Audrey Courbebaisse, enseignante de l'école d'architecture de Toulouse,vient de sortir un livre intitulé "Toulouse : le sens caché des grands ensembles". Avec des plans, des photos, des témoignages, elle décortique 17 grands ensembles construits à Toulouse entre les années 50 et 70.
"J'étais là à l'époque de la guerre des boutons; on faisait la cité du haut contre la cité du bas." Cet habitant d'Ancely témoigne dans le livre d'Audrey Courbebaisse, aux côtés d'une trentaine d'autres toulousains.Entre les paroles d'habitants, les plans d'architecte et les photos d'hier et d'aujourd'hui, le livre "Toulouse : le sens caché des grands ensembles" permet de mieux comprendre 17 grands ensembles toulousains, construits dans les années 50 à 70.
De grands noms pour de grands ensembles
Ancely, Les Mazades, la cité Roguet, le Y de Jolimont, la cité de l'Hers... A l'époque où il fallait loger beaucoup de monde à moindre coût, de nombreux projets de grands ensembles voient le jour dans les années 50 à Toulouse. Comportant plus de 300 logements, ils sont l'œuvre d'architectes comme Henri Brunerie, Pierre Viatge ou Fabien Castaing...
Dans son ouvrage, Audrey Courbebaisse détaille les intentions du projet, avec des photos de maquettes, de publicités... Pendant 6 ans, ce professeur de l'école d'architecture de Toulouse a arpenté les rues, les escaliers, les appartements de ces ensembles. Une analyse architecturale, mise en perspective par les paroles d'habitants. Car certains ensembles n'ont pas forcément bien vieilli. A Négreneys par exemple, la mairie a dû fermer les accès de circulation afin de gêner les trafics qui s'étaient installés dans la cité."On n'avait pas honte de faire visiter à nos amis, notre famille. Les gens tombaient amoureux de notre cité. L'ambiance, la solidarité, la fraternité... Même l'amour du voisin. C'était ça la vie à Ancely. " Gustave Guillen, habitant d'Ancely depuis 1967
La vie d'Ancely derrière les murs
Construit de 1963 à 1973, la cité d'Ancely est aujourd'hui composée de 850 logements. Des pins centenaires, des espaces verts, des bassins remplis de carpes et une vue imprenable sur la Garonne. Le site ne manque pas de séduire les premiers installés, même si la cité va subir plusieurs réhabilitations, comme la rénovation de ses façades.
Malgré tout, les habitants sont unanimes. Le coeur social d'Ancely bat toujours. Certes, la piscine a fermé, mais le parc de jeu, le boulodrome, les allées agrémentées de bancs sont toujours des lieux de rencontres pour les habitants. Au rez-de-chaussée, les locaux sont loués à des associations : club informatique, bibliothèque, salle polyvalente...
"Toulouse : le sens caché des grands ensembles", d'Audrey Courbebaisse, collection Architecture, Presses universitaires du Midi.
Le reportage de Delphine Gérard et Thierry Villéger