Le mystère des sarcophages des comtes de Toulouse autour de la basilique Saint Sernin

La restauration de la basilique Saint Sernin à Toulouse va permettre de lever le mystère sur les sarcophages installés contre l’édifice. Ils contiendraient les restes de la famille comtale. Un sarcophage a été ouvert ce jeudi.

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Dans les ateliers de restauration de la ville de Toulouse, des techniciens installent avec une extrême précaution des sangles sur le couvercle d’un sarcophage. Une inscription en latin datant de plusieurs siècles indique : "ici repose Pons comte de Toulouse".

Ce jeudi 14 avril, en présence du maire de la ville, la tombe a été ouverte. A l’intérieur, des ossements qu’il va falloir étudier. A première vue, on distingue quatre têtes fémorales. Il y aurait donc les restes d’au moins deux individus.

Qui étaient-ils, de quelle époque, avaient-ils un lien de parenté, à quel âge sont-ils morts ? Des experts archéo-anthropologues vont tenter de répondre à toutes ces questions.

"Les sédiments vont être tamisés pour tenter de trouver des restes d'insectes afin de déterminer le moment dans l'année où ces corps ont été décomposés, on va chercher éventuellement des fragments de tissu, de pollen... il y a beaucoup de fils à tirer avec ces contenus", explique Bastien Lefebvre, conservateur au service régional de l'architecture et qui dirige ces opérations.

"On aimerait, d'ici deux ans, avoir une étude complète sur les ossements et sur l'interprétation, sur l'histoire des sarcophages mis en relation avec les connaissances historiques."

L'enfeu de la basilique Saint Sernin

Cette tombe était installée avec trois autres dans ce qu’on appelle l’enfeu de la basilique Saint-Sernin. Il s’agit d’un espace funéraire. Il est constitué d’une niche voûtée ouvrant sur l’extérieur, probablement aménagée au XIIIe siècle. L’ensemble a été transformé en chapelle fermée au XVIIe siècle à l’initiative des Capitouls, puis il a été remanié par Viollet-Le-Duc vers 1874, qui lui donne sa configuration actuelle.

La semaine dernière un sarcophage a déjà été ouvert. Il contient les restes de deux individus plutôt âgés. L'un plus robuste que l'autre. Est ce qu'ils datent de la même époque ? On l'ignore encore. Un long travail reste à faire. Mais les analyses, on le sait, vont enrichir les connaissances sur l'histoire des comtes de Toulouse.

Le comte de l'an mil

Avec le temps et les différents aménagements, les sarcophages se sont dégradés et la décision a été prise de les restaurer. En 1989 déjà, un premier sarcophage avait été déposé et ouvert. On pensait qu’il s’agissait de Guillem Taillefer mais les analyses ont montré qu’il s’agissait d’un individu mort à l’âge de 40 ans environ, cela ne pouvait être le comte Guillem Taillefer supposé avoir vécu jusqu’à l’âge de 60 ans.

On sait que l’homme était grand et portait des vêtements riches et colorés. Il est mort dans la seconde moitié du Xième siècle. On l’a baptisé le comte de l’an mil. "Le cadavre a certainement été exposé avant d'être déposé dans le sarcophage", écrivent les experts dans un ouvrage publié en 1996. "En effet, il était revêtu de vêtements luxueux à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre de l'un des plus grands seigneurs du sud de la France. Il avait, notamment, depuis les pieds jusqu'en haut des cuisses des chausses rouges et sur le haut du corps, par-dessus la chemise, une tunique en futaine lacée de brides de soie avec une armure à la mode du moment."

Le seul sarcophage en bon état a été laissé dans l’enfeu. Il s’agit d’une petite tombe pour des enfants. Il est toujours visible depuis l'extérieur contre la basilique. Une fois que toutes les tombes auront révélé leurs secrets, elles seront restaurées et replacées avec leurs ossements à Saint Sernin.

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