La mairie de Toulouse émet un avis défavorable au projet de ferme urbaine de Bordeblanche, dans le quartier des Pradettes, notamment pour des raisons de viabilité économique. Les porteurs du projet reprochent aux élus de ne pas avoir lu le dossier.
C'est une friche qui attise toutes les convoitises : 10 000 m² à Bordeblanche, dans le quartier toulousain des Pradettes. Le terrain appartient à la municipalité, laquelle souhaite y construire 300 nouveaux logements, dans ce secteur déjà fortement urbanisé.
"L'oasis de Bordeblanche"
Mais depuis trois ans, des habitants, soutenus par des associations, y défendent le projet d'une ferme urbaine et de jardins partagés, pour une agriculture locale, en circuit court. Cette proposition, la ville de Toulouse ne l'a pas d'emblée écartée, laissant plusieurs mois au collectif pour présenter un dossier viable. Mais à l'issue de ce délai, début avril 2022, les élus ont émis un avis défavorable au projet présenté, indiquant que "nous reprenons donc le PAE [Programme d'Aménagement Ensemble] tel que prévu initialement, issu de la concertation avec les habitants et opérant une forte diminution de la densité prévue auparavant".
Malheureusement, le projet que vous portez ne remplit pas suffisamment ces conditions pour qu'il soit viable et totalement financé, c'est à dire prévoyant une prise en charge totale de l'investissement, sans la participation de la Mairie de Toulouse ou de Toulouse Métropole.
Mairie de Toulouse
"Une étude sérieuse du dossier"
Dans un communiqué en date du 27 avril 2022, l'association Natures Pradettes réagit à cette conclusion. Pour elle, les élus rencontrés le 8 avril n'avaient pas lu le dossier envoyé deux semaines auparavant. "Les trois élus rencontrés découvraient le nom de l’organisme du Centième Singe alors que notre dossier était constitué de 2 documents dont l’un rédigé par cet organisme spécialisé dans l’installation d’agriculteurs, labellisé
au niveau national et régional comme espace test-agricole ! Les élus ont découvert en réunion notre proposition centrale développée dans notre dossier qui consiste au
séquençage en deux étapes de la mise en œuvre du projet : une phase pilote de 3 ans et ensuite une phase de contractualisation de mise à disposition durable du foncier".
De plus, les défenseurs de la ferme urbaine de Bordeblanche déplorent que la municipalité ne prennent pas en compte l'adhésion forte des habitants du quartier au projet. Ils rappellent qu'une marche festive de soutien a rassemblé plus de 600 personnes aux Pradettes le 26 mars 2022 et qu'en 2019, "le tout nouveau projet de « jardins aux Pradettes » avait recueilli 551 votes au budget participatif de la mairie et était déjà arrivé en 4ème position au niveau des projets toulousains".
La mairie de Toulouse répond qu'au contraire, le souhait des habitants de "disposer d'un jardin pédagogique dans le cadre du budget participatif" a été entendu. "Ainsi, une surface de plus de 2500 m² sera dédiée à ce projet"'. Et de rappeler qu'il existe plusieurs espaces verts dans le quartier.
Autant d'arguments refusés par l'association Natures Pradettes. Qui demande au maire de Toulouse une étude sérieuse du dossier.
Nous n’acceptons pas la réponse des élus et demandons au maire de Toulouse un traitement sérieux, sincère et non discriminant du projet.
Natures Pradettes
3,8 millions d'euros
"Le dossier que nous avons communiqué à la mairie a été élaboré avec des organismes professionnels ayant une expertise soit dans la création d’activités économiques (les Imaginations fertiles), soit dans l’installation d’agriculteurs (le Centième Singe). Ces deux organismes sont d’ailleurs reconnus par Toulouse Métropole. Notre projet est aussi salué pour son professionnalisme par les services de Toulouse Métropole que nous avons pu rencontrer. Ces deux études ont été payées par la Région et Toulouse Métropole", écrit l'association dans son communiqué.
Avant de rappeler que ce type de projets, que la ville ne semble pas vouloir se multiplier, améliorerait pourtant le plan climat de Toulouse, "qui actuellement est loin de respecter les objectifs fixés par la loi".
Le nerf de la guerre semble comme toujours l'argent. Le prix de ce terrain est fixé à plus de 3 millions d'euros. "Aussi, aujourd'hui vous ne disposez pas des 3,8 millions d'euros nécessaires et vous n'êtes pas en mesure de proposer une compensation intégrale des recettes d'équilibre du PAE perdues par l'abandon du projet urbain porté par la Collectivité", explique la mairie de Toulouse. D'autres projets de ce type ont pourtant vu le jour dans l'agglomération sans que l'achat du foncier n'ait été exigé, réplique Natures Pradettes qui ajoute : "La demande de 3,8M€ pour l’installation de la ferme est scandaleuse, inacceptable et impossible pour tout agriculteur".