"J'aimerais récupérer des petits bouts d'identité" : une jeune Toulousaine conçue par PMA en 1988 témoigne

Une Toulousaine de 31 ans a découvert en deux ans l'existence de cinq demi-soeurs, nées, tout comme elle, d'une procréation médicalement assistée avec don de sperme. Si sa crainte est "qu'on soit une dizaine de demi-frères et soeurs à Toulouse", la jeune femme aimerait surtout retrouver le donneur.

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Une première fratrie née de PMA

C'est une histoire peu banale que Cassandre*, une jeune Toulousaine de 31 ans, a confié à nos confrères de l'AFP.

Tout commence par un doute sur sa filiation. "J'ai toujours eu des doutes. Je suis très brune par rapport à ma famille", explique-t-elle. A 22 ans, elle insiste auprès de ses parents et finit par apprendre qu'elle et ses deux frère et soeur ont été conçus par don de sperme, le père étant stérile. Les PMA ont eu lieu dans un cabinet de gynécologie privé de Toulouse, avec le sperme d'un donneur rémunéré.

Cinq demi-soeurs

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Bien qu'ayant l'impression de vivre "un séisme", Cassandre a envie d'en savoir davantage. Elle passe des tests ADN (autorisés aux Etats-Unis) et accède à des bases de données. Une première découverte se produit en 2018. "Une fille me contacte, m'envoie sa photo et là, c'est l'électrochoc, c'était mon clone". Leur ADN ne laisse pas de doute : elles sont demi-soeurs.

Puis, en juin dernier, une deuxième jeune femme se manifeste, avec deux petites soeurs, toutes trois issues du même donneur. Et mi-septembre, les résultats d'une cinquième jeune femme tombe : même chose. 

"Avec ma soeur aînée, ça fait sept femmes issues du même donneur. Et sachant que la plupart des personnes de notre âge nées d'une PMA ne le savent pas, et que peu de gens font des tests, je crains qu'on soit des dizaines de demi-frères et soeurs à Toulouse", s'affole-t-elle, accusant le gynécologue "d'irresponsabilité". 

J'ai appelé le gynécologue. La première fois, il m'a raccroché au nez. La deuxième, il m'a dit qu'il ne se souvenait de rien

Cassandre dit redouter de se mettre en couple avec un potentiel demi-frère. "Cela n'arrivera probablement jamais parce que je fais attention mais ceux qui ne le savent pas ? Et puis, avec la prochaine génération de nos enfants, c'est ingérable". 

Transmission génétique

Mais pour elle, la quête n'est pas finie : elle veut retrouver l'homme avec qui elle partage la moitié de son ADN. "Je ne veux pas d'un père, j'en ai déjà un. J'aimerais juste récupérer des petits bouts d'identité, mettre un visage sur cet homme pour comprendre à qui je ressemble, et peut-être même le rencontrer s'il est d'accord".

Elle se sent parfois incomprise dans sa démarche. "On dirait que c'est interdit de dire que l'ADN ça compte. Les gens ont vraiment envie de penser que tout se fait par l'éducation et ont du mal à entendre qu'il y a une transmission génétique".  

Un tabou

La jeune femme déplore aussi que le sujet reste tabou. "La preuve, aucune de mes demi-soeurs n'a accepté de témoigner". Au-delà de son noyau familial, personne ne sait non plus que Cassandre est issue d'une PMA.
    
La jeune femme, qui milite au sein d'une association d'enfants issus d'une PMA, se félicite que le projet de loi bioéthique prévoit notamment le droit pour les enfants à naître d'accéder à leur majorité à l'identité du donneur. C'est aujourd'hui impossible puisque l'anonymat est l'un des piliers du don de sperme en France.
    
Mais pour les enfants nés avant cette réforme, "l'accès au donneur ne pourra avoir lieu que si ce dernier se manifeste par initiative propre", regrette Cassandre, sans perdre espoir de le retrouver, coûte que coûte.
 * Le prénom a été changé.
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