Lundi une vaste opération d'arrestations a eu lieu en Occitanie. Neuf familles albanaises ont été expulsées, soit 31 personnes, parmi lesquelles 15 enfants de 10 mois à 16 ans. Un "expulsion forcée" selon la Cimade.
Les interpellations d'une dizaine de familles albanaises ont eu lieu dans les départements de la Haute-Garonne, de l'Ariège, de la Lozère, de l'Hérault, du Gard et des Pyrénées-Orientales dans la journée de lundi. 31 personnes, dont une dizaine d'enfants de 10 mois à 16 ans, ont été amenés avec leur famille au centre de rétention de Cornebarrieu près de Toulouse lundi soir.
#AlerteExpulsion
— La Cimade (@lacimade) January 28, 2020
Cette nuit, 11 familles albanaises, avec enfants, enfermées en #rétention à #Toulouse par @prefet31 @prefet66 @prefet34 @Prefet_48 pour une expulsion forcée. Encore un charter @Frontex au mépris des droits des personnes, au départ de Lille. pic.twitter.com/h37mCe1tzE
L'expulsion a ensuite eu lieu mardi matin par un vol coordonné par Frontex, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. 31 personnes étaient à bord, dont 15 enfants, comme le confirme la Préfecture de Haute-Garonne. La destination était Tirana en Albanie.
"Pas de doudou, pas de cartable"
Sur cette vague d'interpellations, certaines ont échouées et n'ont pas donné suite à des expulsions. Plusieurs associations, qui ont appelé à un rassemblement ce mercredi soir, dénoncent notamment la présence de policiers devant au moins deux écoles, pour encadrer des parents afin qu'ils récupèrent leurs enfants avant d'être placés en centre de rétention. Placements qui ont finalement échoué.De son côté la Cimade, association pour le soutien des étrangers, présente au centre de rétention de Cornebarrieu, a aussitôt réagi, scandalisée par la brutalité de la méthode. Selon l'association, les familles arrêtées n'ont pas été autorisées à rassembler leurs effets personnels. "Pas de doudou, pas de cartable, imaginez ce que ça représente pour un enfant". Parmis les personnes expulsées, il y avait des personnes faibles comme des femmes enceintes ou des nourrissons, précise la Cimade. "On se demande jusqu'où ça va aller"et s'indigne : "allez rafler des enfants dans des écoles, on avait pas vu ça depuis longtemps."
Mercredi soir, lors du rassemblement organisé par plusieurs associations pour protester contre ces expulsions, la Ligue des Droits de l'Homme, à travers son président d'honneur Jean-François Mignard a également commenté "c'est une méthode qu'on pensait dépassée", précisant qu'il y avait eu "des comportements indignes des représentants de l'Etat" .
Des interpellations "dans le calme et sans tension"
Dans un communiqué envoyé mercredi soir, en réaction à ces déclarations publiées dans notre article, la Préfecture de Haute-Garonne répond en contestant la brutalité des interpellations : " l'accompagnement des personnes au centre de rétention puis à l'aéroport s'est fait non seulement dans le respect du droit et de la dignité des personnes, mais en plus, en l'espèce, dans le calme et sans tension." Elle réagit aux propos tenus de "rafle" : "nous rejetons catégoriquement ce terme extrêmement choquant, qui, faisant référence à des heures sombres de l'histoire, trahissent une méconnaissance de la façon dont est mené le travail des fonctionnaires dans un Etat de droit."Selon la Préfecture 31, les ressortissants interpelés en Haute-Garonne étaient en situation irrégulière. "Leurs demandes d’asile ont été examinées par l’OFPRA qui a conclu à l’absence de risques en cas de retour dans leur pays". Elle ajoute que " leur éloignement a été réalisé dans des conditions respectueuses des lois et règlements mais également de leur dignité", précisant que les 31 personnes expulsées faisait l'objet d’une obligation de quitter le territoire français.
Début janvier, plusieurs manifestations avaient eu lieu en soutien à des familles albanaises menacées d'expulsion, notamment à l'école Claude Nougaro aux Minimes à Toulouse.
Suite à ces expulsions, la Ligue des Droits de l'homme, la Cimade, la FCPE 31et RESF 31 appellent à un rassemblement mercredi 29 janvier à 17h devant la préfecture de Toulouse, place Saint-Étienne.