La Tribune publie un sondage réalisé par BVA Opinion. La tendance est conforme aux 4 autres études d'opinions, publiées ou restées confidentielles. Le maire sortant, Jean-Luc Moudenc, est donné favori. Mais le résultat repose sur un tableau qui peut évoluer : l'éclatement de la gauche.
Depuis l'été dernier, les sondeurs travaillent sur les municipales à Toulouse. Toutes les études ne sont pas rendues publiques. Deux ont été commandées par des partis et restent dans les tiroirs. En revanche, deux autres sondages ont été dévoilés. Le dernier en date, réalisé par BVA pour La Tribune, est même "doublement" publié.
Le quotidien régional a violé l'embargo (fixé au vendredi 17 mai à 5 heures) et a fait fuiter l'étude commandée par le journal économique, La Tribune. En dehors de cet incident de parcours, le sondage BVA est dans la veine du précédent, un "IFOP-C News" d'avril 2019. Le principal enseignement reste le leadership de Jean-Luc Moudenc.
Jean-Luc Moudenc en pole position
36 % des intentions de vote au 1er tour. Jean-Luc Moudenc aborde la course en tête. Son avance est encore plus nette en cas d'alliance avec La République En Marche (LaRem). Dans cette hypothèse, le maire sortant est crédité de 40 points.Ce score est rassurant pour Jean-Luc Moudenc. Le passage de 36 à 40 % en cas de ticket avec LaRem montre que le maire LR n'a pas vraiment besoin de ses alliés "macronistes". 4 points supplémentaires, c'est toujours bon à prendre. Mais un attelage avec En Marche n'apparaît pas comme un "booster", permettant de creuser l'écart avec la gauche.
La position de Jean-Luc Moudenc sur les Européennes complique un éventuel accord sur les Municipales avec LaRem. Selon nos informations, le maire de Toulouse doit rencontrer, mardi prochain, le délégué général d'En Marche, Stanislas Guérini. Jean-Luc Moudenc est en position de force. Une liste concurrente En Marche recueille 8 % d'intentions de vote et la tête de liste (testée dans le sondage BVA), Michaël Nogal, est crédité d'1% de souhait de candidature parmi l'ensemble des Toulousains inscrits sur les listes électorales.
Le "pouvoir de nuisance" d'une liste En Marche est très relatif. De plus, Jean-Luc Moudenc est bien implanté dans l'électorat "Macroniste". Toujours selon le sondage BVA, 71% des sympathisants LaRem souhaitent une réelection du maire (LR) sortant et 91% se disent satisfait du bilan de Jean-Luc Moudenc.
Le maire de Toulouse accueille ces résultats avec prudence et se souvient des sondages des Municipales. Des sondages qui donnaient son concurrent de l'époque, Pierre Cohen, vainqueur. Sa "méfiance envers les sondages, exprimée en 2013/2014 n'a pas varié depuis. D'autant que l'on est loin de l'échéance".
Prudent, Jean-Luc Moudenc peut (également) être soulagé. La gauche est divisée alors qu'unie elle dépasse la barre des 40 points.
Les écologistes en tête de la gauche
La surprise du sondage BVA-La Tribune n'est pas vraiment une surprise. L'été dernier, un sondage commandé par un parti situait les Ecologistes au dessus de 15 % d'intentions de vote. L'étude publiée ce 15 mai situe Europe Ecologie Les Verts (EELV) à 16 points. EELV apparait donc comme la première force de gauche, devant le PS (12%), la France Insoumise (10%) et la liste Divers Gauche de Nadia Pellefigue (5%).Le candidat potentiel d'EELV, Antoine Maurice, relativise et attend le vote des Européennes. "Ce n'est qu'un sondage. Nous allons avoir un sondage grandeur nature le 26 mai au soir lors du résultat des Européennes sur Toulouse".
L'ombre de Pierre Cohen
Il existe un oubli dans le sondage de La Tribune : une liste Génération-s. Un manque d'autant plus remarquable que l'hypothèse d'une candidature de l'ancien maire existe. Un Pierre Cohen qui est, d'ailleurs, crédité de la meilleure notoriété (67%) s'agissant des personnalités de la gauche toulousaine.Un score relativisé par le concurrent (potentiel) de Pierre Cohen, le socialiste Claude Raynal : "on fait mine de découvrir qu'un ancien maire est plus connu que tout autre candidat".
Une gauche désunie et un PS dans le trouble
La somme des forces de gauche donne un "total" de 43% d'intention de vote. Mais, évidemment, cette addition est totalement virtuelle. Derrière les chiffres se trouve une réalité complexe. Sans parler d'alliance à gauche et donc d'une unité possible, la situation au sein du PS est déjà compliquée. Preuve de ce trouble, une rumeur a circulé tout au long de la journée du 16 mai : un retrait du candidat socialiste testé dans le sondage La Tribune, Claude Raynal.
Une rumeur immédiatement démentie par le principal intéréssé : "n'importe quoi. Il faut croire que ma candidature gêne".
S'agissant des intentions de vote, le PS connait un léger recul. En avril dernier, le parti socialiste décrochait la 1ère place des forces de gauche avec 15% d'intention de vote. Pour Claude Raynal, le nouveau sondage n'est pas déterminant. "Pour ce qui est des votes, pas de différence avec le précédent (Ndlr : sondage). On reste dans la marge d'erreur".
Sondage BVA-La Tribune
Etude réalisée par l'Institut BVA auprès d'un échantillon interrogé par téléphone du 6 au 9 mai 2019.Echantillon composé de 671 inscrits sur les listes électorales à Toulouse, représentatif de la population toulousaine âgée de 18 ans et plus.