Suite à l'attentat contre Samuel Paty, l'écrivain et chanteur, Magyd Cherfi, ancien membre du groupe toulousain Zebda a publié sur les réseaux sociaux un hommage au professeur d'histoire géographie et aux enseignants. Il nous raconte son attachement à l'école républicaine.
Le 19 octobre dernier, l'écrivain toulousain Magyd Cherfi a publié sur les réseaux sociaux un texte en hommage à Samuel Paty, le professeur assassiné à Conflans-Sainte-Honorine le vendredi 16 octobre.
À Samuel https://t.co/2R9vnuF0Mh pic.twitter.com/Ovt7oax3OX
— Magyd Cherfi (@MagydCherfi) October 19, 2020
Le 22 octobre toujours sur les réseaux sociaux, l'ex chanteur de Zebda a cette fois rendu hommage à l'école et aux enseignants.
Pourquoi avoir publié ces textes sur les réseaux sociaux ?
J’ai voulu dénoncer une folie. Cette décapitation a provoqué chez moi un sentiment de révolte. Samuel Paty est mort pour avoir voulu traiter de la liberté d’expression, pour avoir voulu faire son travail de professeur. D'origine maghrebine à chaque crime islamiste on se sent coupable. J’ai voulu dire à tous que nous sommes un certain nombre à être de culture musulmane et à être laïc, athée, homosexuel, féministe.
La deuxième publication rend hommage à l'institution qu'est l'école, qu'est ce qu'elle a représenté pour vous ?
L’école c’était un moment de paix dans ma vie. J’habitais dans le quartier des Izards à Toulouse c’était une vie de misère sociale et de violence. À l’école on avait un professeur qui s’adressait à nous d’égal à égal. J’étais un élève parmi les autres. J’y ai touché du doigt ce qu’étaient les valeurs de la République et ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité. Elle joue un rôle qu’aucune autre institution ne joue en France. J’existe aujourd’hui en tant qu’homme libre grâce à l’école. En s’attaquant à elle, cet attentat a touché le cœur de ce qui fait l’homme libre.
Ce rôle, l'école le joue-t-elle encore ?
Je crois profondément en l’école laïque, gratuite et obligatoire, même s'il est vrai qu'aujourd'hui elle connaît des difficultés. C’est la société discriminante dans laquelle nous vivons qui conduit à ce que certains deviennent des ennemis de l'école. Nos parents qui sont arrivés dans les années 60 se sont soumis aux règles. Avec la deuxième génération on découvrait les valeurs de la République mais quand la troisième génération nous demande ce qu’on a obtenu : rien. Aujourd'hui beaucoup d’adolescents s’identifient à ce qu’ils croient être l’Islam où ils trouvent un sentiment d'appartenance. Il faudrait plutot qu'ils le trouvent dans la République.
Comment y parvenir ?
Les immigrés et leurs enfants, nous avons participé à l'histoire de France et pourtant nous n'y figurons pas. Tant que ce sera le cas il n’y aura pas de considération et le vivre-ensemble ne sera pas possible.