit très bien que ce droit n'est pas dévolu à l'État fédéral, mais que cela reste la compétence des États indépendants, indépendamment de l'État fédéral. Il n'y a pas d'avancée ou de recul. Donc c'est une réglementation qui est déjà dans la Constitution et qui a été appliquée pour d'autres sujets que l'avortement, notamment environnemental.
Une femme américaine qui a des enfants, elle veut pouvoir nourrir ses enfants, elle veut les envoyer à l'école, elle veut qu'ils soient en bonne santé. Je trouve que c'est indécent d'en faire un débat politique.
France 3 : Autre sujet de campagne, l'immigration illégale. Certains accusent Donald Trump de jouer avec les peurs des Américains…
Vanessa Biard-Schaeffer : On doit être contre l'immigration illégale. Cette question figure d'ailleurs parmi les trois points principaux du programme de Trump. Et en ce moment, vu le nombre de personnes qui traversent la frontière illégalement, cela montre que l'État fédéral ne fait pas son job. Ce ne sont pas de gentilles personnes qui veulent venir travailler. On a tous les gangs du Mexique et des réseaux de trafics importants, narcotrafiquants, trafiquants d'enfants, trafiquants d'humains qui se répandent sur le territoire. Une population comme ça, qui n'est pas gérée et qui n'est pas gérable, ça pose quand même des problèmes évidents de sécurité. L'arrêt de l'immigration illégale doit être une priorité. Il ne faut pas que la frontière soit une passoire.
France 3 : Les adversaires de Trump l'accusent de beaucoup jouer avec des fake news et d'être dans l'outrance. Comment vous voyez ça ?
Vanessa Biard-Schaeffer : Trump est un showman, donc il fait le show. Les deux camps s'invectivent et s'accusent de fake news. Je regarde les chiffres. On vérifie les informations et on voit ce qui est vrai ou faux. Un discours politique est là pour galvaniser les troupes, ça a toujours été le cas. Et faire passer ça pour des fake news est quand même une sacrée mauvaise foi.
France 3 : Vous êtes confiante pour votre candidat ?
Vanessa Biard-Schaeffer : Un analyste de CNN, spécialiste des sondages, a remarqué que le taux de satisfaction de l'administration Biden à la population américaine était de 24%, et qu'il fallait au moins 45 à 48%, pour qu'un candidat sortant soit réélu. En d'autres termes, il voyait très peu de chances pour que Kamala Harris soit élue. Car elle fait partie de l'administration sortante. Donc moi je suis plutôt confiante pour Trump. Si Trump est élu, parfait. S'il n'est pas élu, alors le combat va être au niveau des États. Car il y aura un renouvellement d'une dizaine de gouverneurs.
Kamala Harris, c'est la représentante, au mieux d'un lobby ou d'un clan.
Vanessa Biard-Schaeffer, vice-présidente des "Republicans overseas"
France 3 : Et si c'est Kamala Harris qui l'emporte…?
Vanessa Biard-Schaeffer : Kamala Harris, c'est la représentante, au mieux d'un lobby ou d'un clan. On voit bien qu'elle n'a pas les épaules pour s'imposer dans des discussions qui pourraient être quand même assez compliquées. Donc, elle aura des pouvoirs au niveau fédéral mais certains États développeront leur indépendance et leur autonomie vis-à-vis du gouvernement fédéral. Et d'autres malheureusement s'effondreront parce que l'État fédéral dépense beaucoup, fait des promesses, mais n'est pas là quand les crises se présentent.